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Actualités - CHRONOLOGIE

Communautés - Message de Noël du patriarche Sfeir « Quelle paix attendre d’une guerre qui éclaterait dans la région ? », s’interroge le chef de l’Église maronite(photo)

Le chef de l’Église maronite, le cardinal Nasrallah Sfeir, a consacré son message de Noël à une brève méditation sur la paix véritable, non celle qui est bâtie sur l’équilibre de la terreur ou la suprématie de la force, mais celle qui jaillit du cœur même de Dieu, et qui repose sur l’obéissance à ses commandements. Toutes les fausses paix sont éphémères, a averti le chef de l’Église maronite, puisque les hommes guetteront et finiront par trouver l’occasion de secouer les jougs et les contraintes qui les gardent en sujétion. Dans une allusion à peine voilée à la situation en Irak, le patriarche Sfeir a mis en doute la légitimité d’une attaque américaine, qui tirerait sa légitimité d’une volonté présumée de paix. Enfin, le chef de l’Église maronite a demandé aux dirigeants du pays de s’en remettre à la voix de la conscience dans la conduite des affaires publiques, notant en particulier que la situation sociale de la population ne lui permet plus de faire face à de nouvelles taxes. Voici le texte intégral du message de Noël du patriarche Sfeir : « Depuis que le monde est monde, les hommes ont toujours aspiré à la paix et à l’espérance. La nuit de la Nativité, les anges leur en ont apporté l’annonce. « Et paix sur terre », ont-ils chanté, selon l’évangéliste Luc, qui nous fournit quelques détails sur les circonstances de la naissance du Christ. Il nous raconte que Joseph, son père adoptif, est monté de Nazareth à Bethléem « pour s’inscrire avec sa fiancée Marie, qui était enceinte. Or, pendant qu’ils étaient là, le temps où elle devait enfanter se trouva révolu. Elle mit au monde son premier-né, l’enveloppa de langes et le coucha dans une mangeoire, parce qu’il n’y avait pas de place pour eux à l’hôtellerie. Il y avait dans la contrée des bergers qui vivaient aux champs et qui, la nuit, veillaient tour à tour à la garde de leur troupeau. L’Ange du Seigneur leur apparut et la Gloire du Seigneur les enveloppa de sa clarté ; et ils furent saisis d’une grande frayeur. Mais l’ange leur dit : « Rassurez-vous, car voici que je vous annonce une grande joie, qui sera celle de tout le peuple : aujourd’hui dans la cité de David un sauveur vous est né, qui est le Christ Seigneur. Et ceci vous servira de signe : vous trouverez un nouveau-né enveloppé de langes et couché dans une crèche ». Et soudain se joignit à l’ange une troupe nombreuse de l’armée céleste, qui louait Dieu en disant : Gloire à Dieu au plus haut des cieux et paix sur la terre aux hommes qu’il aime ! ». Ô spectacle réjouissant et attristant à la fois. Réjouissant, car on y voit Dieu fidèle à sa promesse, envoyant son Fils unique pour nous conduire vers Lui. Un fils que l’on voit salué par les anges des cieux, qui annoncent la paix et l’espérance aux hommes qui l’accueilleront comme Seigneur et Sauveur et le glorifieront d’une gloire qu’il est seul à mériter. Car point de paix et d’espérance autres que ceux qui jaillissent de son cœur divin. Dieu véritablement. Spectacle désolant aussi car le Fils de Dieu, le Seigneur du Ciel et de la Terre, naît d’une Vierge dans une humble grotte et est déposé dans une mangeoire comme le plus pauvre des humains. Voilà qu’il choisit de naître dans la plus reculée des contrées de son temps, une contrée qui est devenue, hélas, célèbre en ces temps-ci, pour les exactions qui y sont commises et les tués et blessés qui y tombent, une contrée dominée par la haine et le meurtre. Il choisit d’être déposé dans une mangeoire d’animaux, n’ayant pour l’entourer que sa mère et son père adoptif, ayant vraiment besoin de langes pour y être enveloppé et d’une chaleur humaine que lui donnent ses parents. Homme véritablement. Il a voulu entrer dans ce monde comme n’importe quel être humain, ne possédant rien, vivant pauvrement, pour nous apprendre à ne pas amasser de l’argent pour en faire un dieu, selon l’avertissement qu’il nous a adressé : « Nul ne peut servir deux maîtres : ou il haïra l’un et aimera l’autre, ou il s’attachera à l’un et méprisera l’autre. Vous ne pouvez servir Dieu et l’argent. » Des biens de ce monde, nous devons nous contenter de ce qu’il a choisi pour lui, c’est-à-dire de « notre pain quotidien », et les quitter à son exemple, en ne laissant rien derrière nous. Il est vraiment Dieu et Homme ; c’est pourquoi il est Sauveur. Car il a su, lui le Créateur du monde et de l’homme, que ce dernier était incapable de se sauver lui-même, et qu’il avait besoin de quelqu’un pour le sauver, et d’abord de lui-même, être dont le péché originel a divisé le cœur, qui s’est mis à faire le mal qu’il hait et à ne pas faire le bien qu’il désire, selon les propres mots de l’apôtre Paul : « Je ne fais pas le bien que je veux et commets le mal que je ne veux pas ». Cela signifie que l’homme doit être encore plus prudent à son propre égard qu’il ne l’est à l’égard d’autrui. Mais il ne peut l’être qu’en restant constamment proche de Dieu, écoutant sa voix au fond de lui-même, agissant selon son inspiration, traitant les autres comme il souhaite être traité, selon le mot du Seigneur Jésus : « Tout ce que vous voulez que les hommes fassent pour vous, faites-le vous-mêmes pour eux : voilà la Loi et les Prophètes ». C’est là le début de la voie de la paix que les anges du ciel ont annoncé à la terre. Frères et fils bien-aimés, Avec le monde entier, nous cherchons la paix mais, de quelque côté que l’on se tourne, l’on ne trouve que les divisions, les disputes, les guerres. Car nous n’avons pas cherché cette paix à sa source. Jésus-Christ seul est la source jaillissante de la paix. Il est la paix véritable, selon ses propres paroles : « Je vous laisse la paix ; je vous donne ma paix. Je ne vous la donne pas comme le monde la donne ». Toute autre paix est trompeuse, car elle repose sur la force, la violence, l’équilibre des forces, l’équilibre de la terreur, ou bien elle est imposée par des traités en vertu desquels le faible se plie à la volonté du fort, sans cesser de guetter les occasion favorables pour secouer son joug et ses contraintes. À quelle sorte de paix peut-on s’attendre d’une guerre qui éclaterait dans notre région, et dont les préparatifs ont commencé sous forme d’afflux d’armements et de troupes, de navires de guerre, d’avions et de lance-missiles ? Quelle paix, alors même qu’à nos frontières méridionales la région continue de souffrir d’une guerre qui apporte quotidiennement son lot de morts et de blessés, de maisons et de villes détruites ? Et ceci se passe sur une terre dont une paix universelle aurait dû jaillir, d’une ville appelée sainte, d’une ville appelée Jérusalem, ville de la paix. Mais le Seigneur l’avait avertie des destructions qui l’attendaient, en affirmant : « Jérusalem, Jérusalem toi qui tues les prophètes et lapides ceux qui te sont envoyés, que de fois j’ai voulu rassembler les enfants à la manière dont une poule rassemble ses poussins sous ses ailes..., et vous n’en avez pas voulu ! Eh bien ! Votre demeure va vous être laissée déserte. » Voilà le sort de ceux qui rejettent Dieu et ses commandements. Et tandis que le feu se rapproche de nous, voici que nous sommes engagés dans des disputes et des rivalités déplacées en ces temps difficiles et tendus que nous traversons. Avec un peuple qui manifeste massivement pour protester contre des taxes devenues insupportables, qui geint sous le poids de dettes qui l’épuisent et épuisent ses enfants, d’un chômage qui menace de se généraliser, de la disparition des emplois annonciateurs de famine, de la violation de l’immunité d’institutions pédagogiques, du manque de transparence dans la conduite des finances publiques, ce qui jette le soupçon sur certains qui nous gouvernent. Tout cela est nuisible et nous éloigne beaucoup de la paix souhaitée. Nous exhortons tous les Libanais à s’en remettre à leur conscience et à craindre Dieu dans tout ce qui concerne leur patrie et l’avenir de leurs enfants. Nous demandons à Dieu, par l’intercession de Sa Mère, en ce souvenir du mystère de l’Incarnation, de nous inspirer d’imiter Jésus-Christ, de nous imprégner de son enseignement évangélique. Puisse-t-il nous fortifier afin que, conformés quotidiennement à ses commandements, nous restions, résidents et émigrés, les objets de ses bienveillants desseins. »
Le chef de l’Église maronite, le cardinal Nasrallah Sfeir, a consacré son message de Noël à une brève méditation sur la paix véritable, non celle qui est bâtie sur l’équilibre de la terreur ou la suprématie de la force, mais celle qui jaillit du cœur même de Dieu, et qui repose sur l’obéissance à ses commandements. Toutes les fausses paix sont éphémères, a averti...