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Actualités - ANALYSE

MOUVEMENT - Des jeunes créent Les pionniers de la renaissance Réclamer le changement par la démocratie et la conviction

Le ras-le-bol des jeunes, le dégoût face à un pays en pleine déchéance, la crainte de ne plus avoir d’avenir au Liban, tout cela Frédérique Hachem l’a connu. Mais alors qu’il était encore à l’école, il a décidé de réagir. C’est ainsi qu’est né le mouvement des pionniers de la renaissance, un mouvement pour les jeunes et surtout pour l’avenir. La première réaction de Frédérique Hachem a été provoquée par un sujet écologique. Cela se passait en 1988 et dans son école, on parlait alors beaucoup des déchets chimiques importés au Liban et enterrés dans divers coins reculés du pays. Le jeune homme à peine sorti de l’adolescence s’est alors demandé comment des citoyens pouvaient accepter d’enterrer sur leur territoire des déchets de ce genre pour un profit financier. C’est alors qu’avec quelques amis, il a décidé de créer un mouvement destiné à canaliser cette révolte. En 1988, ils n’étaient donc que 35 membres essayant de trouver des moyens pour changer les choses. Ils ne s’identifiaient à aucun des mouvements ou partis existants et se sentaient totalement exclus, comme étrangers sur leur sol. Ils ont commencé à réfléchir pour dégager entre eux une vision claire du Liban tel qu’ils le souhaitent, une sorte de programme général dans lequel tout Libanais puisse se reconnaître. En appelant leur mouvement Les pionniers de la renaissance, les jeunes gens ont voulu résumer leur volonté de changement et leur espoir de réussir. Deux groupes opposés D’ailleurs, en 1998, ils sont passés à 4 000 membres, des jeunes de toutes les confessions et de toutes les régions, unis dans une même vision non confessionnelle et moderne de leur pays. Entre-temps, ils ont notifié le ministère de l’Intérieur de la création de leur mouvement et ils ont commencé à préparer leurs dossiers afin d’être en mesure de se forger une vision globale et précise. Selon Me Frédérique Hachem, désormais avocat à la cour, les citoyens se divisent en deux groupes : ceux qui veulent le changement et ceux qui le rejettent parce qu’ils profitent de la situation actuelle. D’après ses estimations, le premier groupe est bien sûr le plus important, mais s’il ne s’exprime pas, c’est souvent parce qu’il croit qu’il n’y a pas de solution de rechange. Or, justement, les pionniers de la renaissance souhaitent proposer une autre option, celle d’une jeunesse qui refuse la corruption, les divisions confessionnelles, les clichés traditionnels et le laisser-aller. «Nous n’avons pas beaucoup de mérite, précise Hachem. Nous avons réagi, parce que nous sommes convaincus que si la situation reste telle quelle, il n’y a pas d’avenir pour nous au Liban». Hachem et ses compagnons estiment par exemple qu’il ne sert à rien de réclamer le retrait des troupes syriennes du Liban s’il n’y a aucune garantie que ces forces ou d’autres ne s’installent de nouveau au Liban. Ces jeunes sont convaincus que depuis longtemps, le Liban a été occupé d’une façon ou d’une autre et ce qu’il faut donc, c’est renforcer l’immunité interne pour pouvoir éviter les ingérences. Ils pensent aussi que si les affrontements ont cessé au Liban, c’est à cause d’une décision internationale, non parce que les Libanais l’ont voulu. Or, ce qu’il faudrait, selon eux, c’est que les Libanais soient en mesure de prendre eux-mêmes une telle décision. Bref, des principes assez nouveaux et qui dénotent une réelle maturité que Frédérique Hachem a choisi de développer dans un ouvrage intitulé Les Libanais nouveaux, destiné à faire connaître son mouvement. Et, pour ceux qui n’ont pas le temps de lire un livre entier, il a conçu une brochure assez sommaire pour présenter les grandes idées qui font bouger «les pionniers de la renaissance». Ces pionniers ne misent pas sur une action rapide et à court terme, ce qu’ils souhaitent c’est convaincre les jeunes de la nécessité de construire enfin un pays. Ils comptent ainsi faire entendre leur voix dans les écoles par le biais du cours d’éducation civique, afin de créer un corps cohérent, capable de faire bouger les choses. Le changement par la démocratie, donc, mais aussi par la conviction. S.H.
Le ras-le-bol des jeunes, le dégoût face à un pays en pleine déchéance, la crainte de ne plus avoir d’avenir au Liban, tout cela Frédérique Hachem l’a connu. Mais alors qu’il était encore à l’école, il a décidé de réagir. C’est ainsi qu’est né le mouvement des pionniers de la renaissance, un mouvement pour les jeunes et surtout pour l’avenir. La première...