Diplomatie - Les hydrologues français reçus hier par Beydoun Le Wazzani et la « map road » US au centre de l’escale beyrouthine de Moratinos début novembre

Le ministre de l’Énergie et de l’Eau, Mohammed Abdel-Hamid Beydoun, a reçu hier les experts français qui effectuent depuis jeudi une mission d’étude sur le Wazzani. Les hydrologues lui ont rendu compte de la mission exploratoire qu’ils ont déjà effectuée sur le terrain, et le ministre leur a confirmé que le Liban ne comptait pas pomper une quantité qui dépasserait la part à laquelle il a droit, conformément aux conventions internationales. Les deux experts, Vasken Andreassian et Philippe Hospital, se sont rendus avant-hier jeudi à la source du Wazzani, où ils ont pris des photos des pompes, des châteaux d’eau et du réseau d’adduction. Auparavant, ils avaient visité le système de pompage de la source du Hasbani, qui alimente en eau potable des villages de la région de Hasbaya, en amont de la rivière. Les deux experts, qui sont arrivés mercredi soir, séjourneront au Liban jusqu’à la fin de la semaine. Le président Jacques Chirac avait annoncé au cours de sa visite au Liban la semaine dernière que la France allait envoyer cette mission, que le gouvernement libanais avait demandée. Et outre la France, les États-Unis, l’Union européenne et la Russie se sont impliqués dans différentes médiations et expertises destinées à désamorcer le risque de conflit avec Israël, qui avait émis de très vives objections lorsque le Liban a inauguré, le 16 octobre dernier, une station de pompage dans la source du Wazzani pour fournir de l’eau potable à des villages du Liban-Sud. Toutes ces expertises étant placées, sur l’insistance libanaise, sous la supervision onusienne. À ce propos, le coordinateur de l’Union européenne pour le Proche-Orient, Miguel Angel Moratinos, sera à Beyrouth les 6 et 7 novembre, après une escale damascène. Il s’agira pour lui d’échanger les points de vue avec le chef de l’État, Émile Lahoud, le président de la Chambre, Nabih Berry, le Premier ministre, Rafic Hariri, et le ministre des Affaires étrangères, Mahmoud Hammoud. Au centre des discussions, tout d’abord : le problème de l’eau. Par le biais du rapport de l’expert européen Walter Mazetti. Lequel est en ce moment à Bruxelles, entouré d’une équipe de juristes, en train de plancher sur les données de ce rapport, qu’il enverra ensuite à New York au secrétaire général de l’Onu. Le rapport du palais Bustros Rappelons que Walter Mazetti s’était rendu sur le site du Wazzani (en compagnie de son homologue américain Charles Lawson, du représentant de l’ambassade russe ainsi que des délégués du représentant personnel de Kofi Annan au Liban-Sud, Staffan de Mistura) après que le palais Bustros eut envoyé au locataire de la Maison de verre un rapport sur le pompage supplémentaire par le Liban des eaux de la rivière en question. Miguel Angel Moratinos essaiera de voir comment l’on pourrait préserver le statu quo actuel au Liban-Sud, en ce qui concerne le nouveau pompage, ou calmer les appréhensions israéliennes au sujet de « l’importante quantité de missiles détenus par le Hezbollah », à en croire les responsables israéliens. Autres sujets qui seront évoqués par l’émissaire européen avec les dirigeants libanais : la crise israélo-palestinienne et l’Irak. Des sources bien informées rapportées par notre correspondant au palais Bustros, Khalil Fleyhane, indiquent également que l’émissaire européen sondera Beyrouth sur la « map road », le plan de route US (prévoyant un règlement définitif de la crise du Proche-Orient), remis aux responsables libanais mardi dernier par le secrétaire d’État adjoint chargé du P-O, William Burns. Ce plan de route est basé sur un calendrier-programme, qui a démarré début octobre et qui se poursuivra jusqu’à 2005, avec, en points d’orgue, deux sommets internationaux qui viendront rythmer ces trois ans. Qui se concluront par l’application du plan de paix arabe adopté lors du dernier Sommet de Beyrouth, dont le but est l’établissement de relations normales entre les pays arabes (qui n’ont toujours pas signé d’accord de paix avec l’État hébreu) et Israël. Et Miguel Angel Moratinos, dont le mandat se termine cette année, informera les responsables libanais des efforts déployés pour calmer la situation dans les Territoires et en Israël. L’émissaire européen, poursuivent les sources précitées, espère aussi qu’au moment de son escale beyrouthine, un accord, flanqué d’une résolution, aura été conclu au sein du Conseil de sécurité de l’Onu sur le retour des inspecteurs internationaux en Irak. D’autant plus que l’UE voudrait donner une chance à ces derniers, avant un éventuel recours à l’option militaire, qui équivaudrait à une « véritable catastrophe » dans la région. À ce sujet, plusieurs grands pays européens multiplient actuellement les contacts avec Washington, afin que la frappe militaire, au cas où elle survenait, soit strictement limitée à l’Irak.