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Actualités - CHRONOLOGIE

Communautés - La place Sassine a failli être privée de la « petite fleur » Achrafieh a réservé un extraordinaire accueil aux reliques de sainte Thérèse(photos)

Jeunes de tous âges, mamans et vieilles grand-mères, couples avec enfants et vieux oncles célibataires, cuisinières et maîtresses de maison, prêtres et religieuses, sans oublier les employées de maison sri lankaises ou philippines, bref tous les habitants d’Achrafieh ont réservé un accueil extraordinairement enthousiaste aux reliques de sainte Thérèse de Lisieux, après avoir vécu des moments de frustration et d’incertitude, tout au long de l’après-midi, au sujet de l’itinéraire final du convoi transportant le reliquaire. Ils étaient plusieurs centaines, place Sassine, bien en avance sur l’heure fixée pour l’arrivée des reliques de sainte Thérèse. Mais vers 17 heures, soit une heure plus tard, la déception était à la mesure de l’attente, la rumeur ayant circulé que les reliques changeaient d’itinéraire et qu’elles ne passeraient pas par Sassine. Pendant près de deux heures, une grande confusion devait régner, parmi les fidèles, sur l’itinéraire des reliques. Au gré des bulletins de nouvelles, des coups de téléphone, des affirmations des officiers des FSI, des bénévoles de la Croix-Rouge ou des scouts assurant le service d’ordre, les nouvelles les plus contradictoires parvenaient à la foule, mais la plupart assuraient que la visite du reliquaire, place Sassine, était reportée, et qu’elle aurait lieu ce matin. Dérobade Certains attribuaient cette dérobade au ministère de l’Intérieur et à la tension ambiante, faisant d’amères réflexions sur l’époque. D’autres restaient dans le vague, mais n’en pensaient pas moins. Lassés d’attendre en vain, une partie des fidèles massés place Sassine se dirigeait alors vers l’église du Saint-Sauveur des grecs-catholiques, déçue, grognant, mais déterminée. Au Saint-Sauveur et à Sodeco commençait alors une attente interminable, ponctuée par de fausses annonces de l’arrivée du reliquaire ou de l’itinéraire qu’il suivait. Enfin, on apprenait que le convoi était parvenu devant le siège de l’archevêché grec-catholique de Beyrouth, et qu’il atteindrait l’église, d’un moment à l’autre. Mais d’un moment à l’autre, puis à l’autre encore, le temps continuait de s’étirer, jusqu’au moment où, finalement, la procession atteignait Sodeco. Là, coup de théâtre, sur insistance du député Michel Pharaon, et passant outre aux conseils de prudence qui étaient prodigués depuis quelques jours de la part de ceux qui redoutaient l’infiltration de la procession de sainte Thérèse par des militants aounistes, le convoi se dirigeait vers la place Sassine. On apprenait par la suite que M. Pharaon n’avait pas hésité à soulever la question en Conseil des ministres, jugeant qu’il était inadmissible de frustrer l’attente des fidèles, pour des considérations peu crédibles. « Miracle », place Sassine À Sassine, l’arrivée des reliques est presque passée pour un miracle. Peut-être en était-ce un ? Toutefois, il en fallait un autre pour permettre à la Rolls blanche, modèle 1928, qui transportait le reliquaire, de se frayer un chemin dans la foule. Résultat, au lieu du quart d’heure prévu pour Sassine, c’est pratiquement une heure qu’il a fallu attendre, pour que le bain de foule du reliquaire s’achève, sans même que tout le monde ait eu la chance de le toucher, ou de saisir au vol des roses rouges ou des poignées de pétales jetées par les prêtres qui l’escortaient. Des prêtres qui entrecoupaient les chants diffusés à pleine puissance par les haut-parleurs, d’encouragements, de pensées pieuses, d’appels à applaudir sainte Thérèse et même... de slogans innocemment politiques. Ainsi, on entendit l’un d’eux souhaiter que les reliques de sainte Thérèse apportent au Liban « liberté et indépendance ». Ce qui devait faire tiquer l’officier des FSI guidant, poste à la main, le détachement d’agents de la gendarmerie qui encadraient le véhicule et lui permettait d’avancer. Apothéose L’apothéose de la procession devait suivre. De Sassine au Saint-Sauveur, par le boulevard de l’Indépendance et le square Sodeco, une foule évaluée à une vingtaine de milliers de personnes, grossissant à mesure que l’on se rapprochait de l’église, devait se joindre à la procession, priant ou battant la mesure aux cantiques rythmés diffusés par la voiture assurant la sono. Sur les immeubles, des bougies plantées dans des sacs rouges ou blancs décoraient les balcons et les toits, tandis que la procession passait devant des dizaines de boutiques décorées de portraits, d’arrangements floraux et de ballons, encadrant des portraits de la « petite fleur », et que des volutes d’encens embaumaient les rues. De leur côté, des ouvriers de « Sukleen » égarés dans la foule renonçaient provisoirement à prendre, avec leurs longues pinces, les papiers jetés dans la rue. Ils balayeront, aujourd’hui, l’équivalent de plusieurs sacs de riz et de pétales. Engagé enfin dans la ruelle conduisant à la rue Monnot, la procession arrivait au terme de son voyage. Devant l’entrée de la cour conduisant à l’église, ce sont des agents des FSI qui auront l’honneur de porter le reliquaire sur leurs épaules, pour l’introduire dans la nef, aux sons des volutes polyphoniques des cantiques byzantins, succédant avec bonheur aux cantiques rythmés ou romantiques de fabrication récente. Sainte Thérèse était enfin chez elle... pour quelques heures. Aujourd’hui, le reliquaire quitte Achrafieh, à 15 heures, pour l’église Sainte-Thérèse, à Mansourié. Fady NOUN
Jeunes de tous âges, mamans et vieilles grand-mères, couples avec enfants et vieux oncles célibataires, cuisinières et maîtresses de maison, prêtres et religieuses, sans oublier les employées de maison sri lankaises ou philippines, bref tous les habitants d’Achrafieh ont réservé un accueil extraordinairement enthousiaste aux reliques de sainte Thérèse de Lisieux, après avoir vécu...