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Actualités - CHRONOLOGIE

LIBERTÉS - Trois jeunes militants hospitalisés, une trentaine interpellés puis relâchés À Fanar, confrontation entre aounistes et forces de l’ordre(photo)

Hier, le périmètre du campus de la faculté des sciences de l’Université libanaise à Fanar s’est métamorphosé et pendant quelques heures, l’espace était comparable à un champ de bataille. Hier matin, afin d’empêcher les étudiants de divers courants de l’opposition de se rassembler, l’armée et les forces de l’ordre avaient quadrillé Achrafieh et plusieurs campus universitaires de la capitale, notamment ceux de l’USJ à la rue Huvelin et à la rue de Damas, et de la faculté de gestion de l’UL à Sioufi (voir par ailleurs). L’initiative n’a pas pour autant découragé les jeunes. Les étudiants aounistes, FL, PNL et de la base Kataëb, soutenus par leurs camarades de divers courants de gauche, ont décidé d’observer un sit-in, avec un groupe d’employés de la MTV, au campus de la faculté des sciences de l’UL. Ils voulaient défendre simplement « les libertés publiques ». Mais il était bien difficile, vers midi et demi (l’heure du rendez-vous), d’arriver à Fanar. L’armée, les FSI, les brigades antiémeutes, l’unité d’intervention spéciale et les pompiers avaient bloqué toutes les routes menant au campus. Le portail principal de la faculté était lui aussi inaccessible, bien gardé par les militaires qui avaient encerclé les lieux. Et des hommes en civil s’étaient – comme d’habitude – infiltrés dans la petite foule de partisans de l’opposition. Des partisans qui n’étaient guère plus de 350, brandissant des portraits de camarades morts, de prisonniers et d’exilés… bref de plusieurs leaders de l’opposition chrétienne. Vers 13 heures, les jeunes qui attendaient aux barrages dressés par l’armée dans le périmètre de la faculté ont bravé un premier interdit : ils ont marché vers l’enceinte du campus, escaladant les murs sous le nez des forces de l’ordre. Plus d’une trentaine, dont plusieurs élèves du Collège Mont La Salle et leur surveillant, ont été arrêtés. Sur fond de chants patriotiques et de slogans antisyriens, un meeting oratoire a été entamé dans l’enceinte du campus. Tour à tour, des représentants des employés de la MTV et des courants de l’opposition ont pris la parole décidant ensuite d’intervenir pour « libérer leurs camarades arrêtés ». Scandant « liberté, souveraineté et indépendance » et entonnant l’hymne national, les aounistes prennent la tête de la marche, arrivent au portail du campus gardé par la brigade antiémeutes (munie de boucliers, de casques et de battes). Les forces de l’ordre tentent de les empêcher de quitter les lieux et pressent contre eux la grande porte de fer. La bastonnade commence. Plusieurs battes s’écrasent sur les étudiants. Certains se défendent et ripostent, escaladent le portail. D’autres, munis d’un tuyau d’arrosage, lancent un filet d’eau à travers la porte du campus vers l’extérieur, visant les casques des membres de la brigade antiémeutes. À l’intérieur du campus encore, un peu loin du portail, des hommes en civil n’ayant pas l’air d’être des étudiants, et qui seront très vite imités par les jeunes aounistes, se baissent, ramassent des pierres et des cailloux, les lancent vers la rue. La riposte des forces de l’ordre vient très vite. Le campus et ses étudiants sont arrosés par de puissants canons à eau brandis par les pompiers de la Défense civile. L’intervention ne calme pas pour autant les étudiants, bien au contraire. Certains jeunes, les nerfs chauffés à blanc, continuent à lancer des pierres. Le pare-brise d’une voiture de pompiers vole en éclats. La rue est comparable à un champ de bataille. Et puis les jets d’eau et de pierres s’arrêtent. L’accalmie ne durera pas longtemps. Un groupe d’une quinzaine d’étudiants saute la muraille du campus. Les jeunes filles et les jeunes hommes s’assoient sur l’asphalte, brandissent les portraits du général Aoun, scandent des slogans partisans. La réponse ne se fait pas attendre. Durant une dizaine de minutes, comme si l’on avait arrêté la scène d’un film sur une seule et unique image, les étudiants sont plaqués à terre par un puissant jet d’eau déversé par les canons d’une voiture de pompiers, stationnée à presque cinq mètres du petit groupe. Waad Abi Samra, âgée de vingt ans, étudiante aux beaux-arts, est blessée et ramenée par ses amis à l’intérieur du campus. Quand la puissante pluie d’eau s’arrête, une camionnette de l’armée s’approche. À coups de pied et de crosse, les soldats obligent le petit groupe à prendre place à l’arrière du véhicule. Les forces de l’ordre reculent, la fièvre des étudiants se calme. Durant plus d’une heure, ils chantent et scandent leurs slogans favoris. Entre-temps, la Croix-Rouge, dont les ambulances n’ont pas pu pénétrer l’enceinte du campus, évacue trois blessés. Les secouristes sautent par dessus le mur qui sépare les bâtiments de la faculté de la rue pour porter les brancards sur lesquels Waad Abi Samra, Rita Chalhoub et Joseph Antonios sont immobilisés. Tous les étudiants interpellés ont été relâchés quelque temps après la fin du sit-in. Patricia KHODER
Hier, le périmètre du campus de la faculté des sciences de l’Université libanaise à Fanar s’est métamorphosé et pendant quelques heures, l’espace était comparable à un champ de bataille. Hier matin, afin d’empêcher les étudiants de divers courants de l’opposition de se rassembler, l’armée et les forces de l’ordre avaient quadrillé Achrafieh et plusieurs campus...