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Actualités - OPINION

Le goût âpre de l’immodéré

 Tout le sel de l’esprit français : la vie ne déçoit que ceux qui n’en attendent rien. Une petite phrase du peintre Odilon Redon, qui vous a un petit air de simili paradoxe et d’hymne à la joie d’être. Pourtant, cette maxime en forme d’oriflamme claquant au vent ne résiste pas à l’examen. Elle apparaît vite, en effet, comme une somptueuse lapalissade, quand on la rapproche d’un autre cliché de bon sens : tant qu’il y a de la vie, il y a de l’espoir. Et vice versa, comme disait Épicure. Cet exemple, relativement primaire, montre que le monde, guidé par les faiseurs de morale, reste bourré jusqu’à la gueule de fausses sagesses trompeuses. Ainsi ce religieux qui prêche, louable oraison, l’amour du prochain. Mais binocle sur le nez, en ânonnant sur un ton monocorde un feuillet, probablement de la main de son secrétaire, étalé sur un lutrin devant lui. De quoi vous donner froid dans le dos, alors que l’amour du prochain, cela doit être une sorte de tornade, le tsunami de l’ami. Le siècle se meurt, le Seigneur va renaître. Si l’on n’offre de suite aux jeunes, comme aux Libanais actifs, de la passion vive, une cause à servir, comme l’indépendance, un autre dieu que le veau d’or, ils ne connaîtraient jamais que l’envers du décor. Dans une existence morose, désenchantée, purgatoire. Et pire : inutile. J.I.
 Tout le sel de l’esprit français : la vie ne déçoit que ceux qui n’en attendent rien. Une petite phrase du peintre Odilon Redon, qui vous a un petit air de simili paradoxe et d’hymne à la joie d’être. Pourtant, cette maxime en forme d’oriflamme claquant au vent ne résiste pas à l’examen. Elle apparaît vite, en effet, comme une somptueuse lapalissade, quand on la...