Conférence - L’ambassadeur expose l’aide américaine au Liban Battle : La USAID poursuivra sa politique de développement(photo)

«Notre engagement pour les trois années à venir est indéfectible. » C’est ce qu’a déclaré hier l’ambassadeur américain, Vincent Battle, alors qu’il commentait les futures activités de l’Agence américaine pour le développement international (USAID). Au cours d’une conférence de presse organisée au centre-ville sur ce même thème, M. Battle a présenté la nouvelle stratégie adoptée par l’agence américaine pour les trois années à venir, soit de 2003 à 2005, une manière de dire que les projets américains de développement ne seront pas interrompus de sitôt. Le diplomate n’a pas manqué de rappeler au passage que la USAID « soutient, ouvertement et de manière démocratique, toutes les communautés, nonobstant leur religion, confession ou conviction politique. » Cette conférence de presse, qui a été exclusivement consacrée à l’action de l’agence américaine au Liban, fait suite aux nombreuses interrogations suscitées après l’annonce, il y a quelques semaines, d’une réduction de 10 millions de dollars du budget annuel affecté à l’aide américaine au développement pour l’année financière 2003. Une réduction qui avait été décidée par le Congrès américain, mais qui n’a toujours pas été tranchée par le Sénat. le diplomate américain a insisté sur l’idée que l’objectif de la conférence de presse est de faire connaître aux Libanais les réalisations passées et les projets futurs de l’agence, d’autant que la nouvelle stratégie vient d’être élaborée. Création d’opportunités économiques, appui aux municipalités, gestion plus efficace des ressources hydrauliques et renforcement de la démocratie, tels sont les terrains de prédilection de la USAID, qui travaille selon la devise : «aider les gens à s’aider eux-mêmes ». « Beaucoup de Libanais ont entendu parler de l’agence, mais personne ne sait ce qu’elle fait », a dit M. Battle, d’où l’intérêt de promouvoir ses activités auprès des citoyens. Après avoir remercié tous les Libanais qui ont présenté leurs condoléances à la famille et aux amis de Larry Foley, M. Battle a passé en revue les récentes réalisations de l’agence notamment au plan du développement rural, du soutien aux administrations locales, de l’environnement et de l’éducation. Il s’agit de plusieurs centaines de projets mis en route depuis 1997, dont certains ont « amélioré de manière substantielle la qualité de vie de la majorité des Libanais vivant dans les zones rurales », a précisé le diplomate. « La USAID fournit 90 % de l’ensemble des micro-crédits octroyés au Liban, des prêts qui ont contribué depuis 1985 à la croissance de plus 35 000 petites entreprises », a-t-il ajouté. L’agence a en outre financé plusieurs projets de traitement des eaux usées et aidé plus de 2 700 producteurs laitiers à accroître leur production. Elle est par ailleurs intervenue auprès des municipalités, dont les membres ont été formés « aux outils de la bonne gouvernance », et à « améliorer leur perception des taxes ainsi que la qualité de leurs services », a encore relevé M. Battle. Présente également dans le domaine de l’éducation, notamment à travers son soutien à la LAU, à la American Community School (ACS) ou encore par le biais des bourses octroyées aux enfants défavorisés, la USAID vient de lancer, dans le cadre d’un programme intitulé « Smart Bus », des sessions de formation à l’informatique destinées aux populations des régions éloignées. Quant à la nouvelle stratégie prévue (2003 à 2005), elle vise essentiellement trois secteurs, a précisé le diplomate, à savoir les secteurs agroalimentaire, de l’information et de la technologie, et le développement du tourisme, et ce, « dans le but de renforcer la position du Liban en tant qu’acteur dans l’économie régionale et globale». « En plus d’un soutien accordé au Liban pour faciliter son accès à l’Organisation mondiale du commerce (OMC), la USAID encouragera les politiques de réformes au plan de la législation relative à l’investissement et à la propriété intellectuelle », a ajouté M. Battle. Interrogé sur une information récente faisant état d’une réduction de l’aide américaine au développement à 15 pays seulement, sur un total de 86 pays qui bénéficient de cette assistance, l’ambassadeur a affirmé que cette question est en cours de discussion, « mais que rien ne changera en ce qui concerne l’engagement américain au Liban ». Évoquant sa visite dans la région de l’Iqlim el-Kharroub – qui devait avoir lieu le même jour –, il a souligné que « certains avaient relevé mes multiples déplacements dans le pays ». Une allusion probable aux récentes critiques adressées par des personnalités politiques libanaises qui s’interrogeaient sur la nature et les objectifs des activités de l’agence américaine à travers le pays. Pas plus tard que mardi dernier, l’ancien député du Chouf, Zaher el-Khatib, avait souligné que le diplomate américain n’était pas le bienvenu dans l’Iqlim el-Kharroub, s’interrogeant par ailleurs sur ses « déplacements douteux dans toutes les régions du Liban ». Je.J. Réalisations passées et projets futurs de la USAID au Liban La USAID a inauguré ses projets au Liban en 1997 avec un budget d’assistance annuelle de 12 millions de dollars. En 2002, l’investissement annuel de l’agence a atteint 35 millions de dollars. Voici, en substance, quelques-unes des principales réalisations de cette agence et les projets escomptés pour les années 2003, 2004 et 2005. I - Réalisations : * Dans le domaine de la croissance économique : – Dans le cadre du programme de développement rural, plus de 1300 ONG locales ont aidé à la construction de routes, écoles, cliniques et à l’installation de l’eau potable et de systèmes d’irrigation dans les régions concernées. – Depuis 1998, plus de 35 000 femmes vivant dans des conditions précaires sont parvenues à améliorer leurs petites entreprises par le biais d’une aide octroyée sous forme de micro-crédits . * Renforcement de la démocratie : – L’agence a aidé plus de 250 municipalités à améliorer leur mode de gestion et leurs services grâce à des sessions de formation et par le biais de l’octroi d’ordinateurs aux conseils municipaux. Les employés et membres du conseil ont été rodés à informatiser et à mettre à jour toutes les données relatives au budget et à la collecte des taxes municipales. – Le même type de formation a été dispensé aux membres du Parlement, notamment dans les domaines d’analyse budgétaire, politique et législative. – En 1999, l’agence a initié une étude sur la corruption au Liban. * L’environnement : – L’agence a aidé l’AUB à améliorer son programme environnemental en soutenant le laboratoire spécialisé en environnement et le centre des ressources hydrauliques. * Campagne de prévention contre les mines : – Mise en place d’une campagne d’éducation des citoyens au danger des mines. Aide humanitaire aux victimes notamment par la biais de la création d’opportunités de travail. II - Nouvelle stratégie : – Accroître les opportunités économiques par le biais d’une intégration rurale-urbaine : Établir des liens de collaboration entre les activités rurales et industrielles, notamment dans les secteurs de l’agroalimentaire, du tourisme et de la technologie, de manière à encourager les économies d’échelle et à contribuer à la création d’emplois. – Accélérer la réforme économique : Créer un climat propice à l’investissement en réformant les lois sur l’investissement, la politique de concurrence et les droits de propriété intellectuelle. – Renforcer les fondements de la bonne gouvernance : Les activités prévues concerneront des questions telles que la transparence, la responsabilisation des acteurs politiques, la planification au sein des municipalités, la privatisation et le e-government. – Améliorer les politiques environnementales : Amélioration de la gestion des ressources en eau, de la tarification et de la rentabilité. Planification au niveau national et local et élaboration de politiques écologiques à long terme. – Développer le partenariat entre les secteurs privés et publics : Renforcer le partenariat qui existe entre la USAID et les ONG, les entreprises privées, les agences gouvernementales, les institutions pédagogiques américaines et d’autres donateurs.