Francophonie contre unilatéralisme américain

Depuis l’ouverture du IXe Sommet de la francophonie, vendredi à Beyrouth, M. Chirac, qui ne cesse d’affirmer le rôle essentiel des Nations unies pour résoudre la crise irakienne, s’est employé à affirmer le rôle politique de la francophonie face à la tendance à l’unilatéralisme des États-Unis. Il a également tenu à défendre la diversité culturelle et linguistique face à la mondialisation à l’américaine. La crise irakienne a ainsi fourni à la France l’occasion de faire entendre une voix différente. Paris récuse toute automaticité des frappes contre Bagdad et prône une démarche en deux temps : une résolution « améliorant » les conditions de travail des inspecteurs en désarmement de l’Onu, puis, en cas d’obstruction, l’examen d’un éventuel recours à la force par le Conseil de sécurité. Vendredi, les États-Unis ont, sous la pression de la communauté internationale et particulièrement de la France, assoupli leur position sur les conditions d’un recours à la force contre l’Irak, qui ne sera plus automatique. Mais, ont-ils prévenu, ils pourront toujours attaquer seuls l’Irak en cas de blocage à l’Onu. Dans une interview accordée depuis Beyrouth vendredi soir à la radio publique française RFI et à la chaîne francophone TV5, M. Chirac s’est félicité de cette évolution. « Je crois que l’on progresse dans le bon sens », a-t-il déclaré, tout en récusant toute « opposition entre la thèse française et la thèse américaine ». « On ne peut exclure une intervention, mais la guerre, c’est toujours la fin ultime », a-t-il affirmé, une décision que l’on ne prend « que lorsqu’il n’y en a aucune autre. » Certains des participants au sommet de Beyrouth, notamment les Arabes, ont soutenu la position française sur l’Irak.