Le ministère de l’Intérieur réalisera sans doute qu’il convient d’empêcher la manifestation, affirme Michel Murr Lahoud met en garde contre un retour au climat de tension

Dans le camp loyaliste, les positions quant à l’affaire de la MTV sont loin d’être toujours homogènes. De fait, si, comme on pouvait s’y attendre, le bloc des députés du Metn-Nord, présidé par Michel Murr, se déchaînait hier contre l’opposition de Kornet Chehwane, le Rassemblement parlementaire de concertation a critiqué pour sa part la propension du pouvoir à « mobiliser tous les services et les institutions de l’État contre une personne », en l’occurrence Gabriel Murr. C’est le député Farid Makari qui a tenu ces propos, tout en affirmant que « d’aucuns parmi ceux qui lancent des accusations (contre KC) ne sont vraiment pas habilités à juger les gens ». De son côté, le président Émile Lahoud a mis en garde contre « un retour au climat de tensions et de tiraillements confessionnels ». Selon ses visiteurs, il affirme que chaque partie susceptible de contribuer à l’entretien d’un tel climat doit assumer la responsabilité de ses positions. Le chef de l’État insiste dans ce cadre sur le fait que le Liban s’affaiblit quand il joue la carte confessionnelle, et qu’il devient plus fort, au contraire, quand il joue la carte nationale. Pour en revenir au bloc de M. Murr, celui-ci a condamné l’appel à la manifestation lancé par le Rassemblement de Kornet Chehwane, tout en proclamant son intention de « prendre la position qui convient à ce sujet en coordination avec les partis et les personnalités alliés ». À l’issue d’une réunion extraordinaire tenue en présence de Sebouh Hovnanian, Émile Émile Lahoud, Ghassan Achkar et Antoine Haddad, le bloc des députés du Metn-Nord a publié un communiqué insistant sur la préservation des libertés au Liban, « mais conformément aux lois en vigueur ». « Toute liberté qui menace l’unité du pays est sectaire et confessionnelle. (...) Ceux-là même qui appellent au respect de la liberté et de la démocratie sont les principaux pourfendeurs de ces valeurs », affirme le communiqué avant d’estimer que le bloc du Metn-Nord « représente plus de 50 % du peuple chrétien modéré dans cette région ». Et de poursuivre : « Nous avons décidé d’appuyer l’État malgré certaines lacunes. Cela vaut mieux que d’adhérer au projet des mini-États confessionnels et des aventuriers qui, pendant des années, ont infligé au peuple toutes sortes de misères. » Dénonçant d’autre part « la campagne de dénigrement dont la justice est victime », le communiqué reconnaît le droit de manifester, à condition que la manifestation soit au service du peuple et de l’intérêt public. Or, selon le bloc parlementaire de Michel Murr, il est évident que l’initiative de KC est inopportune étant donné « les dangers qui menacent notre patrie et notre existence même ». Enfin, le communiqué condamne « les tentatives d’impliquer les élèves et le corps enseignant dans des conflits politiques » sous prétexte d’apprendre aux jeunes la signification de la souveraineté et des libertés. En réponse aux questions des journalistes, Michel Murr a déclaré : « Maintenant que nous avons pris position à cet égard, le ministère de l’Intérieur réalisera sans doute qu’il convient d’empêcher une manifestation dangereuse. » Aux yeux de M. Murr, la conclusion s’impose : « Les gens ont suffisamment de problèmes économiques et sociaux. Ils n’ont pas besoin de manifestations. » Le député Farid Makari, membre du Rassemblement parlementaire de concertation, s’est félicité pour sa part du fait que KC n’ait pas mentionné dans son dernier communiqué la présence syrienne au Liban. Se prononçant contre la fermeture de la MTV, il a affirmé que la chaîne n’aurait pas dû être sanctionnée sur base de la loi électorale, mais sur base de la loi des imprimés. « Il n’est pas permis que la victoire électorale de Gabriel Murr aboutisse à la mobilisation de tous les services et des institutions de l’État contre sa personne », a ajouté M. Makari, tout en souhaitant que le Rassemblement de KC renonce à sa manifestation.