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Actualités - REPORTAGE

CMF - Les 55 ministres, emmenés par Ghassan Salamé, terminent leurs travaux avec, en point d’orgue, la résolution sur la Côte d’Ivoire Lausanne confirme Beyrouth : le politique définitivement ancré en francophonie

Lausanne, de notre envoyé spécial Ziyad MAKHOUL Le Sommet de Beyrouth, si tant est que quelques âmes ronchonnes ou chagrines ne l’aient pas encore compris, a donné à la planète francophone une sacrée et salvatrice pichenette. Qui a pour nom et pour couleur : politisation. Ces mêmes âmes apeurées, renfermées, obnubilées par ce que Ghassan Salamé appelle « la francophonie de papa » auraient pu penser, espérer que ce qui s’est passé dans la capitale libanaise n’était qu’un coup de pétard mouillé. Un simple concours de circonstances, un hasard, une coïncidence. Las. La 18e Conférence ministérielle francophone (CMF), qui a terminé hier ses travaux à Lausanne, est venue confirmer, clairement, nettement, la nouvelle et heureuse dimension politique de la francophonie. Ce nouvel ancrage s’est concrétisé, entre autres, sous la férule d’un chef d’orchestre (c’est le ministre de la Culture, Ghassan Salamé, qui a présidé cette CMF) plus que convaincu de la nécessité de voir se compléter le politique et la coopération, et dont le discours d’ouverture, qui a donné le « la » de cet ancrage, a continué, au deuxième jour, de susciter moult commentaires admiratifs de la part de différentes délégations officielles. Un discours, une prise de position qu’est venue conforter la détermination de Paris, par le biais du ministre français délégué à la Coopération et à la Francophonie, Pierre-André Wiltzer, pour que cette politisation devienne chose définitivement acquise. Par les bons soins, notamment, d’une implication nettement plus forte, nettement plus mitterrandienne de la France dans l’espace francophone. Pour preuves : Paris a accepté une rallonge de 20 millions d’euros par an qui seront mis sur le crédit de l’OIF, et le président français, Jacques Chirac, souhaiterait lui-même inaugurer la future Maison de la francophonie en 2006. On parle, mais rien n’est moins sûr, du palais de Chaillot, entre autres, comme future maison-mère de la famille francophone. Avec la question centrafricaine (une résolution a été votée, invitant le secrétaire général de l’OIF à continuer d’œuvrer au retour définitif de la paix en République centrafricaine et recommandant à l’OIF et à son SG d’intervenir auprès des institutions internationales de Bretton Woods, UE, BAD et autres, en vue d’aider le pays à sortir de la situation de misère dans laquelle il se trouve), et, surtout, la crise ivoirienne, le politique est le maître-mot. La résolution sur la Côte d’Ivoire est éloquente : il y est question de la subsidiarité, chère à Ghassan Salamé, avec les relations entre l’Organisation internationale de la francophonie ; et il y est clairement sous-entendu qu’une médiation de la francophonie, en parallèle au binôme CEDEAO-Paris, pourrait être une bonne chose, à l’heure où toutes les interventions semblent avoir échoué. Voici le texte de la résolution sur la Côte d’Ivoire – le pays qui comporte, rappelons-le, la plus importante diaspora libanaise sur le continent africain : « L’OIF exprime sa forte préoccupation face à la détérioration de la situation en Côte d’Ivoire. «Se référant à la déclaration de Bamako sur les pratiques de la démocratie dans l’espace francophone et à la déclaration de Beyrouth, l’OIF rappelle son refus de tout coup de force visant à renverser l’ordre constitutionnel démocratique. Elle condamne les violences et les atteintes graves et massives aux droits de l’homme. «Elle réitère son refus de toute ingérence ou interférence extérieure et dénonce toutes les atteintes à l’unité, à l’intégrité territoriale et à la souveraineté de la Côte d’Ivoire. Elle considère que le règlement de la crise passe par l’arrêt des combats et appuie en ce sens les efforts de la CEDEAO visant à permettre l’émergence d’une solution politique durable, et lance un appel pressant aux États membres pour qu’ils fassent preuve de solidarité concrète et apportent leur appui, sous toutes les formes possibles, aux efforts entrepris dans ce cadre. «L’OIF salue les efforts engagés à l’initiative du Sénégal, président en exercice de la CEDEAO, en vue d’une réunion à Lomé, et se félicite des résultats positifs de la rencontre tripartite au sommet Burkina Faso-Côte d’Ivoire-Mali, à Bamako, initiée par la République du Mali. «L’OIF se félicite de la disposition manifestée par la France à accueillir à Paris les chefs d’État africains concernés et, parallèlement, à organiser une réunion des représentants des forces politiques ivoiriennes. «L’OIF invite les gouvernements, les ONG et la société civile en général dans le monde francophone à fournir l’assistance urgente, en particulier sur le plan humanitaire, que requiert la situation. «L’OIF se déclare disponible pour continuer à apporter sa contribution à un règlement pacifique de la crise actuelle, en appui, notamment, aux efforts déployés par la CEDEAO. Elle demande au secrétaire général de continuer à suivre la situation et de réunir dans les meilleurs délais le comité ah hoc consultatif restreint prévu en application du dispositif de la déclaration de Bamako. » D’ailleurs, Boutros Boutros-Ghali a convoqué une réunion sur la Côte d’Ivoire, mardi prochain à Paris. Et le président du CMF, Ghassan Salamé, a appelé à un rôle accru de l’OIF pour la préservation de la paix dans les pays où les guerres civiles font rage – notamment en Côte d’Ivoire et en Centrafrique. Autre point d’orgue de ces deux jours de travaux, et qui confirme que toutes les facettes de la politisation de l’institution sont mises à profit : les relations entre l’OIF et les organisations internationales. Puisqu’étaient présents les délégués de la Cnuced, du Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l’homme et de l’Unité africaine. Et qu’une grande partie des débats a porté sur l’action et la participation musclée de l’OIF au Salon mondial de l’information, qui se tiendra à Genève en 2003 et à Tunis en 2005. Et la question de la fracture, ou de l’illettrisme, électronique a occupé une large partie des débats. En gros : cela a porté sur la non-vulgarisation, pour tous, de l’Internet et de ses vertus... La question de la réforme des instances francophones a également été longtemps évoquée. Une nécessité pour les bailleurs de fonds (France, Canada, Québec, Belgique, Suisse...), qui ont particulièrement insisté sur l’indispensable mise en œuvre de cette réforme. Sauf qu’il semblerait que la mise en place du groupe de travail et l’élection du pays qui le présiderait soient remises jusqu’à l’entrée en fonctions le 2 janvier prochain, du nouveau secrétaire général de l’OIF, Abdou Diouf. Et ce souhait, une exigence même, entendu à plusieurs reprises dans les coulisses du palais Beaulieu de Lausanne : que l’ordre du jour de chaque conférence ministérielle francophone comporte désormais au moins un sujet politique. Et qu’Abdou Diouf mette, rapidement, les pieds dans l’étrier. Pour aller encore plus loin, plus haut, plus fort, dans cette indispensable mutation de la planète francophone. Et de son être-au-monde politique. Beyrouth candidate pour les Jeux de la francophonie en 2009 Le ministre de la Culture et président de la 18e session de la Conférence ministérielle de la francophonie (GMT), Ghassan Salamé, a fait campagne, en marge des travaux, pour la candidature de Beyrouth à l’organisation des Jeux de la francophonie, en 2009. Les villes rivales étant, pour cette date, Sofia en Bulgarie, Bucarest en Roumanie et Sion en Suisse. Rappelons que les Jeux de la francophonie se déroulent chaque année, avec des épreuves aussi bien sportives que culturelles. Du suivi du Sommet de Beyrouth... Dans son rapport présenté en clôture des travaux de la 18e session de la Conférence ministérielle de la francophonie (CMF), le ministre-président de la Communauté française de Belgique, Hervé Hasquin, a indiqué que le débat à propos du suivi du Sommet de Beyrouth (l’un des fils rouges de cette CMF) a permis « de confirmer l’importance de poursuivre la mise en œuvre de la déclaration et du plan d’action (de Beyrouth) dans tous leurs volets : politique, économique et de coopération. Les délégués ont particulièrement insisté sur la nécessité d’une impulsion volontariste pour appuyer le processus d’élaboration d’une convention internationale sur la diversité culturelle et ont, à cet effet, adopté une résolution ». Les cinquante-cinq délégués ont également souligné l’importance d’engager la réflexion concernant le fonctionnement des instances de la francophonie. Réitérant leur volonté d’affermir la dimension économique de la francophonie, notamment en impliquant davantage l’OIF : dans la réalisation des objectifs du Nepad, ainsi que par la tenue d’un symposium sur le financement du développement.
Lausanne, de notre envoyé spécial Ziyad MAKHOUL Le Sommet de Beyrouth, si tant est que quelques âmes ronchonnes ou chagrines ne l’aient pas encore compris, a donné à la planète francophone une sacrée et salvatrice pichenette. Qui a pour nom et pour couleur : politisation. Ces mêmes âmes apeurées, renfermées, obnubilées par ce que Ghassan Salamé appelle « la francophonie...