Lire en français et en musique Jacques Higelin ce soir au Lycée Abdel Kader Un grand monsieur de la chanson française à Beyrouth

 Le Salon Lire en français et en musique donne l’occasion, parfois, à de grands événements. Le concert que Jacques Higelin donnera ce soir au Lycée Abdel Kader en sera un. Cet artiste français, auteur, compositeur, interprète et musicien, est sans doute une des personnalités françaises les plus intéressantes. D’abord parce que depuis bientôt 35 ans, ses apparitions en public lui attirent de plus en plus d’amateurs, de tous les âges, de toutes les tendances musicales confondues. Ensuite parce qu’il s’est toujours scrupuleusement tenu à l’écart du star-système. Un point d’honneur, et sur lequel il s’étend de nouveau volontiers lors de son bref passage à Beyrouth : «La star, c’est celle qui récolte les applaudissements pour elle-même sans partager, confie-t-il. J’aime partager une émotion avec mon public, c’est ce qui compte». Il se ressaisit en ajoutant : «Mais je n’aime pas parler de moi, je préfère qu’on me voie sur scène. C’est là que je dis tout». Passion de la scène Tout, c’est le moins qu’on puisse dire : Jacques Higelin se donne à ceux qui viennent le voir, en leur offrant de formidables concerts qui peuvent durer 4 heures. Et les gens en redemandent. L’enthousiasme est tel que l’artiste entraîne son public hors des salles de concert. C’est ce qui pourrait expliquer un peu le succès inoxydable de cet éternel adolescent, aux cheveux grisonnants en bataille (souvenir d’une époque contestataire qu’il revendique toujours, mais différemment), qui aime le texte, la chanson et la scène, dont il parle avec une passion impressionnante : «Finalement, le public a besoin d’entendre quelqu’un au plus profond de son émotion, assure-t-il. Et en même temps, un concert, c’est comme une ouverture sur l’autre, sur le monde, mais aussi sur soi-même». Sur scène, Jacques Higelin réussit aussi à instaurer un climat unique : «Tout s’appuie sur la découverte d’une personnalité bien plus que sur un musicien», poursuit-il. Connexion d’âmes Homme de cœur, il n’oublie jamais ceux qui l’accompagnent sur scène. Et depuis près de 2 ans, il a tourné le monde avec son album Paradis païen, accompagné de Dominique Mahut : «Avec lui, je sens une véritable osmose», confie-t-il. «C’est un peu comme une connexion d’âmes, et ce n’est que de cette façon qu’on peut s’immerger dans la scène. Je ne conçois pas de travailler autrement». Paradis païen est une nouvelle étape sur ce parcours sans fautes : «Après toutes ces années à jouer dans d’immenses salles, avec des musiciens et des décors extraordinaires, j’ai ressenti brusquement le besoin de jouer seul, comme je l’ai fait récemment au Casino de Paris, explique-t-il. Ça m’a donné un plaisir inouï et ça m’a fait un bien fou : après les mégaconcerts, cette expérience, que j’appelle “l’os”, est capitale», dit-il. À 60 ans, la musique et l’homme n’ont pas pris une ride. Un sacré pied de nez à la chirurgie esthétique et à la musique aseptisée. Les classiques de Jacques Higelin sont repris, depuis des années, avec plus ou moins de bonheur : on pense, par exemple, à l’interprétation de Pars par Grace Jones, tous ceux qui se préparent, de plus en plus nombreux au fil des années. Une preuve inégalée du talent immense de ce grand monsieur de la chanson française, père d’un certain Arthur H., qui fait partie de la génération montante hexagonale, avec les Têtes Raides ou M., auxquels Jacques Higelin s’intéresse énormément. Pour ne pas parler de lui. Ce n’est pas grave, son public le lui rend au centuple. D.G. l Les billets sont en vente exclusive à la CD-thèque à 15 000 LL, à Lire en français et en musique, et à la boutique, immeuble Charme d’Antan, Achrafieh.