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Actualités - OPINION

Les tiraillements politiques actuels n’affectent pas le domaine économique

C’est comme si ce pays était désormais mithridatisé, immunisé, à force d’absorber du poison : les tiraillements politiques n’affectent plus, comme ils le faisaient naguère, le domaine économique et financier. La livre semble à l’abri et le mouvement de dépôts ne ralentit pas, ne subit pas des variations de change. Selon des professionnels, la première raison de cette évolution relève du fait que les Libanais ne veulent plus prendre au sérieux des conflits que, tôt ou tard, les décideurs finissent par régler. Ou qui se résolvent d’eux-mêmes, car ils sont de nature superficielle, conjoncturelle, épisodique et ne découlent que de considérations d’intérêts personnels. L’autre motif est que, cette fois, ce ne sont pas les dirigeants qui sont aux prises les uns avec les autres. Dépositaires du pouvoir, donc du crédit confiance de fond, leur entente à trois désamorce et affaiblit l’action de toute partie, qu’elle s’exprime par des grèves ou par des manifestations. L’harmonie retrouvée entre les présidents, notamment entre MM. Lahoud et Hariri, lève toute hypothèque sur le projet de loi du budget, pierre de voûte de l’édifice financier et élément capital de l’économie nationale. Le texte est appelé à passer à la Chambre comme une lettre à la poste. Les loyalistes, qui se disaient tentés d’en critiquer des dispositions déterminées, vont sans doute y renoncer, pour mieux faire la nique à Kornet Chehwane, qui est dorénavant la bête noire de tout bien pensant dans le camp du pouvoir. Dans le même sens, les ministrables devraient mettre une sourdine à leur sempiternelle exigence d’un changement accéléré du Cabinet en place. Bien évidemment, l’accord entre MM. Lahoud, Berry et Hariri peut également faciliter la mise en application des mesures réclamées en vue de Paris II. L’affaire du cellulaire, qui avait fait tant de bruit, ne pose plus de problème. Les autres privatisations non plus, apparemment. Et les voyages solliciteurs répétés du président Hariri ne provoquent plus, comme naguère, des ricanements, et des fuites préjudiciables, dans les rangs des loyalistes qui ne relèvent pas de sa sphère d’influence. Le chef de l’État souligne ainsi volontiers que « l’unité du pouvoir et la solidarité entre responsables permettent à l’État d’accomplir nombre de réalisations nationales. » Dont la réussite du Sommet de la francophonie et le Wazzani. Dès lors, le FMI se montre positif et les USA réitèrent leur appui au Liban économique. Paris II devrait pouvoir se tenir avant la frappe américaine en Irak. Il faut dire que le Fonds, ainsi d’ailleurs que la Banque mondiale, avait maintes fois insisté ouvertement pour que les dirigeants libanais cessent leurs zizanies et unissent leurs efforts. La compression budgétaire, également exigée, est inscrite dans la prochaine loi des finances. Ce qui fait que la demande du FMI de dévaluer la livre tombe à l’eau d’elle-même, le Liban prouvant qu’il a eu raison de garder une monnaie stable, sans se laisser piéger comme l’Argentine ou la Turquie par l’inflation. Cependant, du côté de l’opposition, on souligne que le mérite du début de redressement qui semble s’annoncer ne revient pas au pouvoir. Mais tout simplement à une décision internationale concertée de ne pas laisser le Liban s’effondrer financièrement et économiquement, afin de ne pas aggraver les facteurs de déstabilisation dans une région déjà minée. Ainsi, malgré leur nette réprobation de la ligne suivie par le pouvoir libanais, les États-Unis n’ont pas voulu entraver Paris II, ce qu’ils auraient pu faire facilement, et l’ont même vivement encouragé. Émile KHOURY
C’est comme si ce pays était désormais mithridatisé, immunisé, à force d’absorber du poison : les tiraillements politiques n’affectent plus, comme ils le faisaient naguère, le domaine économique et financier. La livre semble à l’abri et le mouvement de dépôts ne ralentit pas, ne subit pas des variations de change. Selon des professionnels, la première raison de...