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Actualités - CHRONOLOGIE

PRÉPARATIFS DE PARIS II - Hariri évoque avec Powell le problème irakien et la situation dans les Territoires Le FMI demande des détails sur le programme des réformes

Le Premier ministre, Rafic Hariri, s’est montré très peu loquace à l’issue des entretiens qu’il a eus lundi matin à Washington avec le directeur du Fonds monétaire international, Horst Kohler, et le secrétaire d’État américain, Colin Powell. À sa sortie du département d’État, il s’est contenté de souligner que « tous les entretiens sont positifs jusqu’à présent ». Affirmant que « les choses évoluent dans le bon sens » et qu’il était « optimiste » quant aux perspectives de la conférence de Paris II, M. Hariri a précisé qu’une seconde réunion aurait lieu mardi matin (aujourd’hui) avec le FMI afin de parachever les discussions entamées la veille. Cette seconde réunion avec le FMI n’était pas prévue dans le programme officiel de la visite. Quant à son entrevue avec le secrétaire d’État (qui a duré trente minutes), M. Hariri a indiqué qu’elle avait porté sur le problème irakien et la situation dans les territoires palestiniens. De son côté, M. Powell (qui a accueilli et raccompagné M. Hariri à l’entrée du bâtiment du département d’État) s’est refusé à toute déclaration. La réunion avec M. Powell a eu lieu en présence du secrétaire d’État adjoint, William Burns, du secrétaire d’État adjoint pour les Affaires du Moyen-Orient, David Satterfield, et de l’ambassadeur du Liban à Washington, Farid Abboud. Rencontre avec Wolfensohn Auparavant dans la matinée de lundi, M. Hariri et les membres de la délégation qui l’accompagnent, les ministres Fouad Siniora et Bassel Fleyhane ainsi que le gouverneur de la Banque du Liban, Riad Salamé, avaient tenu une réunion d’une heure et demie avec les responsables du FMI, le directeur en tête. À l’évidence, les dirigeants du FMI se sont montrés quelque peu pointilleux sur le programme de réformes du gouvernement puisqu’une seconde réunion a été fixée, en sus des entrevues prévues, également mardi, avec le secrétaire US au Trésor, Paul O’Neil, et la conseillère du président George Bush pour la sécurité nationale, Mme Condoleezza Rice. Lundi après-midi (heure de Washington), M. Hariri et la délégation libanaise ont conféré avec le président de la Banque mondiale, James Wolfensohn. Le Premier ministre avait eu un premier entretien informel avec M. Wolfensohn dimanche soir (heure de Washington) peu de temps après son arrivée dans la capitale fédérale. M. Hariri était arrivé vers 17h, dimanche, à Washington (minuit, dans la nuit de dimanche à lundi, heure de Beyrouth) au terme d’un vol direct de douze heures. L’avion privé de M. Hariri, un Boeing 777 transformé en avion présidentiel (avec toutes les facilités de communication et tout le confort requis), s’est posé à la base militaire Andrew Air Force. Le Premier ministre a eu droit à un accueil solennel : tapis rouge, escorte sécuritaire, convoi officiel d’une quinzaine de voitures qui ont sillonné les rues de Washington au son des sirènes actionnées par les véhicules de l’escorte sécuritaire. Le chef du gouvernement regagnera Beyrouth mercredi matin. Ses entretiens dans la capitale fédérale auront constitué l’étape la plus importante dans le cadre des préparatifs de Paris II. À l’instar de ce qu’il avait fait lors de ses visites, ces derniers jours, au Japon, en Malaisie et dans les pays du Golfe, M. Hariri s’est employé à convaincre ses interlocuteurs du bien-fondé de la politique de redressement économique et financier entamée par le pouvoir. Concrètement, l’objectif recherché à Washington est d’obtenir la caution de l’Administration américaine et, surtout, du FMI à cette politique de réformes. Ce soutien est crucial pour que le Liban puisse obtenir, à la faveur de la conférence de Paris II, des crédits préférentiels ou des garanties de crédit permettant de restructurer la dette publique de plus de 30 milliards de dollars. Les emprunts à court terme t à taux d’intérêt élevés (prés de 12,5 %) seraient ainsi remplacés par des crédits à long terme et à taux réduits, ce qui permettrait de diminuer le service de la dette. La confiance des donateurs Afin que le gouvernement bénéficie d’emprunts à de meilleures conditions, il est nécessaire d’abord de rétablir la confiance des pays donateurs et des marchés internationaux dans l’économie libanaise et d’améliorer la position du Liban dans le classement des pays à risque établi par les agences internationales de notation. Or, ce double objectif ne saurait être atteint sans la caution du FMI, de la BM et de l’Administration US aux mesures de réformes économiques. D’où l’importance des entretiens d’aujourd’hui, lundi, à Washington. Ce que M. Hariri et les membres de la délégation qui l’accompagne ont fait valoir à leurs interlocuteurs, c’est que la restructuration de la dette ne constitue que l’une des composantes d’un plan de redressement comportant un ensemble de mesures concrètes. Comme l’a rappelé M. Siniora à L’Orient-Le Jour, « nous proposons un“package” qui constitue un tout indissociable ». Dans le but d’aiguillonner en quelque sorte les Libanais afin de leur faire prendre conscience de la nécessité de se mettre, enfin, à la tâche, d’arrêter le gaspillage et de consentir des sacrifices, M. Siniora souligne qu’il est illusoire de penser qu’en négligeant l’une des composantes du plan de sauvetage, il serait possible de mener le pays à bon port. Dans le cadre du « package » évoqué par M. Siniora, la restructuration de la dette devrait être accompagnée ainsi d’une réduction des dépenses budgétaires, d’un accroissement des recettes, de la privatisation des services publics, de la titrisation de certaines recettes de l’État (notamment celles de la Régie et de la téléphonie mobile) et de l’adoption de mesures susceptibles de dynamiser l’économie afin d’atteindre, dans une première étape, une croissance de 2 ou 3 % l’année prochaine. « Grâce à une réduction du service de la dette (3 milliards de dollars par an, soit 47 % des dépenses de l’État), nous devrions parvenir à réduire progressivement le déficit budgétaire et à équilibrer le budget en 2006 ou en 2007, mais à condition de ne négliger aucun des éléments de notre plan de redressement », précise M. Siniora à L’Orient-Le Jour. Ce sont les différents aspects de ce plan qui ont été discutés avec le directeur du FMI et le président de la BM. « L’intérêt de notre démarche, a indiqué M. Hariri à L’Orient-Le Jour, c’est que nous avons nous-mêmes soumis à nos interlocuteurs notre plan de réformes alors que généralement, les pays en voie de développement s’adressent au FMI pour lui demander une aide financière et se soumettre aux condition et aux mesures imposées par le FMI (dont notamment la dévaluation de la monnaie nationale). » « En ce qui nous concerne, précise M. Hariri, nous avons effectué le chemin inverse en discutant avec le FMI de nos propres idées. » Le FMI insistait jusqu’à récemment pour que le gouvernement mette un terme à sa politique de soutien à la livre, arguant du fait que les réserves en devises de la Banque du Liban devraient servir à résorber la dette plutôt qu’à intervenir sur le marché d’échanges pour maintenir un taux fixe de la LL par rapport au dollar. Il aura fallu de nombreux mois pour que le gouvernement puisse convaincre les dirigeants du FMI que le Liban n’est pas en mesure de supporter les conséquences sociales d’une dévaluation et que la priorité pourrait être accordée à un plan global de réformes plutôt qu’à la levée de la politique de soutien à la livre. Amélioration de la conjoncture Cette offensive de l’Exécutif auprès des organismes internationaux à Washington a été précédée d’un début d’application des mesures de redressement préconisées par le gouvernement : privatisation de certains services publics, application de la TVA et surtout élaboration du projet de budget 2003 prévoyant une baisse sensible du déficit (25 %). Parallèlement, le Liban bénéficie d’une amélioration de la conjoncture : le déficit budgétaire a baissé depuis 2001 (51 % en 2001 et 42 % en 2002) ; et les cinq ou six derniers mois de l’année ont été marqués par une évolution positive de certains indices économiques. Autant de facteurs qui apportent de l’eau au moulin de M. Hariri. Encore que le renversement de tendance perceptible ces derniers mois pourrait être simplement conjoncturel. Les organismes internationaux attendront sans doute quelque peu pour déterminer dans quel sens évolue réellement la situation. C’est peut-être cette incertitude qui a motivé la seconde réunion avec le FMI. Il faudra donc être à l’écoute de Paris II pour en savoir plus sur la disponibilité des pays donateurs et des marchés internationaux à réagir positivement à la démarche libanaise. Il reste que c’est surtout au Liban que se trouve la clé de l’opération de sauvetage. Et la clé de cette entreprise de redressement est étroitement liée à la confiance des Libanais dans leur État. Encore faut-il que l’État sache gagner la confiance de la population, plus précisément de toutes les composantes de la société.
Le Premier ministre, Rafic Hariri, s’est montré très peu loquace à l’issue des entretiens qu’il a eus lundi matin à Washington avec le directeur du Fonds monétaire international, Horst Kohler, et le secrétaire d’État américain, Colin Powell. À sa sortie du département d’État, il s’est contenté de souligner que « tous les entretiens sont positifs jusqu’à...