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Actualités - REPORTAGES

SOCIÉTÉ - La prévention des accidents domestiques, une priorité absolue Apprenez à sauver la vie de vos enfants

Trente-sept à cinquante-cinq pour cent des accidents infantiles signalés dans les urgences sont des accidents domestiques, d’après une étude effectuée dans dix hôpitaux du Liban. Face à cette réalité, le ministère de la Santé publique et l’Organisation mondiale de la santé ont décidé de mener une campagne nationale pour la prévention des accidents domestiques chez les enfants. Lancée officiellement le 16 octobre 2000 par l’ancien ministre de la Santé Karam Karam, le coup d’envoi de la deuxième phase a été donné le mardi 31 octobre, au cours d’une table ronde organisée conjointement par le Club de prévention des accidents, des abus et des risques environnementaux en pédiatrie (CPAP) et la Société libanaise de pédiatrie à l’Hôtel-Dieu de France (Voir L’Orient-Le Jour du vendredi 3 novembre 2000). L’un des volets importants de cette campagne est la sensibilisation des parents, et même des enfants, aux moyens les plus efficaces d’éviter les accidents domestiques. Cette campagne vise également à informer les parents de l’attitude qu’ils doivent adopter dès les premiers instants qui suivent l’accident. Plusieurs travaux épidémiologiques effectués au Liban dans les services d’urgence des hôpitaux ont démontré que les accidents dont sont victimes les enfants sont plus fréquents à la maison qu’ailleurs et affectent principalement les enfants de moins de cinq ans, plus souvent les garçons (3 garçons/1 fille). Face à ce constat, l’Unicef a considéré la prévention comme une priorité sanitaire. Le ministère de la Santé et l’Organisation mondiale de la santé ont créé un bureau conjoint chargé de proposer un programme de prévention. La Société libanaise de pédiatrie a formé une commission – Club de prévention des accidents, des abus et des risques environnementaux pédiatriques (CPAP) – afin de mettre en place un programme de travail, et l’Ordre des médecins a créé une Commission de prévention des traumatismes et accidents, en charge de ce même dossier. Ces différentes institutions ont préparé pendant un an un programme d’information et d’éducation adressé aux pédiatres et autres professionnels de la santé, ainsi qu’aux éducateurs. Le Dr Bernard Gerbaka, coordinateur du CPAP et de la Commission de prévention des traumatismes et accidents, explique : «La campagne nationale pour la prévention des accidents domestiques chez les enfants est la première du genre dans le bassin méditerranéen et les pays arabes. Il est grand temps de sensibiliser l’opinion publique à ce problème. Nous avons mis en place un programme comportant principalement un volet éducatif. Il sera réalisé sur différents plans : la Société libanaise de pédiatrie appliquera le programme auprès des professionnels de la santé, des éducateurs puis des collectivités (au niveau des cabinets, dispensaires, polycliniques, hôpitaux, maternités et établissements scolaires...) ; des clips-vidéo seront diffusés à travers les médias ; enfin des organisations non gouvernementales auront aussi un rôle à jouer». Bien que le foyer soit un lieu d’épanouissement et de sécurité pour les enfants, on y trouve de nombreux objets qui, mal maîtrisés, peuvent devenir autant de causes d’accidents pour les enfants, curieux et inconscients du danger. Si l’incidence réelle des accidents domestiques est difficile à évaluer car elle dépend d’un recensement précis, les facteurs de risque, eux, ont été abordés dans plus de 5 700 familles lors d’une étude épidémiologique basée sur un questionnaire approprié. Une enquête de terrain a été effectuée sur ce plan par l’Unicef. Parmi les familles interrogées, plus de la moitié rapportent un accident pédiatrique, dont certains chez plus d’un enfant. L’accident le plus fréquent est la chute (21 %), suivie par les brûlures (13 %), les fausses routes (8 %), les intoxications (7 %) et les électrocutions (5,6 %). Une prévention active Si l’étude effectuée par l’Unicef a mis en évidence l’incidence élevée des accidents domestiques, elle a aussi et surtout clairement démontré le lien étroit entre les accidents domestiques et les facteurs de risque, particulièrement en ce qui concerne les électrocutions et les suffocations par l’aspiration d’un objet. L’étude souligne par ailleurs que si, dans les convictions individuelles, l’accident représente la première cause de décès chez l’enfant (45 % des personnes interrogées l’identifient ainsi), paradoxalement, la croyance populaire (71 %) l’attribue au destin plutôt qu’à une mauvaise surveillance (55 %). On comprend donc la nécessité d’une telle campagne : mieux vaut prévenir – par des conseils simples et peu coûteux – que guérir, afin d’éviter de payer le prix cher, trop cher… C’est de la santé et de la vie de nos enfants qu’il s’agit. Lorsque les interdictions sont trop nombreuses, elles deviennent inefficaces. Ce n’est pas uniquement en interdisant à l’enfant de faire telle chose ou de toucher à telle autre que vous le protégerez, mais plutôt en lui faisant acquérir petit à petit les moyens de préserver sa propre sécurité. Éviter passivement le danger par des interdictions ne garantit pas la sécurité de votre enfant. Il faut lui apprendre à se protéger en cherchant à lui expliquer le danger : par exemple, à partir de deux ans, faites-lui prendre conscience avec sa main de la chaleur très forte du feu, apprenez-lui à manipuler sous votre contrôle des ciseaux ronds, des aiguilles à tapisserie, faites-lui développer son habileté manuelle grâce aux jouets éducatifs (qui ne se font pas rares de nos jours)... ; tout cela pourrait lui éviter des accidents graves dans l’avenir. Par ailleurs, dès trois ou quatre ans, profitez du moment du bain pour lui apprendre à réagir sans paniquer dans l’eau, en jouant par exemple à mettre sa tête sous l’eau tout en retenant sa respiration. Et surtout apprenez-lui à nager dès six ou sept ans. Sachez enfin que votre enfant vous regarde plus qu’il ne vous écoute ; il suivra plus votre exemple que vos conseils. Montrez-lui ce qu’il faut faire ou ne pas faire plutôt que de le lui dire. Quelques précautions pour éviter le pire Avec beaucoup de vigilance et quelques précautions indispensables, on peut éviter le pire. – Ne jamais laisser un enfant seul dans une pièce. S’il a moins d’un an, ne jamais le quitter des yeux lorsqu’il est sur sa table à langer. – Constamment le surveiller dans son bain : un enfant de deux ans peut se noyer dans vingt centimètres d’eau. – Utiliser un thermomètre pour mesurer la température de l’eau du bain. – Toujours attacher le harnais de sécurité de la chaise haute, de la poussette... – Changer la disposition des objets et du mobilier : placer tout appareil électrique (la télé par exemple) contre un mur, pour que l’enfant ne puisse pas se faufiler derrière. – Placer les médicaments, les produits d’entretien et de bricolage hors de vue et hors d’atteinte de l’enfant. – Tenir l’enfant à l’écart de la cuisinière, de la cheminée, du chauffe-eau, de la porte du four, des plaques de cuisson, des radiateurs électriques, du fer à repasser... – Veiller à ce que les fenêtres restent fermées ou inaccessibles. – Interdire l’accès d’un lieu dangereux comme un escalier intérieur, un balcon, etc. par une barrière infranchissable. – Recouvrir les prises de courant : les cacher derrière des meubles lourds ou, s’ils sont à la portée de l’enfant, installer des prises à éclipse. – Veiller à ce que les vieux câbles ne soient pas dénudés. – Ranger en hauteur, et si possible dans des placards bien fermés, les produits de ménage (lessive, détergents, etc.) et ne jamais les stocker dans des récipients ayant contenu des liquides consommables. – Placer allumettes et briquets hors d’atteinte. – Placer des fermetures de sécurité sur les buffets et les tiroirs, surtout ceux qui contiennent : couteaux, ciseaux, alcool, médicaments, produits ménagers... – En cuisinant, veiller à ce que le manche de casserole ne dépasse pas de la table ou de la cuisinière. – Jeter les boîtes de conserve coupantes et le verre brisé directement dans la poubelle extérieure. – Garder une couverture ininflammable dans la cuisine pour étouffer les flammes. – Ranger la poubelle dans un placard avec une fermeture de sécurité. – Attention aux sacs en plastique dans lesquels l’enfant peut entrer sa tête et ne plus savoir en sortir ainsi qu’aux petits objets qu’il peut mettre dans sa bouche et risque d’aspirer. Joëlle NAÏM
Trente-sept à cinquante-cinq pour cent des accidents infantiles signalés dans les urgences sont des accidents domestiques, d’après une étude effectuée dans dix hôpitaux du Liban. Face à cette réalité, le ministère de la Santé publique et l’Organisation mondiale de la santé ont décidé de mener une campagne nationale pour la prévention des accidents domestiques chez...