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Actualités - CHRONOLOGIE

THÉÂTRE - Walid E. Abou Serhal libanise « Zoo de nuit » de Michel Azama Dérive dans la nuit des exclus

Walid Eid Abou Serhal signe une mise en scène dépouillée renforçant l’atmosphère sobre, brute, sans concession ni apitoiement de Zoo de nuit de Michel Azama. Avant le lever de rideau, Walid Eid Abou Serhal avertit son public : cette pièce, Kilab el-Leyl,* contient des scènes qui peuvent vous offenser. La violence verbale et physique s’y taille une belle part. Nous sommes prévenus. Cette pièce dresse, à travers la rencontre coupante de quatre personnages, le portrait d’une société à la dérive, complètement en perte de repères. Une société où parent et enfant se courent l’un après l’autre sans jamais vraiment pouvoir se tomber dans les bras. Une société à la mémoire trouée, où la tendresse ne semble plus se résumer qu’à un mot. Pas un document sociologique mais plutôt une rêverie sur la perte de pères et de repères. Walid Abou Serhal s’est également intéressé à la divergence, la diversité qui oppose les gens. Cette différence qui peut surgir entre les êtres. «C’est ça qui m’intéresse au théâtre, faire se heurter les différences, voire ce qui se passe autour de ça. Parler de la marge, de la bande d’arrêt de la société car c’est elle qui en parle le mieux», dit-il. Walid E. Abou Serhal aime les défis, l’aventure, les terrains inexplorés. Il a un diplôme en audiovisuel de l’IEsav. Son incursion dans le monde du théâtre ? «Un défi, une aventure, un terrain inexploré». Il est tombé sur le texte de Michel Azama Zoo de nuit par hasard. Coup de foudre immédiat. «En lisant le texte, je traduisais simultanément et inconsciemment en libanais», note le jeune metteur en scène. «Il est vrai que cette pièce est assez violente. Mais ne vit-on pas dans un monde violent ? Seules les crises engendrent le développement», estime Abou Serhal. Personnellement, est-il porté sur la violence ? «Je me suis mis au régime anticaféine pour minimiser les dégâts». Plutôt du genre nerveux, donc. La pièce met en scène deux jeunes paumés bisexuels (Vatché Mogalian et Adrien Haddad), échoués dans un entrepôt désaffecté. Arrive sur leurs talons une jeune femme (Zeina Mazboudi) qui s’en prend violemment à l’un deux, père de son enfant, qu’il a kidnappé. Il n’entend pas lui restituer le bébé, pourtant en attente vitale du lait maternel. Le trio va devenir quatuor avec l’irruption d’un homme plus âgé (Nabil Haddad) et visiblement fortuné, en quête de quelque chose. Que veut-il, combien propose-t-il en échange? Rahil est chargée de l’apprendre ; si elle y arrive, elle pourra nourrir et chérir le poupon . Sur cette trame à la limite du mélodrame, Abou Serhal a libanisé un texte où se mêlent les envolées philosophico-lyriques et les pétarades argotiques. Les personnages disent souvent ce qu’ils ressentent, l’auteur semblant ainsi introduire un commentaire sur l’action en cours. Celle-ci se déroule en une nuit et en un même lieu, dont les espaces sont délimités par des murs gribouillés de graffitis, de la vieille quincaillerie, des frigos éventrés… Ce voyage au bout de la nuit contemporaine nous a pourtant laissés au bord du quai. Un je-ne-sais-quoi d’affectation littéraire, une sorte de vernis culturel fait écran entre le spectateur et la représentation, obstacle qui tient plus au texte qu’à la mise en scène ou au jeu des comédiens. Difficile de croire, par exemple, à cette jeune mère qui, fût-elle une laissée-pour-compte de la société de consommation, se bat pour la vie de son enfant puis le vend, sans apparent état d’âme, au grand méchant capitaliste. L’ensemble laisse l’impression d’une exploration vaguement mode et plus culturelle que réellement vécue des marges de notre société. M.G.H. * Demain samedi 16 décembre et dimanche 17, au Théâtre Monnot, 20h.
Walid Eid Abou Serhal signe une mise en scène dépouillée renforçant l’atmosphère sobre, brute, sans concession ni apitoiement de Zoo de nuit de Michel Azama. Avant le lever de rideau, Walid Eid Abou Serhal avertit son public : cette pièce, Kilab el-Leyl,* contient des scènes qui peuvent vous offenser. La violence verbale et physique s’y taille une belle part. Nous sommes...