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Actualités - CHRONOLOGIE

RECHERCHE - Présentation des résultats d’une étude de l’USJ sur le développement communautaire Hamadé : « Les étudiants, des victimes toutes désignées pour certains services de l’État »

Les résultats d’ordre qualitatif, et non quantitatif, d’une recherche sur le développement communautaire ont été rendus publics par l’École libanaise de formation sociale (Elfs) de l’Université Saint-Joseph (USJ) lors d’un séminaire qui a été inauguré hier et qui se poursuivra aujourd’hui. Ce projet, dont la réalisation a duré trois ans et qui s’est déroulé au Liban ainsi que dans plusieurs autres pays d’Asie, a été lancé sur une initiative de la Fédération internationale des universités catholiques (Fiuc). Le travail sur le terrain a porté sur trois îlots, deux d’entre eux géographiques, à savoir les quartiers défavorisés de Sin el-Fil et de Bourj Brajneh, et le troisième carcéral, à la prison de Roumié. Ont également participé à cette recherche des équipes travaillant sur le terrain, notamment l’Association justice et miséricorde (Agem), le Service infirmier et de développement communautaire (SIDC), le Centre gouvernemental pour les services de base et de développement (CSBD) du ministère des Affaires sociales. Le colloque intitulé « Université et développement communautaire, une unité d’approche dans la diversité des pratiques » a été inauguré hier en présence du ministre Marwan Hamadé, du père Sélim Abou, recteur de l’USJ, de Mgr Guy-Réal Thivierge, secrétaire général du Fiuc, ainsi que de nombreux responsables de l’université. M. Hamadé a fait remarquer qu’une telle recherche permettrait de « favoriser une synergie pour la promotion de politiques sociales étatiques ». « Or c’est là que le bât blesse », a-t-il poursuivi. « À quelques rares et brillantes exceptions comme l’étude conduite par l’USJ et Mme Kasparian sur le statut social des Libanais et de leur jeunesse, la recherche n’est guère le fort de l’État, un État qui souffre d’une allergie chronique aux statistiques, sauf quand elles servent, à mauvais plutôt qu’à bon escient, un objectif politique et déterminé. » Il a poursuivi : « Voici donc un domaine d’excellence pour notre université, à l’heure où elle fait l’objet, rectorat et corps professoral, de suspicions qui touchent presque à la malveillance et alors que ses étudiants sont, eux aussi et pour certains services de l’État, les victimes toutes désignées d’une maltraitance morale et physique ciblée. » « Or je saisis l’occasion de ce colloque sur l’université et le développement communautaire pour mettre, une fois pour toutes, les points sur les i des notions de liberté, de démocratie et de souveraineté », a-t-il souligné. « Je le fais avec d’autant plus d’aisance que cette université traduit de plus en plus, dans les faits comme dans les chiffres, sa nature libanaise, son ouverture arabe et sa vocation humaniste. Sans liberté et sans démocratie, les Libanais de Sin el-Fil ou de Bourj Brajneh vous le confirmeront : point de démocratie, point de Liban. Reste la souveraineté qui ne doit pas être comprise, en ces temps d’interdépendance régionale et de globalisation mondiale, comme un déni d’arabisme ou comme un divorce avec la Syrie. » Le père Abou a évoqué l’expérience de l’Elfs et notamment les projets que l’École a réalisés. Il a notamment parlé de la recherche intitulée « Formation de formateurs pour une prise en charge décentralisée des problèmes de toxicomanie au Liban », réalisée entre 1996 et 1998, grâce à une initiative du Comité de coordination de la recherche (CCR) du Fiuc, le même qui a lancé le projet sur le développement communautaire. « La recherche-action, pratiquée depuis des années par l’Elfs, a le mérite de joindre, dans une perspective donnée, les trois fonctions essentielles qui définissent la mission de l’université : l’enseignement, la recherche et le service des communautés », a conclu le père Abou. Une recherche qui trouve écho dans la crise que vit le pays Le Pr (Mgr) Thivierge a expliqué que le CCR avait été créé il y a 25 ans pour initier des projets de recherche sur de grandes problématiques, accompagnés de publications nombreuses. C’est de ce centre qu’est né, entre autres, le projet sur le développement communautaire. Le CCR tient compte des apports de la science sans oublier ceux de la foi, a souligné le Pr Thivierge. « Notre préoccupation centrale est de placer l’humain au centre de la recherche, d’articuler science, conscience et sagesse », a-t-il poursuivi. Le Pr Thivierge a rappelé que plusieurs universités et institutions ont collaboré à ce projet d’envergure internationale. Il a considéré que ce projet et d’autres ont initié une nouvelle approche de travail. « Le savoir universitaire se met en route vers la découverte du savoir populaire, a-t-il dit. C’est cette conjugaison des deux qui peut donner des plans de solutions. » Le secrétaire général du Fiuc a par ailleurs souligné que de tels projets avaient autant un impact sur le chercheur (transformation de la vision qu’il a de lui-même et de son travail) que sur les milieux où il est mené (nouvelle conscience des problèmes identifiés et des solutions possibles). Pour sa part, Micheline Saab, coordinatrice scientifique de la recherche, a justifié le choix du sujet du développement communautaire par le fait qu’il « émerge de la réalité d’un pays en reconstruction, fortement touché par une grave crise tant économique (...) que politique. » Tout en précisant que les résultats de l’étude n’étaient en aucun cas quantitatifs, elle a déclaré que les objectifs de la recherche consistent à initier les pratiques d’organisation communautaire pour le développement, à systématiser les approches communautaires propres au contexte libanais, à développer la formation de formateurs à l’organisation communautaire et à dégager des connaissances relatives à cette étude. Quant au choix des milieux qui ont servi à l’étude, Mme Saab a rappelé que Sin el-Fil et Bourj Brajneh étaient « deux localités urbaines dévitalisées, l’une à dominante chrétienne et l’autre à dominante musulmane, toutes deux constituées par une population très dense ayant subi des déplacements forcés d’autres régions du Liban pendant la guerre et vivant actuellement dans des conditions sociales et économiques très précaires ». Pour ce qui est de « l’organisation communautaire en milieu carcéral, la prison centrale des hommes de Roumié compte actuellement plus de 5 000 prisonniers vivant dans des conditions d’hygiène, d’alimentation et de santé très précaires ».
Les résultats d’ordre qualitatif, et non quantitatif, d’une recherche sur le développement communautaire ont été rendus publics par l’École libanaise de formation sociale (Elfs) de l’Université Saint-Joseph (USJ) lors d’un séminaire qui a été inauguré hier et qui se poursuivra aujourd’hui. Ce projet, dont la réalisation a duré trois ans et qui s’est déroulé...