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Actualités - OPINION

Bloc-notes Souriez jaune

 J’aime les peintures sur verre qui ne s’écaillent pas, comme il en fut du bel «Antar» qui passa des années accroché dans l’entrée de la maison en face de la porte d’entrée. Fier cavalier à la cotte de maille dorée, moustachu et bien cambré sur sa monture, il tenait d’une main le crin de son cheval, de l’autre, levée, une lance en diagonale qui partait d’une de ses tempes pour rejoindre le sol, quelque part au-delà des sabots. Ce héros de la culture arabe faisait pour nous partie des meubles, à une notable exception près : ma grand-mère maternelle, latine d’Orient, qui, chassée de Smyrne par les soldats d’Ataturk, avait trouvé refuge dans notre quartier métisse de Beyrouth, et vénérait l’amant de Abla devant lequel elle se signait à chaque passage. Après ma mère, nous lui avions tous expliqué que le cavalier n’était pas saint Georges, comme elle le croyait, que d’ailleurs il n’y avait aucune trace de dragon terrassé, rien n’y faisait : «Moi, je connais mes saints», répondait-elle invariablement, et, invariablement, sa réponse coupait court à toute discussion. Il y a, comme ça, des expressions qui vous laissent sans réplique. Ainsi, comment réagir devant quelqu’un qui vous annonce brusquement, en tournant les talons, «et maintenant je vais prier pour mes morts», alors que vous avez été élevé dans une religion sans au-delà ? Et même si vous croyez au ciel mais que vous manquez de morts ? Comme nous avec ma grand-mère, souriez jaune… Amal NACCACHE
 J’aime les peintures sur verre qui ne s’écaillent pas, comme il en fut du bel «Antar» qui passa des années accroché dans l’entrée de la maison en face de la porte d’entrée. Fier cavalier à la cotte de maille dorée, moustachu et bien cambré sur sa monture, il tenait d’une main le crin de son cheval, de l’autre, levée, une lance en diagonale qui partait d’une...