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Actualités - OPINION

Rien(s) du tout

 Peur. Que ça s’arrête. L’impression, depuis quelque temps, que quelque chose, ici, a changé, que l’histoire est en train de se faire, se refaire, se défaire. À cette heure-là, les prisonniers libanais stockés depuis Dieu sait quand dans les prisons syriennes sont déjà à Beyrouth. Quelles que soient les épreuves qu’il leur reste encore à subir, cette première n’est rien moins que l’événement le plus extraordinaire depuis que l’homme a marché sur la Lune. Du moins pour une écrasante majorité de Libanais qui a fait de la résignation, de la lassitude, de l’abdication leur seule arme. En fait, en y repensant, avec un tant soit peu de recul, ce n’est rien du tout, le Liban est encore sous une meute de bottes – autochtones comme étrangères. Oui mais stop ! Un rien du tout, puis un rien du tout, suivi d’un autre rien du tout, ensuite un autre rien du tout... Et voilà un pays qui évolue, des mentalités, des hommes et des femmes qui se rendent compte que rien n’est, comme on le leur apprend depuis près de 25 ans, i-m-m-u-a-b-l-e. Un cousin de l’espoir, même un peu crispé, qui commence à grignoter un peu de noir, des mots qui se font entendre, de plus en plus fort. Peur. Que ça s’arrête. Quiconque est animé par un minimum de curiosité, ne serait-ce qu’envers la vie, se demande comment tout cela a commencé. Une évacuation, une conjoncture régionale, internationale, astrale même, une superpuissance qui décide de jeter du lest, un décès, un jeune homme, intelligent, sur une espèce de trône, et qui se rend compte que son espèce de trône branle et tangue plus qu’il ne le pensait, ne le voulait... Peu importe, c’est sans doute une série de riens du tout. Oui mais stop ! Ça ne fait que commencer. Peur. Peur. Peur. Et si les conjonctures, toutes les conjonctures, décidaient de revenir au statu quo ante ? Et si Nasrallah Sfeir pensait qu’il a fait ce qu’il avait à faire ? Et si Walid Joumblatt tombait amoureux du silence ? Et si Nabih Berry ne se rendait pas compte qu’il pourrait être autre chose qu’un chef de milice ou un énième président de la Chambre – un grand patriote ? Et si Nassib Lahoud ne se décidait pas à monter d’un cran ? Et si Albert Moukheiber devenait trop vieux ? Et si Fouad Boutros devenait allergique aux allers-retours ? Et si Omar Karamé, et tous les autres... Et si les étudiants cessaient leur énorme, énorme pression ? Peur. Que ça s’arrête. Il faut que la grande majorité des hommes politiques cessent d’être tellement plus royalistes qu’un roi, cessent leurs compromissions, cessent de cirer des pompes qui, même elles, en ont marre d’être cirées. Que d’habitants du Liban, nous devenions Libanais. Ne plus attendre mais faire. Faire. Faire. Faire. Parce qu’un rien du tout plus un rien du tout... Pour que ça ne s’arrête plus. Ziyad MAKHOUL
 Peur. Que ça s’arrête. L’impression, depuis quelque temps, que quelque chose, ici, a changé, que l’histoire est en train de se faire, se refaire, se défaire. À cette heure-là, les prisonniers libanais stockés depuis Dieu sait quand dans les prisons syriennes sont déjà à Beyrouth. Quelles que soient les épreuves qu’il leur reste encore à subir, cette première...