Rechercher
Rechercher

Actualités - CONFERENCES ET SEMINAIRES

Rencontre-débat Pour les jeunes, une indépendance en noir

Depuis quelques jours, ce sont les jeunes qui font désormais la une, un signe de vitalité et de dynamisme d’une société qui semble enfin décidée à se prendre en main. Sortie de son mutisme et de son apathie politique qui l’a longtemps marginalisée par rapport à la vie publique, la jeunesse fait entendre sa voix et exprime tout haut ce qu’elle avait dû taire des années durant. Outre le phénomène des manifestations qui ont marqué la journée de mardi, le cycle de conférences sur le thème central des libertés et de l’indépendance qui s’est poursuivi avant-hier dans les écoles. Organisée par l’amicale des anciens des Saints-Cœurs à Sioufi, une rencontre à laquelle ont pris part Samir Frangié et Gebran Tueni a rassemblé des centaines de jeunes écoliers qui sont venus participer – certains avec leurs parents – à ce débat ouvert. L’épineuse question de la présence syrienne venait, bien sûr, en tête des problèmes débattus. Mais aussi, la signification de l’indépendance, les dernières élections législatives, «véritable mascarade démocratique», les arrestations arbitraires, le concept de l’entente nationale, les prisonniers politiques en Syrie, «les oubliés de l’État», la présence palestinienne, la crise économique, rien n’a été oublié par une jeunesse de plus en plus consciente des vices des institutions. Habillés tout de noir, pour manifester leur deuil d’une indépendance à laquelle ils ne croient guère et qu’ils considèrent atrophiée, les personnes présentes dans la salle étaient en ébullition ce soir-là. Cette amertume face à la «souveraineté inachevée», Samir Frangié l’exprimera par des mots : «Il s’agit d’une politique délibérée, qui vise à défigurer notre passé national, et auquel nous avons malheureusement tous participé», reconnaît cet intellectuel, qui fait par ailleurs remarquer que l’obstination du pouvoir à ne pas envoyer l’armée au Liban-Sud est «une atteinte à la dignité de l’armée». «C’est plutôt du blanc que vous devriez porter», lancera Gebran Tueni aux écoliers postés devant lui. «Cet enthousiasme dont vous faites preuve est un signe d’espoir. Ce qui se passe aujourd’hui au Liban fera boule de neige et personne ne pourra plus l’arrêter», ajoute-t-il. Le Liban est l’un des premiers pays à avoir acquis sont indépendance, poursuit M. Tueni, «bien avant la Syrie». Par contre, souligne-t-il, à ceux de nos responsables qui parlent de notre passé comme étant semblable à notre avenir, à ceux-là nous disons : «Nous rejetons le passé tout comme nous refusons le présent, parce que nous avons décidé de construire le Liban de l’avenir sur des fondements différents». Face aux inquiétudes de certains jeunes qui s’interrogeaient sur les intentions du Hezbollah concernant l’édification d’un État islamique, le directeur du Nahar rappellera que «ce sont les chrétiens qui ont été à l’origine de la renaissance arabe». «Le Liban est le seul habilité à manier le langage de la mondialisation. Il faut que le monde arabe devienne démocratique à l’image du Liban – la Syrie en particulier – et adopte le pluralisme politique et linguistique tel qu’il est pratiqué dans notre pays». Et Samir Frangié de noter en réponse à une question concernant les projets du Hezbollah : «Nous ne renions pas le rôle essentiel joué par le ce parti dans la libération, bien qu’il ne soit pas le facteur décisif unique (…). Mais ce que je lui reproche c’est qu’il considère que le Sud représente sa seule bataille. Par conséquent, il ne participe pas aux autres luttes, celle de l’unification par exemple, de l’entente nationale ou du rétablissement de la souveraineté». Interrogé sur la question de l’entente nationale ainsi que sur le rôle éventuel de médiation que jouerait la Syrie à ce niveau, M. Frangié répond : «Il n’est demandé à personne d’entreprendre une médiation entre nous. Il leur est simplement demandé de ne pas nous empêcher de nous entendre». Je. J.
Depuis quelques jours, ce sont les jeunes qui font désormais la une, un signe de vitalité et de dynamisme d’une société qui semble enfin décidée à se prendre en main. Sortie de son mutisme et de son apathie politique qui l’a longtemps marginalisée par rapport à la vie publique, la jeunesse fait entendre sa voix et exprime tout haut ce qu’elle avait dû taire des années...