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Actualités - REPORTAGE

NOUVEAU - Un site Internet où l’on peut placer son CV en ligne Cerveaux libanais point com(photo)

Les « cerveaux libanais », bien que correspondant à une réalité reconnue de tous, alimentent nombre de clichés et agrémentent beaucoup trop de discours. Des paroles emphatiques qui ne se traduisent que bien peu en un soutien pratique, les « cerveaux libanais » devant généralement se débrouiller tout seuls. Aujourd’hui, ils donnent leur nom à un site Internet, «www.lebanesebrain.net», une idée originale et pratique qui peut aider les Libanais, jeunes et moins jeunes, à trouver du travail ou à changer d’emploi. Fondé il y a trois mois par Philippe Moukarzel, président du Rassemblement des professionnels et des techniciens du Liban (Aptal), ce site correspond à une idée simple (mais il fallait y penser!): tout Libanais, quel qu’il soit, et quelle que soit sa spécialisation, peut tout simplement placer son CV en ligne dans le cadre de ce site ouvert, naturellement, à des employeurs du monde entier. Seul critère exigé: la nationalité libanaise. Cette méthode augmente les chances des participants d’être embauchés par des compagnies libanaises ou étrangères qui recherchent des employés ou des techniciens. M. Moukarzel, qui a financé ce projet, déclare avoir été mû par « une volonté de faciliter la tâche aux Libanais ». « Nous travaillons dans l’esprit d’une ONG et non dans un objectif commercial, parce que le bien public nous importe», explique-t-il. Pourquoi avoir opté pour une formule qui adopte pour seul critère une nationalité ? « Parce que les Libanais diplômés se trouvent souvent démunis, sans personne pour les aider à se lancer, souligne-t-il. L’État a trop de problèmes et il est habitué, depuis la guerre, à dépendre largement des ONG pour régler certaines questions importantes. Nous avons l’impression de combler une lacune et d’offrir un service d’envergure nationale.» Ce service donc est exclusivement réservé aux porteurs de la nationalité libanaise, et c’est la seule chose dont s’assurent les créateurs du site. Ceux-ci ne se mêlent en effet de rien d’autre, considérant qu’ils agissent en tant que simple trait d’union entre employeurs et employés, d’où l’originalité de l’entreprise. « Nous ne recommandons personne auprès des compagnies ni ne conseillons quoi que ce soit à ceux qui placent leur CV sur le site, précise M. Moukarzel. Il existe une fiche que le demandeur d’emploi doit remplir aussi complètement que possible. Il est totalement responsable des informations qu’il y joint. Les compagnies, avec lesquelles nous n’établissons pas de contacts et auxquelles nous n’offrons aucune garantie, sont libres d’appeler les candidats de leur choix et de juger de leurs capacités par elles-mêmes. » D’un autre côté, il n’est nullement exigé du demandeur d’emploi de rendre compte aux créateurs du site de son éventuelle embauche, d’où le fait que M. Moukarzel n’a aucune idée précise du nombre de personnes ayant déjà trouvé du travail suite à leur adhésion au site. Si on demandait au moins aux candidats heureux de signaler qu’ils ont trouvé un emploi, cela permettrait à l’Aptal de mieux évaluer le succès de son entreprise... « Cela est vrai, reconnaît M. Moukarzel. Mais nous refusons de nous engager dans cette voie parce que nous ne voulons pas donner l’impression d’exercer une pression quelconque sur les candidats. Tout ce que nous savons aujourd’hui, c’est que nous avons reçu beaucoup de nouvelles demandes de personnes qui ont entendu parler du site par des amis, embauchés de cette manière.» 1800 CV et 30000 visiteurs L’adhésion au site de Lebanesebrain était gratuite à la base. Mais M. Moukarzel affirme qu’il lui est difficile d’assurer ainsi la continuité de l’entreprise (qu’il finance entièrement, à l’exception de quelques publicités, « que nous considérons plus comme une contribution que comme un réel financement»). Actuellement, pour avoir la possibilité de placer son CV sur le site, il faut acheter une carte prépayée (d’une valeur de 20000 livres libanaises) auprès de l’une des entreprises commerciales qui vendent ce produit. Cette carte comporte un numéro de série et un code qu’il faut introduire pour avoir accès à la page d’introduction du CV ou au service nouvellement installé qui assure aux visiteurs un accès à une liste d’offres d’emploi (puisées dans les différentes publications). Jusqu’à présent, le site a attiré 1800 CV et 30000 visiteurs, un nombre élevé qui a surpris ses créateurs. Cette matière brute pourrait fournir des éléments intéressants sur les besoins du marché et sur le chômage. « Il faudrait attendre encore deux mois, souligne M. Moukarzel. Nous serons alors en mesure de fournir certaines informations à notre portée sur le marché du travail, comme par exemple les filières qui sont sursaturées ou, au contraire, les spécialisations qui sont très demandées. Nous les mettrons à la disposition des milieux universitaires. » Il faut dire que le site est divisé en plusieurs pages consacrées aux différentes spécialisations: administration et marketing, comptabilité, informatique, santé (plusieurs branches), hôtellerie, études bancaires, ingénieurs, techniciens, industrie, arts, tourisme, pédagogie, journalisme, traduction, pharmacie, avocats... Il existe même une page consacrée aux inventions et innovations. Ce qui paraît un peu surprenant, c’est que les textes principaux ainsi que les noms des spécialisations sont en arabe, alors que les candidats ont le choix de remplir leurs formulaires en anglais (ce que la plupart d’entre eux font d’ailleurs). Pourquoi, si le site est destiné à des compagnies de tous les pays, les textes ne sont-ils pas traduits? M. Moukarzel assure que le site devrait évoluer et que le maximum de textes, notamment les noms de spécialisations, devraient ultérieurement être traduits en anglais. « Mais si nous avons, à l’origine, opté seulement pour l’arabe, c’est que notre site est surtout destiné au monde arabe, dit-il. Je préfère savoir que nos jeunes vont émigrer dans ces pays d’où ils reviendront à plus ou moins longue échéance, plutôt que de les pousser à quitter le Liban pour de bon vers des destinations plus lointaines. » Pour M. Moukarzel, les bénéfices de l’adhésion à ce site ne se limitent pas aux chances de trouver du travail. « Ce site finira par rassembler les différents candidats, à la manière d’un club, estime-t-il. À titre d’exemple, imaginez un candidat qui a déjà déposé son CV dans une catégorie et qui se trouve un jour dans une situation qui requiert les services d’un avocat. Il pourra consulter le site à son tour et choisir l’un des noms figurant dans la page des avocats, pour demander à cette personne un conseil ou un service. À la longue, on pourrait envisager que les personnes ayant trouvé du travail grâce au site, par exemple, puissent se contacter et former un club à part. » Le site www.lebanesebrain.net, bien qu’il ait déjà attiré un peu moins de deux mille candidatures en trois mois, ne sera inauguré officiellement que dans quelques semaines. Suzanne BAAKLINI
Les « cerveaux libanais », bien que correspondant à une réalité reconnue de tous, alimentent nombre de clichés et agrémentent beaucoup trop de discours. Des paroles emphatiques qui ne se traduisent que bien peu en un soutien pratique, les « cerveaux libanais » devant généralement se débrouiller tout seuls. Aujourd’hui, ils donnent leur nom à un site Internet,...