Rechercher
Rechercher

Actualités - CHRONOLOGIE

CONCERT - Magnifique prestation en l’église Saint-Joseph - USJ L’Orchestre symphonique national libanais sous ombrelle polonaise(photos)

Un des plus beaux concerts du mois de décembre avant la clôture de l’année en l’église Saint-Joseph de l’USJ illuminée et comme d’habitude pleine jusqu’aux derniers bancs. Musique fastueuse et chatoyances orchestrales avec les accords somptueux d’un organiste inspiré où se sont déployées les partitions de Stanislaw Moniuszko, Francis Poulenc et Johannes Brahms. Dirigé de main de maître par Joseph Wilkomirski (qui a à son actif plus d’un demi-siècle au service de la musique), rehaussé par un invité de marque aux claviers de l’orgue, Andrzej Bialko (qui a donné une remarquable prestation mardi dernier à l’Assembly Hall), l’Orchestre symphonique national libanais a offert aux mélomanes un pur moment de bonheur où la musique, sous ombrelle polonaise, était d’une beauté littéralement retentissante. Dans le cadre de l’année Moniuszko, un des grands compositeurs polonais (à part Chopin !) et que notre auditoire gagne à mieux connaître, l’ambassade de Pologne a entrepris une « joint-venture » musicale avec un prestigieux chef d’orchestre et un exécutant soliste haut de gamme pour honorer et surtout mieux révéler, par le biais de notre orchestre national, la personnalité et l’œuvre d’un musicien au talent immense. Ouverture donc avec les premières mesures du Paria, opéra de Stanislaw Moniuszko qui jette l’auditeur sur les rives d’un romantisme teinté de passion et de mystère que n’aurait pas désavoué la générosité d’une mélodie verdienne… Brillante ouverture où souffle un esprit tourmenté mais qui en aucun moment, malgré de terribles mugissements comme la géhenne des flammes dévorantes, ne laisse la place à une vaine agitation car le ton demeure d’une souveraine élégance doublée d’un raffinement absolu. Rien ne justifie la présence du Concerto pour orgue et orchestre de Francis Poulenc après la narration véhémente et tout en allure solennelle de Moniuszko, si ce n’est le sens et le plaisir de varier les mondes sonores. En soliste pour cette œuvre commandée par la princesse de Polignac, Andrzej Bialko, familier des compositions de Bach et de Franck, d’ailleurs enregistrées par ses soins avec la réinstallation de l’orgue du Philharmonique de Cracovie. Imposant tout en gardant une certaine atmosphère intimiste, ce concerto, au style éclectique accordant ses préférences à l’invention et au perfectionnement, est bâti sur un seul mouvement avec sept parties serrées comme mailles alternant célérité et lenteur, passages doux et emportements flamboyants. Musicien français par excellence, Poulenc, ici tout aussi bien qu’ailleurs, est reconnu pour sa clarté, son sens des proportions, sa sensualité et son imagination visuelle. Qualités qu’on perçoit dans cette œuvre à la fois majestueuse et ludique, aux premières mesures lumineuses et fluides comme une toccata qui transperce les voûtes d’une cathédrale où brûlent cierges et encens. Part belle en effet aux claviers de l’orgue qui domine souvent l’orchestre tout en établissant un dialogue subtil avec violons et surtout caisses de résonances aux roulements à la fois sécurisants et angoissants. De l’humour à la Satie aux stridences à la Stravinsky, le monde de Poulenc a des chavirements imprévisibles comme ces états d’âme qu’on ne saurait jamais saisir au vol d’une phrase, au coin d’une larme ou au bout d’un rire. Après l’entracte, place à une œuvre majeure d’un musicien originaire des bords de l’Elbe et émigré jusqu’au Danube. On parle, bien entendu, de Johannes Brahms dont on écoute la plus grandiose de ses symphonies, la Quatrième en mi mineur. Une composition aux couleurs automnales, quoique écrite à cinquante-deux ans et où se mêlent en un ton éminemment romantique exaltation, sévérité, sobriété et mélancolie. Sentiments complexes et touffus qui finissent en apothéose au bout de quatre mouvements d’une grande puissance et richesse sonore. Un allegro tout en force ouvre le premier thème interrompu par les traits des cors pour révéler le second motif en forme de lied qui se répand tout en sinuosité entre cors et bois. Le troisième mouvement est un rondo présentant une mélodie de caractère presque populaire et se termine dans l’exubérance la plus vive. Le finale, énergique et passionné, offre des variations qui entre Bach et Beethoven révèlent une écriture d’une absolue clarté et puissance. Architecture polyphonique d’une grandeur à couper le souffle dans ces dernières phrases retentissantes d’une beauté olympienne. Longue, très longue ovation debout pour un orchestre et des solistes qui ont bien mérité tout l’enthousiasme qu’on leur porte. Et une grande gerbe de fleurs au vénérable maestro Jozef Wilkomirski, bras levés, lunettes sombres sur le nez et cheveux de neige un peu ébouriffés comme par une tempête, qui a donné à la musique, pourtant régulièrement exécutée en ces lieux, une autre dimension. Edgar DAVIDIAN
Un des plus beaux concerts du mois de décembre avant la clôture de l’année en l’église Saint-Joseph de l’USJ illuminée et comme d’habitude pleine jusqu’aux derniers bancs. Musique fastueuse et chatoyances orchestrales avec les accords somptueux d’un organiste inspiré où se sont déployées les partitions de Stanislaw Moniuszko, Francis Poulenc et Johannes Brahms....