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Actualités - CONFERENCES ET SEMINAIRES

CONGRÈS - Un large éventail de disciplines passé au crible à l’AUB Cinq cents spécialistes débattent des moyens de développer la recherche scientifique

C’est à l’Université américaine de Beyrouth que s’est tenu récemment le XIVe Congrès des sciences, réunissant plus de 500 chercheurs arabes et libanais. Fruit de la coopération entre le Centre national de recherche scientifique du Liban (CNRS) et l’Association libanaise pour le progrès de la science (ALPS), ce congrès avait essentiellement pour but l’instauration d’un climat propice au développement de la recherche et de la coopération scientifique, et au-delà la limitation de la «fuite des cerveaux». Quelque temps forts d’un congrès qui a visé haut tout en se donnant – presque – les moyens de sa politique. Au tout début, c’était l’ALPS qui se chargeait à elle seule d’organiser ce forum biennal. Mais depuis plus de deux ans, c’est sous la houlette de ce même organisme privé et d’un organisme public quelque peu méconnu, le CNRS, que se tient le Congrès des sciences. Il s’en est suivi une plus grande affluence de chercheurs et, surtout, un soutien plus efficace de l’État libanais, et ce à plusieurs niveaux. On peut donc facilement saisir l’importance qu’a revêtue ce XIVe Congrès de Sciences dont les horizons n’ont cessé de s’élargir. En effet, au génie, à la médecine, à l’agriculture, à l’environnement et à la santé publique, domaines traditionnellement privilégiés lors du congrès, se sont ajoutées l’économie, la pédagogie, l’archéologie et l’histoire des sciences chez les Arabes qui ont fait pour la première fois leur apparition, même modeste, dans cette dernière édition du forum. Unir les efforts «Ce qui importe, a expliqué Chafika Assaad, coordinatrice générale et membre du CNRS et de l’ALPS, c’est qu’à travers cette rencontre puisse se former une communauté de chercheurs. Ces derniers travaillent souvent sur un même sujet, que ce soit à l’Université américaine de Beyrouth, l’Université Saint-Joseph, l’Université libanaise ou l’Université arabe sans s’en rendre compte, et c’est vraiment dommage. Si ces chercheurs se constituaient en équipe, ils aborderaient la question étudiée sous tous ses angles. Ils fourniraient un travail plus efficace et obtiendraient donc plus facilement une aide financière locale ou étrangère». À l’évidence, les idées n’ont pas manqué durant ce congrès qui s’est étalé sur trois jours. Plus de 200 projets ont été présentés et débattus par des scientifiques libanais, algériens, tunisiens, irakiens, jordaniens et syriens. Afin de rentabiliser au maximum le temps prévu à la discussion et la recherche, le travail se faisait en petits groupes, dans les salles de la faculté de génie de l’AUB où, après un bref exposé du conférencier au «Power Point», on privilégiait l’interaction avec l’assistance et le jeu des questions-réponses. Tous les jours, entre 8 heures du matin et 7h du soir, trois thèmes étaient abordés simultanément dans le cadre de séances parallèles et auxquelles les participants assistaient en fonction de leur formation scientifique et de leurs penchants. Les temps forts du congrès Des 200 projets présentés lors du congrès, certains ont particulièrement retenu l’attention des participants, comme ce fut le cas de l’étude ayant pour objet la physiologie de la douleur. Regroupant des infirmières, des dentistes, des psychiatres, des neurologues et des physiologistes sous la direction du Dr Nayef Saadé, cette équipe, dont les travaux encore inachevés ont été exposés lors du congrès, est constituée de plus de 150 chercheurs. À travers des expériences effectuées sur des rats, c’est tout le processus de la douleur que ce groupe de scientifiques libanais essaie de démonter. Dans le domaine du génie civil, on a relevé notamment les travaux du Dr Youssef Hamzi, professeur à l’Université libanaise, qui a abordé la question des défauts de construction qui se manifestent parfois dans le pays et des risques encourus, en particulier dans le cas de la restauration de bâtiments touchés par la guerre. M. Hamzi a souligné que, mis à part la mauvaise qualité des matériaux employés, les risques d’éboulement peuvent provenir de la nature du sol comme par exemple d’un taux de salinité excessivement élevé, comme cela a dû être le cas des deux immeubles qui se sont effondrés il y a quelques semaines à Naamé. Pour ce qui est de l’environnement, le Syrien Marwan Dimashki et le Libanais Motassem Fadel ont tous les deux essayé de trouver des solutions à la pollution atmosphérique à Damas et à Beyrouth. Ils sont arrivés à des résultats divergents. En effet, suite à l’étude du premier et son plaidoyer auprès des autorités concernées, l’utilisation de l’essence à plomb a été prohibée à Damas depuis 1998, ce qui a permis une diminution relative du taux de pollution. Tel n’est pas le cas du Dr Fadel qui a préconisé des mesures identiques, mais n’a pas été entendu par les responsables. «Et ce n’est pas le moindre mal, a affirmé M. Fadel. Plus de 30 000 moteurs à mazout ont été introduits et vendus illégalement à des taxis-sevicse, ce qui a évidemment conduit à l’augmentation du taux de pollution de l’atmosphère». À l’heure où d’autres pays font tout leur possible pour se développer économiquement tout en protégeant leur environnement, le Liban semble faire marche arrière. À la clôture du XIVe Congrès des sciences, il n’y a pas eu de recommandations finales, cela étant impossible d’après Mme Assaad, vu la variété de thèmes et sujets abordés. Pour ce qui est du développement de la recherche et de la coopération scientifique, il semblerait que ce forum ait atteint son but, la plupart des participants étant satisfaits de l’échange d’idées qui a eu lieu durant ces trois jours. Mais au-delà de cet effort, plus que louable, en vue de la création d’une «communauté de chercheurs», une initiative isolée comme ce Congrès des sciences suffira-t-elle à limiter la fuite de cerveaux dont pâtit actuellement le Liban ? Joyce LIYAN
C’est à l’Université américaine de Beyrouth que s’est tenu récemment le XIVe Congrès des sciences, réunissant plus de 500 chercheurs arabes et libanais. Fruit de la coopération entre le Centre national de recherche scientifique du Liban (CNRS) et l’Association libanaise pour le progrès de la science (ALPS), ce congrès avait essentiellement pour but l’instauration...