LIBAN-SUD - Les responsables ne craignent pas les menaces, puisque le Liban est dans son droit Israël pourrait mener une grande attaque, avertissent des sources diplomatiques(photo)

Plusieurs sources, une même information : la situation au Liban-Sud serait explosive et les Israéliens prépareraient une opération de grande envergure. Ce sont, du moins, les impressions recueillies par notre correspondant au palais Bustros, Khalil Fleyhane, auprès des responsables du ministère des Affaires étrangères. Tous les diplomates reçus ces derniers jours par les responsables libanais auraient ainsi transmis le même message : il faut faire très attention, car le pire peut encore arriver. De nombreux indices confortent d’ailleurs ces informations : il y a eu d’abord les menaces explicites du Premier ministre israélien à la suite du lancement du projet de pompage au Wazzani, puis la nouvelle du démantèlement d’un réseau israélien qui travaillait pour le compte du Hezbollah qui a, selon la presse israélienne, causé un choc au sein de la population et les informations insistantes sur la possession par le Hezbollah de missiles sophistiqués qui peuvent atteindre des localités dans le centre de l’État hébreu, c’est à dire bien au-delà des frontières. De plus, la récente annonce de Sharon que la Russie a répondu positivement à sa requête de s’abstenir de vendre des missiles de type Sam 18, à la Syrie, de peur qu’on ne les retrouve entre les mains du Hezbollah, semble aller dans le même sens. Interrogé à deux reprises sur la question, l’émissaire russe au Proche-Orient, Andreï Vdovine, en visite à Beyrouth, a refusé d’y répondre, montrant ainsi que l’information est sérieuse. Deux cibles : le Hezbollah et les installations du Wazzani Face à tous ces éléments, le plan israélien de mener une opération au Sud deviendrait de plus en plus plausible. Cette opération pourrait prendre pour cibles l’infrastructure du Hezbollah et les installations au Wazzani. Certaines informations parlent même d’une invasion d’envergure, dans le style de celle de 1982, qui permettrait de modifier totalement la donne au Liban. Mais ces informations évoquent aussi l’opposition des États-Unis à une telle opération. Selon des sources diplomatiques occidentales, Sharon aurait tenté à plusieurs reprises d’obtenir l’aval des États-Unis à une telle opération, précisant que le Hezbollah n’est pas une menace pour Israël seulement, mais aussi pour l’ensemble de la région et pour le monde occidental. Toutefois, les États-Unis ont jusqu’à présent refusé de le suivre sur cette voix, lui expliquant qu’ils sont opposés à toute action dans la région, susceptible d’entraver la guerre qu’ils comptent mener contre l’Irak. Mais les mêmes sources diplomatiques rapportent que Sharon ne désespère pas de convaincre les États-Unis de l’inéluctabilité d’une opération militaire au Liban et la divulgation du réseau d’espionnage travaillant pour le Hezbollah s’inscrit dans ce cadre. Par contre, les responsables libanais refusent de donner trop d’importance à ces informations, déclarant à leurs interlocuteurs qu’ils sont désormais habitués aux campagnes israéliennes visant à les effrayer et ils relèvent que le projet de pompage d’eau du Wazzani est tout à fait légitime et la quantité prise par le Liban fait partie de la quote-part qui lui revient de droit, selon tous les traités internationaux. Enfin, les responsables précisent que si Sharon est tenté par une opération militaire au Liban, celle-ci ne sera pas facile et le Liban a déjà prouvé qu’il sait s’opposer aux agresseurs. Les responsables libanais ajoutent, à cet égard, que le Liban n’attend pas une réponse de la part du secrétaire général des Nations unies, Kofi Annan, au rapport qu’ils lui ont remis sur le projet du Wazzani, car le Liban n’a pas besoin d’une autorisation pour utiliser ses droits légitimes. En attendant, le Sud se prépare au pire et si le Hezbollah n’a plus mené d’opérations contre les positions israéliennes depuis plusieurs semaines, la situation demeure assez tendue. La source du Wazzani, devenue ces deux semaines une sorte de lieu de pélerinage pour les habitants de la région, est le nouveau baromètre de la situation et depuis quelques jours, elle est moins fréquentée...