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Actualités - ANALYSE

Le mépris des lois et des accords, source majeure de problèmes

La polémique sur la présence militaire syrienne bat son plein. Un vétéran de la politique relève à ce propos que «dans un pays composite comme le nôtre, il est évident que l’unité nationale est vitale. Or elle se trouve ébranlée par des divisions dont l’une des causes principales reste le mépris des lois, Constitution comprise, et des accords intérieurs ou extérieurs. La transgression d’un pacte conclu entre les Libanais expose automatiquement le pays à de fortes secousses politiques et / ou sécuritaires». Étayant cette thèse par un rappel historique, la personnalité citée évoque 58 quand, à son avis, les Libanais s’étaient éloignés du principe «ni Est ni Ouest» adopté en 43. Puis, à l’en croire, lorsque les présidents en place ont commencé à ignorer, dans le choix des Premiers ministres, les traditions établies, un camp s’est dressé pour réclamer la révision de la Constitution et ce que l’on appelle «la participation». Cette fraction a obtenu gain de cause à Taëf, la présidence de la République se trouvant depuis lors dépouillée du pouvoir exécutif. Le sage note au passage que la dénonciation des accords n’est pas toujours le fait des Libanais. «Ainsi, dit-il en substance, c’est parce que les Palestiniens n’ont jamais appliqué la convention du Caire et n’ont jamais respecté la souveraineté libanaise ou l’autorité de l’État que la guerre a éclaté en 1975». Pour en venir aux contours que revêt actuellement ce problème chronique, cette personnalité souligne que «les accords de Taëf ont été appliqués d’une manière discriminatoire. L’on a systématiquement favorisé une partie des Libanais au détriment de l’autre. Il n’y a de la sorte jamais eu de gouvernement d’entente nationale. Et toutes les élections ont été organisées en base de lois tronquées, déséquilibrées. La totalité des milices, libanaises ou non libanaises, n’ont pas été désarmées comme Taëf l’ordonnait. La décentralisation administrative n’a pas vu le jour. Pas plus qu’une justice vraiment indépendante. L’on n’a élaboré aucun plan de sécurité pour l’établissement progressif de l’autorité publique libanaise par ses forces propres dans toutes les régions. Enfin, il est clair que si la question de la présence militaire syrienne pose aujourd’hui un tel problème, c’est parce que le pouvoir libanais n’a jamais cherché à faire appliquer les résolutions de Taëf concernant cette question». Selon les loyalistes, ces dispositions de Taëf sont rendues caduques par les développements régionaux. «Un argument à deux tranchants, riposte l’homme politique cité, car il implique que tous les accords de Taëf sont désormais obsolètes et qu’il nous faut un nouveau pacte. De plus, si l’on admettait une pareille logique, pour justifier la transgression des accords, on créerait un précédent redoutable. Rien n’empêcherait plus, par exemple, l’implantation des Palestiniens, rejetée par Taëf et par le prologue de notre Constitution, puisque ces textes n’auraient plus de valeur pratique. On peut en effet prétendre, également, que l’implantation est rendue nécessaire par ces mêmes “développements régionaux” invoqués au sujet de la présence militaire syrienne. Et cela pour peu que les grands de la région s’entendent entre eux. De même, à l’intérieur, la reprise de l’action des partitionnistes dormants serait légitimée, puisque la Constitution, qui consacre l’unité définitive du territoire libanais, aurait été pratiquement gommée». Cette personnalité conclut sur le conseil suivant :«Il faut que les Libanais de tous bords respectent scrupuleusement la Constitution, les pactes et les accords. Si des amendements ou des modifications sont jugés nécessaires, ils doivent faire l’objet d’un consensus préalable. Aucune partie ne doit imposer sa volonté à l’autre. Et l’on ne doit pas oublier que les questions essentielles ne peuvent être tranchées par une majorité simple purement numérique, au mépris d’un dialogue national. D’ailleurs, c’est une majorité des deux tiers que la Constitution de Taëf prévoit pour les décisions essentielles. Sans équilibre, le pays va à la dérive». Émile KHOURY
La polémique sur la présence militaire syrienne bat son plein. Un vétéran de la politique relève à ce propos que «dans un pays composite comme le nôtre, il est évident que l’unité nationale est vitale. Or elle se trouve ébranlée par des divisions dont l’une des causes principales reste le mépris des lois, Constitution comprise, et des accords intérieurs ou...