Rechercher
Rechercher

Actualités - ANALYSE

Sud - Les menaces israéliennes et les pressions de l’Onu n’y font rien Le pouvoir n’en démord pas : non au déploiement de l’armée sur la ligne frontalière

Le mandat semestriel de la Finul expire bientôt. Cette échéance, qui s’accompagne de remontrances onusiennes sévères, ainsi que la recrudescence des menaces israéliennes font rebondir de plus belle la controverse sur l’absentéisme étatique au Sud. C’est-à-dire sur le non-envoi de l’armée libanaise pour garder la frontière. L’accusation de dérobade est, comme on sait, réfutée par le pouvoir. Ainsi le chef de l’État réaffirme que la sécurité intérieure de la population sudiste est parfaitement assurée par la force mixte de police FSI-armée (1 000 hommes) qui patrouille dans les villages. Le président Lahoud indique que, grâce à la vigilance de cette troupe, le Sud offre un taux de criminalité ordinaire bien plus réduit que celui des autres régions du pays. Et il répète qu’il n’est pas question d’envoyer l’armée sur la ligne frontalière, car elle serait au contact avec l’ennemi. Il ajoute qu’un tel déploiement ne se fera pas tant que le Liban restera en état de guerre avec un voisin qui poursuit ses agressions terrestres, maritimes et aériennes, tout en multipliant les violations de frontière ou de ligne bleue. Le président de la République soutient, en tant qu’ancien militaire, qu’aucun État ne dispose son armée sur une ligne de démarcation car elle serait de la sorte exposée à de constants actes d’hostilité. Cependant, ce n’est pas tout à fait le même son de cloche qu’on entend du côté du Sérail, mais des arguments un peu plus nuancés, quoique aboutissant aux mêmes conclusions pratiques. En effet, dans un talk-show télévisé, le président du Conseil commence par dire que l’État libanais n’a pas l’intention de faire la guerre à Israël. Ajoutant que ce même État libanais, ainsi que le peuple de ce pays, souhaitent voir la stabilité régner dans la région frontalière. Le chef du gouvernement relève de même que la Syrie non plus ne veut pas la guerre et que les deux pays alliés sont demandeurs de paix. Mais après ces assurances, et sans craindre de paraître se contredire, M. Rafic Hariri se rabat tout de suite sur la position du régime, pour l’approuver entièrement. Sans dire comment la stabilité dont il se fait le champion peut être assurée, il déclare en substance que les parties qui voient dans l’envoi de l’armée une solution aux problèmes du pays ont l’air de prendre Israël pour un agneau, tout à fait incapable d’agresser ses voisins. Il ajoute, en faisant écho au président Lahoud, qu’Israël réclame l’envoi de l’armée libanaise pour protéger ses propres frontières, cela en l’absence de tout accord. À son avis, il n’y a de solution que dans un traité de paix régional, global, général et équitable. Et M. Hariri conclut en redisant que le Liban ne veut pas faire la guerre à Israël et qu’il est demandeur de paix. On le sait, la position officielle est très critiquée à l’intérieur comme au-dehors. Localement, les partisans du déploiement soulignent qu’il n’y a pas d’exemple qu’un pays, qu’il soit ou non en état de guerre, ne confie pas la protection de son territoire et surtout de sa frontière à ses forces armées. Surtout, du reste, s’il y a un état de guerre, car la mission de défense devient alors absolument impérative. Ces contempteurs du pouvoir affirment qu’en réalité les prétextes invoqués par les officiels sont si peu sérieux qu’on ne peut pas s’y arrêter. À leur avis ce n’est ni parce que le Liban est en état de guerre avec Israël ni parce qu’il se refuse à en défendre les frontières que l’armée n’est pas envoyée au Sud. Mais pour deux ou trois autres raisons qui sautent aux yeux et que d’ailleurs les responsables ont parfois avouées : d’abord, la volonté de garder le front du Sud à demi-ouvert, et en tout cas instable, comme carte de pression jumelée pour la récupération de Chebaa par le Liban comme du Golan par la Syrie. Ensuite, la crainte que l’armée ne soit obligée de se heurter sur le terrain au Hezbollah. Enfin (mais cet élément, les responsables ne l’ont jamais avoué publiquement), la peur que les unités ne se trouvent divisées, et le pays tout entier à leur suite, en cas d’ordre de répression anti-milices. Le principal facteur, le seul vraiment déterminant, concluent ces opposants locaux, reste cependant que les décideurs insistent pour que ce pays assume le pari de l’instabilité au Sud considérée comme un levier de pression sur Israël et sur l’Occident. Avec tout le prix qu’il y aurait à payer en cas de dégradation majeure de la situation sur le terrain. En d’autres termes, on reproche localement au pouvoir de ménager l’intérêt d’autrui aux dépens de celui du pays même. En précisant que même sans escalade militaire, le Liban se trouve déjà privé, à cause de ses choix, de l’assistance étrangère nécessaire à son redressement économique. À ce propos, et on ne le sait que trop, l’Onu, les USA et l’Europe ne cessent de multiplier les mises en garde en avertissant le Liban qu’il ne pourra s’en prendre qu’à lui-même en cas d’éventuelles représailles israéliennes élargies, du moment qu’il refuse d’assumer ses responsabilités et d’envoyer son armée au Sud. Reste la question : que ferait Beyrouth si la communauté internationale devait lier le maintien de la Finul à l’envoi de l’armée au Sud ? Pour le moment, les officiels libanais se contentent de répondre qu’ils tiennent à la présence des Casques bleus et qu’ils veulent coopérer avec l’Onu. Alors même qu’en pratique, ils refusent de le faire. C’est ce que l’on appelle en général la politique de l’autruche. Cependant, le moment où elle ne suffira plus se rapproche. Dangereusement. Émile KHOURY
Le mandat semestriel de la Finul expire bientôt. Cette échéance, qui s’accompagne de remontrances onusiennes sévères, ainsi que la recrudescence des menaces israéliennes font rebondir de plus belle la controverse sur l’absentéisme étatique au Sud. C’est-à-dire sur le non-envoi de l’armée libanaise pour garder la frontière. L’accusation de dérobade est, comme on...