Liban-Sud - « Des moyens diplomatiques pour libérer les hameaux de Chebaa » Sultanov redoute une escalade militaire

M. Alexandre Sultanov, chef du département Moyen-Orient et Afrique du Nord au ministère russe des Affaires étrangères, a quitté hier soir Beyrouth à destination de Damas, quatrième étape d’une tournée régionale qui l’a mené successivement dans les Territoires palestiniens, en Israël et en Égypte avant le Liban. La tournée de M. Sultanov s’inscrit dans le cadre des efforts diplomatiques entrepris par Moscou pour calmer la situation dans les Territoires palestiniens et à la frontière libano-israélienne. Durant son bref séjour libanais, le diplomate russe avait rencontré le chef de l’État Émile Lahoud, puis le ministre des Affaires étrangères Mahmoud Hammoud. Notre correspondant diplomatique Khalil Fleyhan, qui cite des sources diplomatiques bien informées, indique M. Sultanov, a informé ses interlocuteurs de la détermination de son pays à relancer son rôle dans la région dans le cadre d’un nouveau processus de paix basé sur l’attachement aux accords de Madrid et au principe de «la paix contre la terre». Le diplomate russe, toujours selon les mêmes sources, a souligné le souhait de son pays de voir le calme rétabli dans les Territoires palestiniens pour éviter un surcroît de victimes, tout en évitant toutefois d’attribuer l’escalade de la violence à quelque partie que ce soit. Il a confié aux responsables libanais que la Russie tente de convaincre les parties en présence que la paix ne peut être instaurée sans une étroite collaboration entre elles. Les mêmes sources ont ajouté que M. Sultanov a sondé ses interlocuteurs palestiniens, israéliens et libanais sur la possibilité de parvenir à un accord autour d’une initiative russe pour rétablir le calme sur les fronts israélo-palestinien et israélo-libanais. M. Sultanov a démenti que son pays joue un rôle quelconque dans un éventuel échange de prisonniers entre Israël et le Hezbollah, aucune des deux parties n’ayant réclamé sa médiation. Par ailleurs, il a exprimé la crainte de voir la tension qui prévaut le long de la frontière libano-israélienne dégénérer en escalade militaire ou, à tout le moins, aboutir à un climat d’instabilité sécuritaire et recommandé le recours aux moyens diplomatiques pour assurer la restitution des hameaux de Chebaa. Selon les mêmes sources, les responsables libanais auraient assuré au diplomate russe leur détermination à poursuivre leurs efforts pour la libération de chaque pouce de terrain occupé par Israël. Sur un autre plan, M. Sultanov a informé les responsables libanais de la détermination de son pays de participer à la relance de l’économie nationale et à l’opération de déminage au Liban-Sud par le biais de contacts établis avec l’ambassadeur de Russie au Liban, M. Boris Polotine. Au palais Bustros Au dernier jour de sa visite au Liban, M. Alexandre Sultanov a rencontré le ministre des Affaires étrangères Mahmoud Hammoud avec qui il a procédé à un tour d’horizon de la situation au Liban-Sud et dans les Territoires palestiniens. La réunion, qui a duré près de 75 minutes, s’est déroulée en présence du secrétaire général du ministère Zouheir Hamdan, du chef de la section politique Naji Abi Assi et de l’ambassadeur de Russie Boris Polotine. Questionné par les journalistes sur l’affaire des hameaux de Chebaa, M. Sultanov a répondu, à l’issue des entretiens, que l’une des raisons de sa visite à Beyrouth était d’étudier la situation au Liban, en Israël et dans les Territoires palestiniens. «En Russie, nous sommes très inquiets de la conjoncture qui prévaut dans cette région», a-t-il poursuivi. Prié d’indiquer s’il se référait au Liban-Sud, M. Sultanov a répondu par l’affirmative. «C’est pour cette raison que nous estimons qu’il est nécessaire d’éviter de créer un nouveau foyer de tension. Nous sommes convaincus que la détérioration de la situation ne sert les intérêts d’aucun des camps en présence», a-t-il ajouté. Sur la responsabilité d’Israël dans la tension qui prévaut au Liban-Sud du fait de la persistance de son occupation des hameaux de Chebaa, M. Sultanov s’est contenté de répondre qu’il faut résoudre tous les problèmes par «les moyens diplomatiques et politiques». Il a nié que la Russie joue un rôle quelconque au niveau de la libération des Libanais détenus en Israël et réitéré ses craintes d’une guerre, «car chaque fois qu’une crise surgit dans la région, elle aboutit à des résultats dangereux pour tous les protagonistes, et même à une guerre. Il est donc nécessaire d’empêcher toute évolution en direction d’une confrontation armée».