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Actualités - CHRONOLOGIE

Le marché de l’emploi boude de plus en plus les lettres et les sciences humaines (photo)

Les études de lettres et de sciences humaines permettent-elles l’accès à la culture ou bien sont-elles un passeport pour l’emploi ? En d’autres termes, peut-on parler de l’utilité de ces disciplines dans un monde marqué par la technologie et le gain rapide ? Tels sont les thèmes d’une table ronde qui s’est tenue hier à la faculté des lettres et des sciences humaines à l’USJ. Animé par le vice-recteur à la recherche, Mounir Chamoun, les débats ont été axés sur le rôle et la place de la culture sur le marché de l’emploi, qui rechigne désormais aux formations en sciences humaines et en lettres. Pour Khalil Bitar, physicien, la distinction entre les requis du marché de l’emploi – qui supposent une culture de l’efficacité – et la culture entendue au sens globale du terme « est une distinction contre nature ». « Le poète, l’homme de lettres, l’écrivain ou le sculpteur ont-ils un métier ? », s’interroge l’intervenant. De même que la « logique » ou les « mathématiques » ne peuvent ignorer l’art ou les lettres, la philosophie comme discipline ne peut à son tour occulter la logique, encore moins les concepts de science contemporaine. « Est-il vrai que le choix de la faculté des lettres et des sciences humaines est fait en désespoir de cause lorsque l’étudiant est refusé par le département des sciences ? », se demande M. Bitar. En réalité, dit-il, on pense souvent, à tort d’ailleurs, que les études de lettres et de sciences humaines sont plus simples que les études scientifiques. Pour le doyen de la faculté des lettres et des sciences humaines à l’USJ, Jarjoura Hardane, il faut comprendre la culture comme une notion dynamique, et non comme « un dépôt cumulatif de diverses acquisitions ». « La culture est globale et indivisible. Elle ne saurait être présente dans le fonctionnement intellectuel ou artistique et absente du fonctionnement professionnel ou quotidien. » Par conséquent, dit le doyen, la culture est inhérente à toute formation. M. Hardane estime en outre que les lettres et les sciences humaines permettent sans aucun doute l’accès au marché du travail à condition que le « regard de la société change à leur égard et qu’elles soient reconnues comme des disciplines à part entière débouchant sur des métiers indispensables ». Évoquant par ailleurs le nombre élevé d’universités au Liban, il affirme que la pléthore des institutions académiques « est une aberration ». L’université n’est pas un projet commercial, dit-il, mais un lieu de transmission et de développement du savoir. Le doyen de la faculté des lettres et des sciences humaines à l’UL, Riad Kassem, relève pour sa part l’intérêt grandissant pour l’enseignement des langues et pour les sciences sociales depuis notamment l’introduction d’une spécialisation en sociologie économique, les deux disciplines étant étroitement liées aux besoins du marché. Et M. Kassem de dénoncer l’absence d’un plan d’étude adapté aux besoins du marché libanais et arabe et le manque de coordination entre l’Université libanaise et les autres institutions académiques pour ce qui est de la définition des objectifs attendus de l’enseignement supérieur. Reprenant la définition d’Aristote selon laquelle l’homme est un animal sage doté de raison, le doyen de la faculté des lettres et des sciences humaines à Balamand, Nadim Naimy, opère une distinction entre les sciences humaines – qui portent sur « l’homme dans l’homme » et les autres domaines d’expertise qui, dit-il s’intéressent à « l’animal dans l’homme », c’est-à-dire, à ses besoins matériels. Il s’agit de spécialisations qui, par définition, sont fondées sur la recherche du profit, donc sur des critères quantitatifs. Alors que les « revenus » attendus de l’homme de lettres ou du diplômé en sciences humaines ne peuvent être comptabilisés, dit-il. « Soutenues par la technologie, l’argent et les médias, les sciences objectives ont réussi à transformer le monde en un village marqué par l’unilatéralisme sans parvenir pour autant à l’unifier. » Je.J.
Les études de lettres et de sciences humaines permettent-elles l’accès à la culture ou bien sont-elles un passeport pour l’emploi ? En d’autres termes, peut-on parler de l’utilité de ces disciplines dans un monde marqué par la technologie et le gain rapide ? Tels sont les thèmes d’une table ronde qui s’est tenue hier à la faculté des lettres et des sciences...