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Actualités - OPINION

Tribune Le miracle libanais

À l’aube du soixantième anniversaire de notre indépendance, il est utile de mettre en relief quelques phénomènes politiques qui prouvent l’enracinement profond de ce pays aux sources de son instinct de survie. Que se passe-t-il donc sur la scène nationale ? Nous assistons à un chassé-croisé de tendances qui auraient été inimaginables à l’époque de la naissance de notre indépendance, époque où chacune des communautés composantes de la mosaïque libanaise recherchait une identité spécifique pour assurer sa survie et affirmer sa présence. Ainsi, il était devenu naturel que la communauté à laquelle le pacte de 43 avait réservé la présidence de la République allât consolider ses appuis séculaires auprès de la mère affectueuse qui se dénomme France. De même, il était pour le moins aussi naturel que la communauté à laquelle le pacte de 43 avait réservé la présidence du Conseil allât consolider ses liens indéfectibles avec la sœur aînée qui se dénomme Syrie. De temps en temps, sous l’influence des événements politiques, il arrivait que la sœur aînée, occupée à réaliser ses aspirations révolutionnaires, cédât sa place à un autre membre de la famille arabe qui pouvait avoir pour nom Égypte, Irak ou Arabie saoudite. Nous assistons aujourd’hui à un renversement total du panorama politique. Ne voit-on pas la communauté à laquelle est réservée la présidence de la République aller s’assurer des appuis sur les bords du Barada... tandis que la communauté à laquelle est réservée la présidence du Conseil amorce une opération amicale intitulée Paris II sur les bords de la Seine. Quelle philosophie peut-on tirer de ce phénomène qui se situe, pourrait-on dire, à contre-courant des aspirations populaires, toutes directions confondues ? Seul l’instinct de survie nationale peut expliquer les événements qui se déroulent sous nos yeux. Car il est évident que nulle stratégie concertée n’a pu amener les diverses parties à échanger leurs rôles et leurs responsabilités. Ce même instinct a poussé une autre communauté à poursuivre des voies politiques différentes dans l’évident besoin de satisfaire son ambition à participer à l’essor national et à sauvegarder l’intégrité du territoire. Et l’on pourrait pousser l’exemple aux communautés diverses où la tendance naturelle à la division se traduit soit par un dédoublement des leadership politiques, soit par un dédoublement des influences électorales. Est-ce à dire que l’instinct de survie politique pousse inexorablement les tenants de cette action historique à éviter toute situation qui milite en faveur du rassemblement ? Est-ce à dire que la division des rangs soit une condition essentielle à la sauvegarde de l’entité nationale ? Autant de questions pour lesquelles nous n’avons pas de réponses. Mais qui donc a pu trouver réponse à miracle ? Antoine EL-DAHDAH Ancien ambassadeur
À l’aube du soixantième anniversaire de notre indépendance, il est utile de mettre en relief quelques phénomènes politiques qui prouvent l’enracinement profond de ce pays aux sources de son instinct de survie. Que se passe-t-il donc sur la scène nationale ? Nous assistons à un chassé-croisé de tendances qui auraient été inimaginables à l’époque de la naissance de...