Rechercher
Rechercher

Actualités - ANALYSE

Succès diplomatique pour Chirac au Sommet de Beyrouth

Servi par une conjoncture favorable, Jacques Chirac a réussi un coup diplomatique en obtenant que le premier Sommet de la francophonie à avoir une véritable dimension politique appuie la position française sur l’Irak, estimaient les analystes hier. L’étape de Beyrouth, la plus longue du périple du président français dans quatre pays (Égypte, Liban, Syrie et Jordanie), aura été l’occasion pour Paris de marquer des points sur la scène internationale, et pour la francophonie de sortir de l’ombre. La Déclaration de Beyrouth, adoptée par les 55 pays participants au sommet, au plus fort du débat sur l’Irak entre Français et Américains au Conseil de sécurité, reprend les thèses françaises selon lesquelles « un rôle primordial » doit revenir à l’Onu pour traiter du désarmement irakien tandis que Bagdad doit « respecter ses obligations ». Si le premier Sommet francophone en terre arabe a permis à la France de retrouver, au moins momentanément, une stature lui permettant de se faire entendre de l’hyperpuissance américaine, c’est grâce à la conjonction de facteurs favorables où se mêlent l’actualité, le calendrier et l’équation personnelle de M. Chirac, selon les analystes. Pour le ministre de la Culture, Ghassan Salamé, « le Sommet a servi de tribune à l’expression d’une double peur : celle de l’unilatéralisme et de l’hégémonisme américain dans un monde unipolaire, et, avec encore plus de vigueur, la peur des plus faibles et des plus démunis d’être marginalisés par l’accélération de la mondialisation ». De sources diplomatiques françaises, on note que « les antécédents historiques de la France et la popularité de son président actuel au Moyen-Orient, ainsi que ses liens anciens avec la plupart des chefs d’État africains et arabes, ont certainement joué un rôle ». Bien que M. Chirac ait affirmé à Amman dimanche soir qu’il ne « situait pas les relations franco-américaines en termes de rapports de force », l’opinion arabe reste imprégnée de l’époque où le général Charles de Gaulle n’hésitait pas à se démarquer spectaculairement de Washington. Le président français « a vigoureusement placé la francophonie comme un des acteurs de la formulation d’un nouveau système international plus équilibré », estime M. Salamé. « C’est pourquoi, les chefs d’État ont été unanimes à saluer l’engagement personnel de Chirac, non seulement en faveur de la visibilité de l’OIF mais aussi de sa crédibilité », poursuit-il. Enfin, le Sommet, reconnu par tous les participants comme un tournant dans l’histoire de la francophonie institutionnelle, jusque-là surtout cantonnée à la coopération culturelle, a contribué à donner un certain retentissement à la visite de M. Chirac. Les retrouvailles avec l’Algérie, dont le président Abdelaziz Bouteflika siégeait pour la première fois à titre d’invité, ont également marqué les esprits, en faisant comprendre que l’on avait changé d’époque. « La page est tournée : après les périodes coloniale et post ou néo-coloniale, on entre dans la phase d’une nouvelle forme de partenariat », conclut M. Salamé.
Servi par une conjoncture favorable, Jacques Chirac a réussi un coup diplomatique en obtenant que le premier Sommet de la francophonie à avoir une véritable dimension politique appuie la position française sur l’Irak, estimaient les analystes hier. L’étape de Beyrouth, la plus longue du périple du président français dans quatre pays (Égypte, Liban, Syrie et Jordanie), aura...