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Actualités - ANALYSE

Prise de position - Les accords de Taëf n’ont pas été intégralement appliqués La campagne pour le redéploiement syrien reprend de plus belle

Un moment reléguée au deuxième plan de l’actualité par l’intifada, la campagne pour le redéploiement syrien, lancée par le manifeste de Bkerké, reprend de plus belle. Dans la foulée de la double bombe Sfeir-Moukheiber de jeudi, un dignitaire religieux de l’Est relève qu’«en proclamant la présence militaire syrienne nécessaire, légale et temporaire, le gouvernement foule aux pieds Taëf. Ces accords stipulaient en effet impérativement que les forces syriennes présentes au Liban devraient se redéployer sur la Békaa, dans un délai de deux ans. Si le pouvoir estime que les dispositions de Taëf concernant la présence de l’armée syrienne sont devenues caduques, en raison de développements qui en justifient le maintien prolongé, il doit clairement le dire à l’opinion publique. Et du même coup, il doit proposer un nouveau document à la place de Taëf, du moins pour les clauses qui sont restées lettre morte. Cet accord devrait, en bonne logique, fixer un calendrier-programme de retrait. Ou stipuler, noir sur blanc, que la durée de cette présence sera fixée par les deux États en fonction des développements régionaux, internationaux et locaux. On verrait alors quelle serait la réaction de la population. En tout cas, le pouvoir doit sortir de l’illégalité. En enfreignant l’une des dispositions des accords de Taëf, il crée un précédent permettant tous les dérapages, toutes les fantaisies à l’égard du pacte de Taëf». Ce prélat s’étonne ensuite de ce que «le gouvernement prenne les choses et les gens à la légère. Comment peut-il se contenter de soutenir que la présence syrienne est nécessaire, légale et temporaire, sans fournir d’explications ou de motifs ? Le flou ainsi entretenu peut susciter un conflit aigu entre les Libanais. Si vraiment le pouvoir est convaincu que la présence syrienne reste nécessaire, il est de son devoir d’en convaincre à son tour l’opinion. Qui se pose en effet les questions élémentaires suivantes : – Les Syriens sont là depuis 24 ans. Pourquoi aurait-on toujours besoin d’eux ? Serait-ce pour faire éventuellement face aux Israéliens ? La réponse sur ce point est apportée par l’expérience du passé ; à plus d’une reprise, Israël a agressé ce pays, sans que la présence syrienne ne l’en dissuade ou ne le contre. – Ne faut-il pas comprendre plutôt que l’on garde les Syriens comme affirmation du jumelage des deux volets, voire même du destin des deux pays ? Ce qui signifie en pratique que le retrait israélien du Sud ne suffit pas et qu’il faut aussi un retrait du Golan. – La présence syrienne est-elle nécessaire pour préserver la paix civile locale ? Les troupes syriennes sont-elles là pour protéger les Libanais d’eux-mêmes, dans le contexte d’exacerbation des susceptibilités confessionnelles qui menace l’unité intérieure et la coexistence ? Dans ce cas, où se situe la responsabilité des autorités libanaises, qui est justement de préserver avant tout la paix civile ? Le pouvoir manque-t-il de pouvoirs ? Et par ailleurs, si en 24 ans la présence syrienne n’a pas cimenté la stabilité intérieure, combien de temps lui faudra-t-il encore pour le faire ? – Les mêmes arguments viennent à l’esprit quand on évoque le prétexte de contrôler la situation intérieure, en cas d’un traité de paix régional qui ne serait pas admis de tous. Ou encore quand on parle des camps palestiniens. Répétons-le : le pouvoir manque-t-il de forces régulières propres capables d’assumer le maintien de l’ordre en toute circonstance ? Et ce que ces forces ne pourraient pas faire, les forces syriennes le pourraient-elles ? – Pourquoi le gouvernement soutient-il que la présence syrienne est légale ? Uniquement parce que lui-même l’approuve ? Sans compter la violation des accords de Taëf, qui n’a rien de légal on s’en doute, il existe de multiples requêtes libanaises antérieures, tout à fait officielles, de retrait des troupes syriennes. – Enfin qu’est-ce que le gouvernement veut dire quand il affirme que la présence syrienne est temporaire ? Il doit du même coup donner une indication sur ce que cela signifie en pratique. Ce qui implique qu’il se mette d’accord avec le gouvernement syrien pur annoncer une fourchette de temps déterminée. Sinon le provisoire risque de tourner au définitif». Émile KHOURY
Un moment reléguée au deuxième plan de l’actualité par l’intifada, la campagne pour le redéploiement syrien, lancée par le manifeste de Bkerké, reprend de plus belle. Dans la foulée de la double bombe Sfeir-Moukheiber de jeudi, un dignitaire religieux de l’Est relève qu’«en proclamant la présence militaire syrienne nécessaire, légale et temporaire, le gouvernement...