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Actualités - REPORTAGE

VIENT DE PARAÎTRE - « Beyrouth et le sultan », une publication à deux voix... Pour mémoire visuelle d’un siècle révolu (photo)

Dans ses mémoires, Tahsine Pasha, chef des scribes du «diwan», rapporte ces paroles du sultan Abdul Hamid II: «Toute photographie, porteuse d’une idée et d’une seule, nous dispense d’un article d’une centaine de pages, tant elle est pleine de sens politique et de présence concrète. C’est pourquoi je tire meilleur profit des photos que des explications lourdes et précieuses des récits écrits.» Le sultan aurait même incité les institutions militaires et gouvernementales à se doter d’ateliers photographiques pour lui rendre compte du développement de ses provinces. Près de 40000 photographies, conservées aujourd’hui à l’Université d’Istanbul, constituent les fabuleuses Archives de Yildiz. Elles sont la principale source historique pour l’étude de l’Empire ottoman durant le règne de Abdul Hamid II. L’architecte Khaled Omar Tadmoury a pu acquérir des copies de 450 clichés relatifs aux villes et villages libanais ainsi que l’autorisation de les imprimer dans un livre. Le premier volume sera Beyrouth et le sultan, 1876 - 1909. Conçu sous forme d’album, l’ouvrage, trilingue, est publié aux Éditions Terre du Liban, avec la collaboration de la municipalité de Beyrouth et d’Amine Itani. Il propose une compilation de 200 reproductions, documents et cartes, tous inédits, et traduits de l’ottoman ancien par la spécialiste Sawsan Agha Kassab. L’historien anglais Philip Mansel a signé la préface et Saad Kiwan a concocté la mise en page. Comme un rempart contre l’oubli, l’admirable série de vues sépia déroule le panorama de la «capitale de vilayet»: la compagnie des eaux à Dbayé et la pompe d’eau potable construite sur le site de Nahr el-Kalb en 1886; les hôpitaux, les lieux de culte avec une annotation sur les salaires des fonctionnaires de la mosquée Omari; le siège de la poste à Souk el-Jamil, son déménagement à la citadelle située au port de Beyrouth puis sa démolition dans le cadre de l’agrandissement des quais en 1892; la voie ferrée Beyrouth-Damas achevée en 1895, la tour de l’horloge érigée en 1898; les postes de police, les prisons et les casernes occupées par des officiels en élégants uniformes et des soldats en tarbouches. En bref, la promenade guidée à travers bâtiments et monuments principaux dévoile une ville en pleine mutation que le sultan Abdul Hamid II voulait voir et que des photographes comme Bonfils, Dumas, Saboungi, Gofa, Charlier, Omar Adel, ou Ali Bahri ont sauvé de l’oubli en la fixant sur pellicules . Mémoire visuelle d’un siècle révolu, happé par les vicissitudes de la guerre et le massacre à la bétonneuse. La plupart de ces bâtiments sont aujourd’hui détruits. Il ne reste que la photo souvenir. May MAKAREM
Dans ses mémoires, Tahsine Pasha, chef des scribes du «diwan», rapporte ces paroles du sultan Abdul Hamid II: «Toute photographie, porteuse d’une idée et d’une seule, nous dispense d’un article d’une centaine de pages, tant elle est pleine de sens politique et de présence concrète. C’est pourquoi je tire meilleur profit des photos que des explications lourdes et...