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Actualités - OPINION

La nuit passe, un jour

 L’Amérique au Vietnam. 1975, le crépuscule des dieux. An 2000, l’aurore. Oubliés Lyndon, Nixon, les jours amers de défaite par abandon. Clinton à Saigon. Une visite de nation à nation, plutôt que d’État à État. «Vous me ferez cent lignes sur le sujet» : une dépêche AFP nous apprend que «l’accueil enthousiaste de la population est un avertissement pour le régime communiste, qui a tout fait pour qu’elle passât inaperçue». Grâce aux paraboles, à l’Internet et à la radio, le message en faveur des droits de l’homme, des libertés, de la libéralisation, circule aujourd’hui par-dessus la tête des régimes étouffoirs. Partout ? Pas tout à fait. Certainement pas là où l’ignorance, le fanatisme, le sectarisme et les divisions intestines aident les mains de fer, sans gants de velours, à tout broyer. Un seul peuple en deux pays ? N’est-ce pas plutôt deux peuples (ou trois, ou quatre, ou dix-sept) en un même pays ? Tant va la cruche à l’eau : aujourd’hui, après dix ans de patience, jaillissent, décisifs, le manifeste de Bkerké et les mises en garde contre un éventuel Anschluss. Le point de rupture est presque atteint. En grande partie parce que, malgré mille leçons frappantes, dont la visite de Clinton au Vietnam, les officiels s’obstinent à répéter que les relations bilatérales sont affaire d’État à État uniquement. Ce qui implique soit que l’on mette la nation à son propre ban, soit que l’État la représente. Ce qui n’est pas le cas. À preuve, toute simple, que ces mêmes officiels reconnaissent en chœur que le fondement même de la représentation nationale, cette loi électorale parachutée, est nulle. La raison voudrait donc qu’elle soit non avenue. Mais l’absurde soumission en décide autrement. Néanmoins, contre les assertions contradictoires de l’appareil étatique, des pôles de toutes confessions se dressent pour réclamer que le dossier soit versé au rôle de la nation, à travers un congrès général. Pour passer au style métaphorique, nous ne sommes plus à l’heure, redoutable, dite entre chien et loup, quand l’ombre commence à dominer la lumière. Mais au contraire, nous voici, enfin, à l’heure où le fil blanc du fil noir se détache. Nuit et brouillard se dissipent, la visibilité s’améliore. Si des sages opérant en milieu sous influence ont le courage d’ouvrir enfin les yeux, de se réveiller, c’est que le mauvais songe va bientôt s’évanouir. Le char de l’État, et du jumelage, a beau freiner des quatre fers, l’idée indépendantiste fait du chemin. Des milliers de jeunes en ont témoigné mardi, secteur du Musée. Le forcing des blocages, les réactions excessives de tout genre (élections préfabriquées, Cabinet monochrome, arrestations arbitraires, menaces contre les nouveaux réfractaires) prouvent assez que l’aube n’est plus loin. Les dés sont jetés. Tout enfant du vieux quartier, un tant soit peu expérimenté, doit sentir cette réalité. À un tel moment, le clair ne se fourvoie pas dans l’obscurité. Sauf pour des raisons purement tactiques, plus question de parler aux fantômes. Quand l’empire se dilue, il vaut mieux rester le premier, ou le dernier, dans son terne petit home. Plutôt qu’aller jouer les brillants seconds, à Rome. J.I.
 L’Amérique au Vietnam. 1975, le crépuscule des dieux. An 2000, l’aurore. Oubliés Lyndon, Nixon, les jours amers de défaite par abandon. Clinton à Saigon. Une visite de nation à nation, plutôt que d’État à État. «Vous me ferez cent lignes sur le sujet» : une dépêche AFP nous apprend que «l’accueil enthousiaste de la population est un avertissement pour le...