Rechercher
Rechercher

Actualités - CHRONOLOGIE

Le tollé s’amplifie contre la décision du tribunal des imprimés La fermeture de la MTV ne va « pas dans le bon sens », affirme le Quai d’Orsay

Le ministère français des Affaires étrangères a critiqué hier, par la voix de son porte-parole, François Rivasseau, la fermeture de la chaîne de télévision MTV, affirmant qu’elle n’allait « pas dans le bon sens ». « La confirmation de la fermeture de MTV ne va pas dans le bon sens. Quelles qu’en soient les raisons juridiques, la fermeture d’une chaîne de télévision n’est jamais une bonne nouvelle pour une démocratie », a affirmé M. Rivasseau. « Je vous rappelle que le président de la République Jacques Chirac, devant le Parlement libanais la semaine passée, a insisté sur les valeurs de la “tolérance, de la démocratie et des libertés sans lesquelles le Liban ne serait pas lui-même” et a émis le souhait que chacun puisse librement s’exprimer dans le pays », a noté le porte-parole du Quai d’Orsay. « Il importe donc de faire vivre ces principes essentiels », a-t-il ajouté. Par ailleurs, les milieux politiques de l’opposition ont unanimement condamné hier le verdict du tribunal des imprimés, qui a rejeté lundi, pour des raisons de forme, l’opposition présentée par les avocats de la MTV et de RML à la décision de fermeture. Principal concerné, l’ex-PDG de la chaîne, le député Gabriel Murr, a condamné hier la décision du tribunal, à l’issue de la séance pour l’élection des commissions parlementaires, place de l’Étoile. M. Murr a rejeté la « sacralisation » de la justice, affirmant qu’» il n’y a pas de juges sacrés ». « Les juges au Liban sont des êtres humains qui font des erreurs et qui portent atteinte à l’État. Dès lors qu’il n’ y a plus de justice intègre, loin des immixtions politiques, l’État cesse d’exister », a-t-il indiqué. Tout aussi virulent, le Renouveau démocratique (RD), parti présidé par le député Nassib Lahoud, a stigmatisé les actes des « forces répressives au sein du pouvoir, qui ont repris, au lendemain de la francophonie, leurs complots visant à frapper les libertés et la démocratie ». « À peine le Sommet de la francophonie terminé (...) et avant même que l’encre utilisée pour écrire les belles paroles sur le dialogue, le pluralisme, la liberté et les droits de l’homme ne sèche, la mise en application de cette campagne de répression contre la liberté de la presse et la liberté d’expression a repris, à travers la fermeture arbitraire de la MTV et de RML «, a souligné le RD. « Le maintien de la fermeture de ses deux stations (...) constitue une menace sérieuse à l’image de la justice au Liban » et « à la confiance dans l’économie du pays », a estimé le RD, affirmant que « l’opinion publique internationale avait remarqué, durant la semaine dernière, le grand fossé qui existe entre le discours civilisé tonitruant du pouvoir et la répression incivile pratiquée par ses services de sécurité ». Harb : Une affaire politique De Bkerké, où il a été reçu par le patriarche maronite, Mgr Nasrallah Sfeir; le député Boutros Harb a affirmé que « personne n’avait été surpris par le verdict du tribunal des imprimés ». « Le tribunal ne pouvait prendre que cette décision, étant donné le climat dans le cadre duquel le dossier a été examiné », a-t-il indiqué. Et de poursuivre : « Ce qui m’a attiré l’attention dans la décision, c’est le fait que le tribunal rappelle les principes généraux du rôle de la justice, ce qu’il n’a normalement pas besoin de faire. Cela ne se fait dans aucun tribunal. L’affaire est politique avant tout, puis légale. » « La décision est venue consacrer les propos selon lesquels il convient de rouvrir le dossier de la justice et de corriger les failles qui entravent sa bonne marche. Sinon, les Libanais risquent de perdre tout espoir d’arriver à leurs droits », a-t-il souligné. M. Harb a par ailleurs critiqué l’interprétation faite par le tribunal de l’article 68 de la loi électorale et a condamné le maintien de la fermeture de la MTV. « L’interpération du tribunal va à l’encontre de la volonté du législateur en ce qui concerne l’article 68. L’article visait à éviter l’utilisation de tout média audiovisuel par un candidat contre un autre (...). Mais la prise de mesures contre ce média ne devrait pas aller au-delà de la période électorale. Toute mesure émanant du tribunal des imprimés sur base de l’article 68 après la fin de la période électorale est pour moi illégale et contraire à la volonté du législateur. Par conséquent, la décision du tribunal est injuste et il est naturel que la MTV fasse appel pour rectifier l’erreur juridique qui a été commise », a-t-il ajouté. « Il convient de féliciter la justice qui a anéanti la MTV », a pour sa part affirmé ironiquement le chef du Parti national libéral (PNL), Dory Chamoun, à l’issue d’un entretien avec Mgr Sfeir. « Je ne comprends pas comment les juges se sont permis de commettre un tel crime légal. En plus du non-respect des libertés, ce qui s’est passé est digne des Mau Mau, pas du Liban. Il n’est pas permis que des verdicts de ce genre soient rendus au Liban », a-t-il estimé. Le chef du PNL a indiqué qu’il fallait « demander des comptes aux auteurs de ces actes », estimant que « les médias doivent réagir parce qu’ils sont tous concernés » et que « la décision est politique et vise à étouffer la liberté de la presse ». « Nous ne pouvons pas empêcher de réagir les gens qui sont contre ce qui se passe», a-t-il ajouté. M. Achkar fait appel à Sfeir L’ancien compagnon du président Béchir Gemayel, Massoud Achkar, s’est entretenu avec le patriarche maronite, qu’il a appelé à œuvrer en faveur d’une solution pour la MTV. M. Achkar a estimé que « la tenue du Sommet de la francophonie à Beyrouth avait redonné confiance aux Libanais, grâce notamment aux discours sur le dialogue, sur l’acceptation de l’autre et sur la démocratie et les libertés, en présence du président du pays le plus démocratique d’Europe ». « Paradoxalement, au lendemain du sommet, nous avons été surpris par la décision dans l’affaire MTV, une décision jugée arbitraire par Mgr Sfeir. Comme si le pouvoir avait oublié la francophonie et en était revenu aux démonstrations de force contre une partie des Libanais », a indiqué M. Achkar. Il a également évoqué l’aspect humain du problème, s’interrogeant sur le sort des 453 employés de la chaîne, « qui demeure inconnu jusqu’à présent ». Il a enfin appelé le pouvoir à « accepter tous les Libanais, et particulièrement ceux, nombreux, dont la MTV reflétait l’opinion ». Enfin, le Bureau central de coordination nationale (BCCN) et la Fédération des ligues chrétiennes ont eux aussi stigmatisé la fermeture de la MTV et la répression des manifestations estudiantines par l’usage excessif et injustifié de la force brutale.
Le ministère français des Affaires étrangères a critiqué hier, par la voix de son porte-parole, François Rivasseau, la fermeture de la chaîne de télévision MTV, affirmant qu’elle n’allait « pas dans le bon sens ». « La confirmation de la fermeture de MTV ne va pas dans le bon sens. Quelles qu’en soient les raisons juridiques, la fermeture d’une chaîne de...