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Actualités - OPINION

Pouvoirs - L’entente présidentielle bien accueillie économiquement mais pas politiquement Joumblatt et divers pôles s’efforcent de lutter contre le monopole de la doïka

Un ministre influent certifie que l’entente entre les présidents Lahoud et Hariri est permanente, capable de résister aux inévitables, et normales, divergences de vue sur nombre de questions. Cette solidité, qui bénéficie de l’ombrelle syrienne, est rendue nécessaire par de multiples impératifs extérieurs ou internes. Dont l’évidente nécessité d’une stabilité, d’une cohésion du pouvoir pour mener à bien l’opération de sauvetage économique et financier. Dans cet esprit même, les présidents souhaitent voir se conforter un climat de large consensus et de pactisation au nom de la solidarité nationale requise pour freiner la dégringolade aux enfers pécuniaires. En effet les dirigeants ont pu constater, chiffres à l’appui, comme tous les Libanais du reste, que leurs querelles coûtaient beaucoup au Trésor. Et en particulier à la Banque centrale qui, pendant des mois, avait dû se défausser d’une bonne partie de ses devises fortes afin de soutenir une livre aux abois. Cette même Banque centrale se refait actuellement des forces, en engrangeant des dollars par centaines de millions, le marché n’en étant plus demandeur. Bien entendu, l’harmonie retrouvée entre MM. Lahoud et Hariri a été l’un des facteurs primordiaux du moratoire appelé Paris II consenti au Liban par ses bailleurs de fonds et autres créanciers. Reprenant de même confiance, le secteur bancaire a de son côté prévu une rallonge globale de 4 milliards de dollars sur quelques années au soutien traditionnellement apporté à l’État. Parallèlement la crise du cellulaire a pu être résolue, aux conditions du ministre Cardahi, ce qui n’était pas une mince affaire, vu la complexité du dossier et l’énormité des intérêts en jeu. C’est donc la détente sur le front économique. Mais le fameux lavage des cœurs entre les présidents est jugé par certains comme un lavage des cerveaux dans le domaine politique. De nombreuses voix se sont élevées contre le détournement des pouvoirs constitutionnels par la troïka, contre la mise à l’écart du Conseil des ministres, des ministres eux-mêmes et du Parlement. Le plus en vue dans cette campagne de barrage reste Walid Joumblatt. Il dénonce l’atteinte faite au principe premier de la participation, du consensus général qui est le cœur même de toute vie politique dans un pays composite. Lors de la dernière séance, le ministre joumblattiste de l’Information, Ghazi Aridi, a protesté vigoureusement contre les débordements, les accaparements de pouvoir affectant les prérogatives du Conseil des ministres. Il a été remarquablement soutenu dans son réquisitoire par Talal Arslane. Parallèlement, Berry lui-même n’est pas tellement content et Élie Ferzli, son vice-président, ne manque pas une occasion de défendre les institutions contre les monopoles de fait. Mais cette grogne est attribuée par des loyalistes principalement au fait que l’entente au sommet de l’Exécutif, protégée par Damas, réduit forcément l’influence ou la marge de manœuvre des autres joueurs. Selon ces sources, les protestataires ne peuvent cependant pas aller très loin dans leurs critiques. Car, répètent-ils, les décideurs tiennent beaucoup à l’entente entre les présidents, à cause de la conjoncture régionale. Sur le terrain, si l’on peut dire, c’est Élias Murr surtout qui a assuré le rôle de trait d’union actif pour arrondir les angles sur certains sujets sensibles. Pour en revenir à l’opposition que suscite l’entente des officiels, un professionnel relève qu’il y a tout lieu « de craindre que l’axe Lahoud-Hariri-Murr, c’est-à-dire la tête, l’argent et le muscle, ne devienne une sorte de boa constrictor étouffant toute proie. Les autres alliances en sont en effet réduites à la part congrue. » Il n’est donc pas étonnant que Joumblatt tente de regrouper les partis, désactivés depuis longtemps comme rassemblement. Pour lui, l’économique ne doit pas avaler le politique. De plus, le leader progressiste dénonce le partage du pouvoir en domaines, estimant pour sa part que les finances ou l’économie ne se dissocient pas de la politique. Il menace de ne pas voter le budget, plus précisément le bordereau numéro 9. Et l’on s’attend qu’il s’efforce de créer avec Berry un axe susceptible de contrecarrer la doïka. Philippe ABI-AKL
Un ministre influent certifie que l’entente entre les présidents Lahoud et Hariri est permanente, capable de résister aux inévitables, et normales, divergences de vue sur nombre de questions. Cette solidité, qui bénéficie de l’ombrelle syrienne, est rendue nécessaire par de multiples impératifs extérieurs ou internes. Dont l’évidente nécessité d’une stabilité,...