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Actualités - OPINION

La 1441 et Hariri remettent les pendules locales à l’heure des échéances

Pure coïncidence sans doute, mais efficace : au moment où le Conseil de sécurité de l’Onu publiait la résolution 1441 tant attendue sur (ou contre) l’Irak, Hariri annonçait de Paris que Paris II justement aurait lieu le 23. Et son staff donnait lecture aux Libanais, littéralement affamés, du menu (alléchant, rien que du gratin doré) des participants. Cette double proclamation a eu pour effet de mettre sous le nez des jouteurs locaux des échéances qui restaient jusque-là théoriques. Il faut donc préparer Paris II et se préparer aux retombées de la guerre US contre Saddam Hussein. D’où un nécessaire armistice, un gel des sujets qui fâchent. Sous réserve de confirmation de la trêve, dans les prochains jours, un ministre influent se félicite de la cessation des hostilités entre l’opposition et le pouvoir. Allant plus loin, ce pôle influent souhaite une réunification solide des rangs internes, la cimentation d’une solidarité nationale sans faille, pour faire face aux sombres dangers qui planent dans le ciel régional, comme pour aider au redressement économique et social. En tout cas, avec les bombinettes littorales antifast-food US pour les uns, les dossiers financiers pour les autres, les officiels ont tous actuellement du pain (de hamburger) sur la planche. Ce qui permet de supposer qu’ils ne vont plus perdre le temps précieux dévolu au service public en de vaines querelles, ou manigances, politiciennes. L’objectif prioritaire est bien entendu Paris II auquel 17 États plus ou moins contributeurs vont participer, aux côtés des fonds ou caisses islamo-arabes ainsi que de la Banque mondiale et du FMI. Le rendez-vous ne sera pas long. Mais le seul fait qu’il se tienne permet à des loyalistes de développer la docte leçon suivante : « Le monde entier s’intéresse à nous et nous regarde. Nous devons faire attention à notre façon de nous comporter dans nos pénates. Nous ne devons pas offrir le spectacle d’une famille désunie. Car, si nous n’avons pas l’air disposés à nous aider nous-mêmes en premier lieu, ni le ciel ni les riches ne voudraient venir à notre secours. Il faut savoir s’élever au-dessus des petites rancœurs locales, pour servir ensemble l’intérêt national. » Ces moralistes, qui n’appartiennent visiblement pas à un clan déterminé, lancent donc un appel à la raison qui s’adresse aussi bien à leurs bons amis du pouvoir qu’aux opposants. En précisant que la poursuite des zizanies « traduirait une honteuse indifférence aux épreuves que la population subit du fait de la récession. Ainsi qu’une inconscience suicidaire face aux périls qui menacent, directement ou indirectement, le Liban ». Apportant sa propre pierre à l’édifice de la cohésion, sinon de l’unité nationale, le régime saisit toutes les occasions pour soutenir Hariri et applaudir les efforts qu’il déploie en faveur du redressement économique. Et tous les loyalistes se disent en chœur optimistes par rapport à Paris II, qu’ils présentent comme une planche de salut. En ajoutant une précision utile, cette conférence ne servirait qu’à peu de choses si elle ne devait pas s’inscrire dans le cadre d’un programme complet, englobant les privatisations, la réduction du déficit budgétaire et (plus ou moins) une réforme de l’Administration publique. Le plan global doit d’ailleurs être soumis aux bailleurs de fonds, pour mieux les convaincre de la validité de leur geste virtuel à l’égard du Liban. Pour tout dire, les dirigeants suivent aujourd’hui le conseil donné il y a un an par Wolfensohn, le président de la Banque mondiale. À l’issue de sa visite à Beyrouth, il avait en effet relevé que le Liban est un navire qui accuse manifestement une brèche dans ses flancs ; si tout l’équipage ne concourt pas à la colmater, le bâtiment coulerait, entraînant avec lui tous ceux qui se trouvent à bord. Du côté de l’opposition, de Kornet Chehwane plus précisément, on observe, on attend, sans faire trop de commentaires. Il convient de signaler cependant qu’un émissaire de Hariri a rencontré récemment Mgr Youssef Béchara, pour lui parler d’une affaire de wakfs. À cette occasion, indiquent des sources informées, la réserve politique dans laquelle Hariri se tient depuis quelque temps aurait été évoquée. Son envoyé aurait répondu qu’il n’était pas habilité à parler politique, mais que de toute évidence le Premier ministre est entièrement pris par Paris II. Façon de sous-entendre, sans doute, que tout le monde devrait en faire autant et ne s’occuper, ou se préoccuper, que de cela. Philippe ABI-AKL
Pure coïncidence sans doute, mais efficace : au moment où le Conseil de sécurité de l’Onu publiait la résolution 1441 tant attendue sur (ou contre) l’Irak, Hariri annonçait de Paris que Paris II justement aurait lieu le 23. Et son staff donnait lecture aux Libanais, littéralement affamés, du menu (alléchant, rien que du gratin doré) des participants. Cette double...