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Actualités - DOCUMENT

Communautés - Message de Noël du patriarche maronite Sfeir : Les Libanais « complètent dans leur corps » les souffrances du Christ

Nouveaux pauvres, prisonniers, disparus, «collaborateurs» et ex-miliciens de l’ALS, jeunes poussés à l’émigration par la crise économique et le manque d’emplois, intellectuels qui brillent sous d’autres cieux que celui qui les a vus naître, pays à la souveraineté confisquée, au rayonnement comme éteint, grevé par les séquelles d’une guerre suicidaire, aspirant, sans la trouver, à une réconciliation véritable, Jérusalem brûlant, jeunes Palestiniens tombant , rien ou presque n’a été oublié par le patriarche maronite, qui a publié hier son message de Noël. Contrastant avec toutes ces souffrances, toutes ces frustrations et noirceurs, le patriarche a évoqué et souhaité la joie, la paix et l’espérance de Noël aux Libanais résidents et émigrés, meurtris de voir une année de plus passer, sans que leur pays ne se soit relevé. Voici de larges extraits du message du chef de l’Église maronite : «Rassurez-vous, car voici que je vous annonce une grande joie». C’est en ces termes que l’ange annonça aux bergers de Bethléem la naissance de Notre Sauveur Jésus-Christ. Cette joie, devait-il préciser, ne serait pas seulement la leur, mais celle du monde entier. On peut ajouter qu’il leur a annoncé une espérance que personne ne pourrait vaincre , et la paix véritable que nul ne peut donner , sinon Dieu qui a choisi d’habiter parmi les hommes, comme le rappelle l’évangéliste Matthieu : «Et son nom sera Emmanuel, ce qui veut dire Dieu avec nous» «La joie de la Nativité est une joie naturelle , ordinaire , celle qui éclate à toute nouvelle naissance, comme le dit bien l’évangéliste Jean : “La femme en travail s’attriste de ce que son heure soit venue, mais ensuite elle oublie sa peine, dans la joie qu’un enfant soit venu au monde”. La joie de la naissance de Notre Seigneur est une grande joie pour la terre et le ciel, c’est la joie du monde entier, la joie de la naissance de celui “qui était avec Dieu et le Verbe était Dieu”. La raison humaine n’aurait jamais pu concevoir que Dieu s’abaisserait à naître d’une Vierge dans une humble étable, comme le ferait le plus pauvre des hommes, s’il ne l’avait révélé Lui-même aux patriarches et aux prophètes. Il fit une première alliance avec Noé , une seconde alliance avec Abraham , et prépara ainsi la voie de la venue au monde de son Fils. C’est ainsi que naquit, voici deux mille ans, le Christ Jésus. En cette fête , nous continuons à célébrer le Grand Jubilé de cette naissance qui a été d’un si grand profit aux hommes , sur tous les plans. «La naissance de Jésus est aussi une source d’espérance. Elle a ouvert aux hommes les portes du ciel, fermées par le péché. C’est ainsi que Dieu “parlant par les prophètes, formait son peuple dans l’espérance du salut, en attendant la nouvelle alliance éternelle préparée à tous les hommes, qui serait inscrite dans les coeurs”. Comme le dit l’épître aux Hébreux : “Telle est l’alliance que je contracterai avec eux, après ces jours-là, dit le Seigneur : Je mettrai mes lois dans leur cœur et je les graverai dans leur pensée”. Jésus-Christ est notre espérance. Avant lui, nous étions sans espérance, comme le dit bien l’apôtre Paul : “Rappelez-vous qu’en ce temps-là , vous étiez sans Christ ... étrangers aux alliances de la Promesse, n’ayant ni espérance , ni Dieu en ce monde”. Il est notre espérance non seulement en ce monde, mais aussi dans l’autre, comme l’assure aussi Saint Paul dans l’épître aux Corinthiens : “Si c’est pour cette vie seulement que nous avons mis notre espoir dans le Christ, nous sommes les plus malheureux des hommes”. L’espérance chrétienne dans la Résurrection signifie “rencontrer le Christ ressuscité . Car nous ressusciterons comme lui, avec lui et en lui”». L’annonce de la paix «Luc raconte que, la nuit de Noël, “soudain se joignit à l’ange une troupe nombreuse de l’armée céleste, qui louait Dieu en disant” : Gloire à Dieu au plus haut des cieux et paix sur la terre aux hommes qu’il aime. Oui, Dieu “n’est pas un Dieu de désordre, mais de paix”. C’est Jésus-Christ, le Fils de Dieu fait homme qui a appris aux hommes à établir la paix dans leur cœur et dans le monde, en les invitant à la réconciliation, au pardon des fautes, à l’amour du prochain, à l’aumône, au bien, à la sincérité en paroles et en actes, en leur commandant de s’écarter de tout mal, de ne pas tendre de pièges, de ne pas causer de scandale, de fuir l’amour de l’argent, de ne pas chercher à se venger, de s’interdire toute ruse et toute hypocrisie. «Ce sont ces choses qui provoquent, parmi les hommes , les dissensions, l’hostilité et la guerre. Mais c’est le Christ qui affirme : “Je vous donne la paix. Je vous donne ma paix. Je ne la donne pas comme le monde la donne. Que vos cœurs cessent de se troubler et de craindre”. Nous n’avons pas de paix véritable hors de lui, ainsi qu’il l’affirme : “Je vous dit ces choses pour qu’en moi vous ayez la paix. Dans le monde, vous aurez à souffrir. Mais gardez courage! J’ai vaincu le monde”. La nativité de Jésus-Christ nous est une source de joie, d’espérance et de paix «Cette joie est différente de la joie ordinaire. Elle ne repose pas sur les apparences mondaines, les dépenses somptueuses , les plaisirs et le luxe . Car ceux qui souffrent aujourd’hui d’un dépouillement qui les expose à la faim, et à l’humiliation de quémander, ceux qui attendent la libération d’un être cher ou le retour d’un disparu, pour les familles dispersées au Sud, dont les membres sont injustement accusés de collaboration, alors qu’ils ont été forcés de faire ce qu’ils ne souhaitaient pas, pour tous ceux-là, peut-il y avoir d’autre joie que celle de l’apôtre Paul qui déclare : “Je me réjouis de souffrir pour vous. Je complète en ma chair ce qui manque aux souffrances du Christ, pour son corps qui est l’Église”. Il savent que leurs souffrances ne sont pas vaines, et qu’elles auront une valeur de salut pour la patrie et pour ses fils, afin qu’il soit restauré dans tous ses éléments constitutifs, afin que, comme l’affirme le pape Jean-Paul II : “il mène sa vie suivant ses traditions propres, en excluant naturellement toute violence des droits humains fondamentaux et, en particulier, l’oppression des minorités , comme toute nation a le droit de construire son avenir en donnant une éducation appropriée à ses jeunes générations”. «Si la joie de ce monde vient à manquer, l’espérance, Dieu merci, est présente. C’est l’espérance de celui qui a foi en Dieu, en lui-même et dans la justesse de sa cause. Une cause qui est celle d’un peuple qui a souffert tout au long du quart de siècle passé toutes sortes de souffrances, de répressions, d’oppression et de mises à l’écart, alors même que certains de ses propres fils n’ont pas hésité à contribuer par leurs actes à l’avènement de ce malheur. «C’est l’espérance de celui qui constate, ulcéré, que sa patrie se vide petit à petit de certains de ses meilleurs éléments, de ceux qui sont en mesure de contribuer à sa reconstruction par leurs capacités intellectuelles, qui se retrouve incapable de subvenir à ses besoins à cause de la concurrence illégale , qui réalise que cette patrie dont l’activité faisait sa renommée dans le monde paraît aujourd’hui comme absente à force d’être rabaissée et diminuée, et dont les émigrés occupent les plus hauts postes dans le monde, sans que rien ne soit fait pour les attirer au retour. «Avec l’espérance, nul doute que vienne aussi la paix attendue. À condition que l’homme soit lui-même d’abord en paix, réconcilié avec Dieu et avec lui-même, qu’il se respecte et que ses paroles et actes reflètent les valeurs qui l’animent, qu’il ne renie pas les principes et les convictions de sa conscience , qu’il s’applique à servir l’intérêt de sa patrie, placé au-dessus de ses intérêts propres. Alors seulement, il pourra être en paix avec son prochain. Voilà ce qui, hélas, paraît inaccessible à beaucoup d’individus et de communautés. C’est pourquoi le feu de la guerre s’enflamme autour de nous comme il l’a fait chez nous par le passé. Ce qui se produit en Palestine est dramatique. Des jeunes sans défense y tombent tous les jours, tandis que des édifices brûlent. Ces spectacles de violences blessent les sentiments et nous laissent penser que la vie humaine est devenue de peu de prix. Et cette Jérusalem connue depuis toujours comme étant la ville de la paix, voilà donc qu’elle se trouve au centre de tiraillements et d’un conflit violent entre les fils des trois religions monothéistes : le judaïsme, le christianisme et l’islam, alors qu’elle devrait demeurer ouverte à tous les croyants sans exception ni contrainte pour être véritablement la ville de la paix. “Frères et fils bien-aimés, nous vous souhaitons tous une fête de Noël glorieuse, dans la joie, l’espérance et la paix et demandons à Dieu, à vous résidents et émigrés, par l’intercession de Notre-Dame du Liban, longue vie et santé dans la bienveillance de Dieu et ses bénédictions”».
Nouveaux pauvres, prisonniers, disparus, «collaborateurs» et ex-miliciens de l’ALS, jeunes poussés à l’émigration par la crise économique et le manque d’emplois, intellectuels qui brillent sous d’autres cieux que celui qui les a vus naître, pays à la souveraineté confisquée, au rayonnement comme éteint, grevé par les séquelles d’une guerre suicidaire, aspirant,...