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Actualités - OPINION

Vie politique - Pas encore de réconciliation nationale en vue Libération aujourd’hui de Toufic Hindi

Levée d’écrou ce samedi pour Toufic Hindi, qui a accompli à Roumieh la peine de 15 mois de prison infligée pour intelligence avec l’ennemi et rencontres avec des responsables israéliens. Hindi, ancien conseiller politique de Samir Geagea, est membre de la Rencontre de Kornet Chehwane. On ne s’en souvient pas beaucoup, en général, parce que cela fait bien trop longtemps que, contraint et forcé, il se trouve loin de la scène politique. En marge de la satisfaction que sa libération peut procurer sur le plan humain, elle n’apporte pas grand-chose sur le plan politique. Elle n’est pas en effet le fruit d’une décision, d’un geste d’apaisement du pouvoir, mais le résultat automatique d’une arrêt de justice. Ces derniers temps d’ailleurs, on bute systématiquement sur le judiciaire quand on aborde le politique... Hindi était considéré innocent par beaucoup et des démarches pressantes avaient été faites en sa faveur par nombre d’instances, religieuses ou autres, mais en vain. Alors que les détenus bénéficient en général de presque un tiers de remise de peine pour bonne conduite, Hindi a subi la totalité de sa sanction. D’ailleurs étonnamment, mais heureusement, réduite par rapport à la gravité des chefs d’accusation lancés contre lui. C’est comme si, dit un diplomate en poste à Beyrouth, on voulait à tout prix l’embastiller à un moment donné, comme un bouc émissaire, mais sans l’accabler excessivement. L’épreuve, sa famille le sait, a été cependant extrêmement dure. Car, outre les effets sur sa santé, et sur son moral, de son emprisonnement, l’homme doit maintenant lutter pour réhabiliter sa dignité mise à mal par ses accusateurs. Il faudra donc voir s’il va décider de reprendre le combat aux côtés de l’Est ou s’il va se retirer de la scène politique. On pense en tout cas, en général, que Hindi ne suivra pas l’exemple d’autres emprisonnés antérieurs qui ont choisi un autre camp que l’opposition. Côté libération, la MTV n’est pas servie. Les 450 employés, désormais sans ressources, ont allumé, la larme à l’œil, la bougie du onzième anniversaire à Achrafieh. Ils ne savent pas s’il y aura un douzième anniversaire. L’opposition non plus, dont certains membres optimistes disent en privé que le pouvoir, conscient des règles du jeu, va sûrement donner la réouverture de la MTV pour compenser la perte du siège de Gabriel Murr. Et pour avoir la paix sur le front intérieur, puisqu’il plaide tout le temps en faveur de la stabilité, c’est-à-dire d’une accalmie. Mais on n’en serait pas pour autant plus proche d’une vraie réconciliation nationale. Car les temps, dans l’optique des démiurges qui aiment toujours diviser pour régner, ne sont pas venus. Ainsi Hindi, au bout de sa trop longue détention, découvrira (s’il s’y intéresse encore) que rien au fond n’a changé. Le pouvoir campe sur les mêmes vieilles positions de refus et de discrimination par rapport à l’Est politique, en cherchant toujours à saper l’opposition, Kornet Chehwane en tête. La Rencontre de son côté défend certes toujours les mêmes principes mais a subi une sévère hémorragie, des suites des coups reçus. Elle a perdu une tribune essentielle avec la MTV, puis le strapontin de Gabriel Murr à la Chambre et enfin le Bloc national qui a décidé de s’en retirer. Elle a perdu son ancienne coordination avec le courant Aoun, remarquablement populaire chez les jeunes même à l’Ouest, comme en témoignent les élections estudiantines à l’AUB. Elle a aussi perdu, en principe, l’exclusivité en tant que groupe constitué sur la scène chrétienne, puisqu’on a créé, pour lui faire face et pendant, un bloc parlementaire loyaliste également chrétien. Et bien entendu, elle a perdu sa quasi-alliance avec Joumblatt, qui est même devenu l’un de ses principaux contempteurs. Il reste à savoir, et c’est l’essentiel, si Kornet Chehwane risque de perdre l’aval de Bkerké, comme les loyalistes le souhaitent. Philippe ABI-AKL
Levée d’écrou ce samedi pour Toufic Hindi, qui a accompli à Roumieh la peine de 15 mois de prison infligée pour intelligence avec l’ennemi et rencontres avec des responsables israéliens. Hindi, ancien conseiller politique de Samir Geagea, est membre de la Rencontre de Kornet Chehwane. On ne s’en souvient pas beaucoup, en général, parce que cela fait bien trop longtemps...