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Actualités - DOCUMENT

22 novembre - Le discours présidentiel à l’occasion de l’Indépendance Lahoud plus que jamais opposé à un débat sur la présence syrienne

Dans son message à la nation à l’occasion de la fête nationale, retransmis en direct mardi soir à la télévision, le chef de l’État Émile Lahoud s’est montré plus que jamais opposé à un débat sur la présence syrienne au Liban, réclamé désormais par une partie non négligeable de la classe politique, en estimant que le moment choisi ne pouvait que servir les intérêts d’Israël. Il a également opposé une fin de non-recevoir à tous ceux – et ils sont encore plus nombreux – à demander le déploiement de l’armée au Liban-Sud, les invitant à ne plus servir de relais aux pressions exercées dans ce sens par certaines puissances. Voici une traduction quasi intégrale du discours du chef de l’État (les intertitres sont de la rédaction) : «Dans mon message de l’année dernière, j’avais dit que la commémoration de l’indépendance ne se limite pas à compter les années qui passent mais à répertorier les acquis réalisés. «Durant cette période, la nation a été le théâtre de développements historiques. Ainsi, l’image de l’ennemi irréductible a été brisée avec la libération du Liban-Sud et la Békaa-Ouest de l’occupation israélienne, fruit des sacrifices consentis par ce brave peuple dans son sang, dans ses biens et dans sa sécurité. «Cette victoire historique n’aurait pas été possible sans votre unité nationale, la bravoure de la Résistance, la position de l’État, le rôle de l’armée et le soutien de la Syrie sœur. «Par cette victoire, vous avez suscité l’admiration du monde, mais il importe tout autant de sauvegarder cet acquis en le préservant des futiles dissensions internes. «Vous avez amplement démontré que vous êtes un peuple capable de vaincre. Ce qu’il faut aujourd’hui, plus que jamais, c’est de prouver que nous sommes un peuple digne de vivre. «Le trait particulier de cette nation réside dans la rencontre des religions en son sein, mais son grand défaut est le confessionnalisme, qui défigure la religion, développe les instincts primaires, dénature l’action politique, protège la corruption et conserve les ferments de la guerre civile. «Le confessionnalisme est le principal facteur empêchant tout progrès et toute évolution, et sa présence ou son maintien comme moyen d’atteindre des objectifs ou bien des postes rend illusoire de réfléchir à un avenir sain pour les fils de cette nation. «Une autre qualité de cette nation est son système démocratique parlementaire, fondé sur un pouvoir dont la légitimité est tirée de la volonté populaire par le moyen des élections, sur la sacralisation de la liberté d’opinion, d’expression, de croyance et de point de vue, et sur la consécration du règne de la loi, comme base des droits et des devoirs (…). Légitimité, droit et liberté «Le système repose entièrement sur ce triptyque de la légitimité, du droit et de la liberté, et nul, citoyen ou résident, ne saurait en choisir un élément au détriment des deux autres. «C’est à partir de ces données que l’État apprécie les diverses opinions et propositions. Celles-ci sont entendues, mais l’État ne peut accepter que celles qui sont conformes à l’intérêt supérieur et rejette les autres. En prenant ses décisions, l’État se base d’abord sur sa propre légitimité et ensuite sur les divers éléments et données en se fixant toujours comme objectif de servir l’intérêt national. «Dernièrement, il a beaucoup été question, grâce au climat de liberté (…), de dossiers fondamentaux, en particulier de la présence syrienne au Liban et de l’envoi de l’armée au Liban-Sud. Il est du droit de chaque citoyen d’avoir son opinion sur ces questions, mais l’État, pouvoir légal, a aussi le droit de prendre les décisions qu’il souhaite, tout comme les opposants qui pourront, le jour où ils accèderont légalement au pouvoir par l’élection, prendre les décisions qu’ils voudront. «Aujourd’hui, à l’ombre du refus israélien de la paix juste et globale dans la région, ainsi que du retrait total des territoires occupées, du retour des réfugiés palestiniens et de la libération des prisonniers libanais, la décision prise par l’État, pouvoir légal, est de considérer que le moment choisi pour évoquer la question de la présence syrienne au Liban aboutit à rendre gratuitement service à Israël, non seulement au détriment de la Syrie, mais principalement du Liban. D’autant que l’État avait assuré que cette présence était légale et provisoire et que le timing doit être décidé en fonction de notre intérêt et non pas de celui d’Israël. «Pour ce qui est de l’envoi de l’armée au Liban-Sud, l’État avait pris la décision d’assurer la sécurité totale des citoyens du Liban-Sud par le biais de la force mixte (de 1 000 hommes). C’est ce qui a effectivement eu lieu, et mieux que ce que prévoyaient certains à l’intérieur, sans parler des craintes que certains États se sont empressés d’exprimer, sous prétexte de protéger les habitants du Sud, alors que le véritable objectif était de nous contraindre à protéger la frontière d’Israël». « Surenchère politique » Le chef de l’État poursuit : «Il n’est pas permis que d’aucuns se mobilisent, que ce soit par instinct confessionnel ou par surenchère politique, suite à un conseil venu de l’étranger ou bien le plus innocemment du monde, pour servir Israël et lui donner plus qu’il ne souhaite, alors même que ce dernier se trouve aujourd’hui pris sous le feu de l’intifada et que ses marges de manœuvre se rétrécissent. «Nous ne permettrons pas que des portes soient ouvertes au bénéfice d’Israël à partir du Liban pour lui accorder un répit et lui aménager un terrain de manœuvre au détriment de la sécurité des Libanais, comme cela se faisait tout au long des sinistres années de la guerre. «Aujourd’hui, nous disons à ceux-là que les pressions que certaines puissances exercent sur nous ne pourront pas modifier notre décision, parce que nous sommes dans notre droit et que le seul critère est notre intérêt national. Ne permettez donc pas à ces pressions de continuer à s’exercer par votre biais. Ne soyez pas les relais intérieurs de ces pressions, sur le dos du Liban et des fondements de son système. «Nous sommes aujourd’hui aux portes d’une nouvelle phase, avec un nouveau point de part gouvernemental très prometteur, porteur d’une vision d’avenir claire pour régler nos problèmes et notamment la crise économique. Votre nation est riche d’énergies positives, tant au sein de ses habitants que parmi les émigrés. Ce qu’il faut, c’est une confiance en soi et l’espoir dans l’avenir et, entre les deux, la foi dans une patrie qui a pu libérer son territoire par la force de son élément humain. C’est une patrie qui mérite de vivre (…)».
Dans son message à la nation à l’occasion de la fête nationale, retransmis en direct mardi soir à la télévision, le chef de l’État Émile Lahoud s’est montré plus que jamais opposé à un débat sur la présence syrienne au Liban, réclamé désormais par une partie non négligeable de la classe politique, en estimant que le moment choisi ne pouvait que servir les...