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Actualités - ANALYSE

Damas rejette toute concession sous la pression

Les personnalités libanaises qui se sont récemment entretenues avec le président syrien Bachar el-Assad répercutent la volonté de Damas d’éviter à tout prix de faire des relations entre les deux pays un sujet de polémique et de tension. Dans leur tournée effectuée auprès des instances politiques, partisanes et religieuses, ces personnalités ont tenté d’expliquer le point de vue du chef de l’État syrien, qui estime que tous les contentieux peuvent être réglés dans un esprit de fraternité et d’amitié, loin des provocations susceptibles de nuire aux relations bilatérales. Damas est donc tout à fait disposé à répondre positivement aux revendications de Beyrouth, mais par le dialogue ; car il s’agit essentiellement d’éviter tout ce qui peut susciter des dissensions entre Libanais et Syriens, mais aussi et surtout entre les Libanais eux-mêmes. Or, de toute évidence, la présence militaire syrienne au Liban fait partie des thèmes litigieux. Les médiateurs qui font la navette entre Damas et Beyrouth soulignent ainsi la nécessité d’un retour au cadre adéquat, c’est-à-dire aux institutions officielles, en vue de régler les problèmes en suspens. De fait, quand la rue s’en mêle, les relations ne peuvent que se détériorer. C’est ainsi que la libération des détenus libanais en Syrie aurait été retardée à cause de la campagne récemment menée contre Damas, alors qu’il aurait mieux valu attendre les résultats des efforts discrets déployés dans ce cadre par les autorités, et notamment par le président Émile Lahoud. Selon certains de ces médiateurs, les dirigeants syriens n’accepteront en aucun cas de donner suite aux revendications des Libanais sous la pression des communiqués et des manifestations, aussi justes soient-ils. L’intérêt national commande en effet que ces questions soient traitées dans un climat paisible et par le dialogue. C’est uniquement à ces conditions que le redéploiement des troupes syriennes vers la Békaa pourra se réaliser. Inutile par conséquent de lancer des défis à Damas, d’autant plus que le chef de l’État syrien comprend parfaitement la nature des problèmes posés, souligne une source officielle. C’est du reste ce que l’ancien secrétaire général du Parti communiste Georges Haoui a confirmé à l’issue de son entretien avec le président Assad. Ce dernier lui aurait dit que la Syrie désirait redéployer son armée dans la mesure où le financement de sa présence au Liban grève lourdement son budget. Toutefois, il n’est pas question de procéder au repositionnement de ces troupes sous la pression. Les médiateurs estiment ainsi qu’il convient de laisser faire l’État libanais qui, en fait, a tenté, tout au long des dix dernières années, de remédier au problème des prisonniers en Syrie et à celui du redéploiement. Le mutisme observé dans les milieux officiels ne signifie pas du tout que les autorités ont fait preuve de négligence à cet égard. Mais, relèvent les milieux de l’opposition, le pouvoir aurait pu et dû entreprendre des contacts avec les parties concernées pour les informer de ses démarches en vue de parvenir à la libération des prisonniers libanais et au redéploiement des forces syriennes. Une telle initiative, lancée loin des feux de la rampe, aurait sans doute permis d’éviter les interventions intempestives concernant la présence syrienne au Parlement et ailleurs. En réponse aux médiateurs qui font de leur mieux pour temporiser, les sources proches de l’opposition affirment : «Tant que le mutisme reste la règle, rien ne prouve que les autorités officielles agissent à ce niveau». En fait, la situation devient finalement inextricable : quand on tente de poser clairement et publiquement le problème des relations libano-syriennes, des voix officielles s’élèvent aussitôt pour imposer le silence, et quand on se tait, les doléances demeurent insatisfaites. En tout état de cause, la question est de savoir aujourd’hui si les médiateurs chargés d’apaiser la tension et de promouvoir le dialogue réussiront dans leur entreprise. En d’autres termes, sauront-ils préserver les relations privilégiées avec la Syrie sans que celle-ci persiste à favoriser une faction libanaise au détriment d’une autre ? Émile KHOURY
Les personnalités libanaises qui se sont récemment entretenues avec le président syrien Bachar el-Assad répercutent la volonté de Damas d’éviter à tout prix de faire des relations entre les deux pays un sujet de polémique et de tension. Dans leur tournée effectuée auprès des instances politiques, partisanes et religieuses, ces personnalités ont tenté d’expliquer le...