Rechercher
Rechercher

Actualités - CHRONOLOGIE

CÉRAMISTES - Nathalie Khayat explore les possibilités et les limites de l’argile Grande aventure de la terre

C’est en 1998 que Nathalie Khayat est revenue s’installer au Liban avec une sérieuse formation en technique de la céramique, acquise au centre canadien Bonsecours. Rien ne prédestinait cette diplômée de lettres et d’études cinématographiques à se consacrer entièrement au travail de la terre. «En 1993, j’ai suivi mon premier cours de céramique à Montréal, raconte-t-elle. J’ai tout de suite compris que non seulement cela n’était pas suffisant, mais que j’avais réellement envie d’apprendre». Elle passe un an à Bonsecours et en ressort en ayant appris le métier avant l’art. «J’avais besoin d’un enseignement pratique, de maîtriser la technique. L’esthétique viendrait après». En 1994, après avoir participé, entre autres, à des laboratoires de glaçure ou à des cours de moulage, elle se perfectionne six mois supplémentaires dans le centre canadien. Matière à possibilités Le style de Nathalie Khayat est axé autour de 3 mots : rituel du quotidien. Un quotidien qui se déplace vers une autre fonction. Par exemple, elle s’empare du motif du tube ou de la plaque, qu’elle affectionne particulièrement, pour créer des lampes à huile ou des vases muraux. «Mes objets ont les pieds sur terre mais, en même temps, ils se hissent vers le haut, grâce à une fleur ou une flamme». Objets utilitaires donc, mais aussi expérimentaux : l’artiste repousse, dans la limite du possible, leurs limites. «La terre est une matière à possibilités infinies, poursuit-elle. Elle est à la fois primitive, employée depuis les premiers âges, et innovatrice». Dépouillé, «sans fioritures», ses travaux ont été souvent comparés à ceux réalisés dans l’art japonais : petits tabourets, ronds ou en forme de bancs, assiettes carrées ou à peine rectangulaires, tous ces objets utilitaires sont simples jusque dans leur conception. «Je n’aime ni les greffes ni les ajouts, explique-t-elle. La pièce est réalisée à partir d’elle-même, c’est-à-dire qu’un vide peut servir de plein en étant repoussé vers le haut, et inversement». Plus qu’une simple assiette Suivant là aussi la conception artistique japonaise, Nathalie Khayat produit peu et lentement : «Je vais doucement d’un objet à l’autre, et parfois un objet me mène vers un autre», dit-elle. Et si elle affirme aimer donner à un objet du quotidien un rôle qui ne lui est pas spontanément approprié, elle a redécouvert, avec la création d’assiettes, le «rituel du geste» : «dans ces objets, je me suis rendu compte que, sans en avoir conscience, on servait les aliments selon une composition, observe-t-elle. L’assiette devient alors plus qu’une simple assiette, c’est une surface qui encadre le geste». Ses recherches dans la glaçure, qu’elle décline entre le bleu et le vert-de-gris, l’ont menée vers des textures qui, déposées à côté de la terre brute, ressemblent à des écailles. L’important étant d’aller toujours «droit au but». Mais après les basse et moyenne températures, la céramiste s’intéresse à présent aux hautes cuissons et plus particulièrement au grès qui «ouvrent un éventail très large de glaçures». Maîtriser l’intention Nouvelles températures, nouvelles glaçures, mais aussi nouvelles textures. «Avant de commencer, en mars dernier, à donner des cours, je travaillais avec une argile importée, raconte-t-elle. Mais depuis que je manipule la terre locale avec mes élèves, je découvre peu à peu ses potentialités, qui m’étaient jusque-là étrangères». Nathalie Khayat travaille dans un même esprit de recherche les «petites séries» et les «sculptures». Les premières constituent des éléments répétés grâce auxquels l’artiste «maîtrise l’intention», même si une céramique n’est jamais la même, et les secondes sont un travail unique destiné à être exposé : «Ce sont pour moi deux démarches parallèles qui se soutiennent l’une l’autre». D’une céramique à l’autre, Nathalie Khayat évolue doucement dans une texture, qu’elle appelle «la grande aventure de la terre», dont elle découvre sans cesse la simplicité infinie. Sans âge. Diala GEMAYEL • Nathalie Khayet expose à la galerie Artishow, Achrafieh
C’est en 1998 que Nathalie Khayat est revenue s’installer au Liban avec une sérieuse formation en technique de la céramique, acquise au centre canadien Bonsecours. Rien ne prédestinait cette diplômée de lettres et d’études cinématographiques à se consacrer entièrement au travail de la terre. «En 1993, j’ai suivi mon premier cours de céramique à Montréal,...