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Actualités - CHRONOLOGIE

Environnement - Des nageurs ont repêché des tonneaux suspects Barils de déchets cancérigènes au large de Jbeil

Même l’insouciance peut avoir des limites, surtout lorsqu’elle met en danger des vies. Mais apparemment, ce n’est pas le cas au Liban où l’on continue sans états d’âme de balancer les déchets industriels dans la nature, sans se soucier des effets des matières toxiques qu’ils peuvent contenir sur la population. Cinq barils métalliques, de couleur bleue, contenant du styrène, un produit cancérigène s’il est inhalé et servant de matière première pour la fabrication de polystyrène, un genre de plastique, ont échoué hier dans la petite crique de Halate-sur-Mer et sur la plage limitrophe où plusieurs personnes s’adonnaient au plaisir de la baignade. Plusieurs autres tonneaux, une vingtaine selon les témoins, une dizaine selon Greenpeace, flottaient au large, en direction de Beyrouth, poussés par le vent du nord qui soufflait hier. La présence des barils a suscité un vif émoi parmi les baigneurs, ravivant le souvenir des déchets toxiques qui avaient été introduits au Liban durant la guerre. Les nageurs ont entrepris de les repêcher et d’alerter les médias et Greenpeace, dont la porte-parole au Liban, Zeina Hajj, s’est rendue sur place. Mais jusqu’à hier place, les barils étaient toujours à l’endroit où ils avaient été déposés. Un des témoins, Halim Hanna, a affirmé à L’Orient-Le Jour que les barils repêchés semblaient neufs, car ils ne portaient pas de traces de rouille ou d’algues, signes d’une présence prolongée dans l’eau. Les inscriptions sur le métal bleu avaient été camouflées à la peinture qui s’était cependant déteinte sur l’un des tonneaux, permettant la lecture de plusieurs informations : « Il y avait le label du fabricant et le nom du Liban, ainsi que les indications “keep cool” (garder au frais) et “harmful” (nocif) aux côtés du mot styrène et d’une série de chiffres » qui semblent être les codes-barres des tonneaux, précise M. Hanna, soulignant que M. Nehmetallah Abi Nasr, député du Kesrouan, a ultérieurement pris contact avec lui pour s’enquérir de cette affaire. À son tour, Mme Hajj, qui a pris contact avec les toxicologues de Greenpeace, a expliqué à L’Orient-Le Jour que le styrène est un produit hautement toxique et cancérigène, mais qui est volatile, en ce sens qu’il n’a pas d’effets dans l’eau et qu’il ne risque donc pas de nuire à la faune et à la flore maritimes. Il est toxique lorsqu’il est inhalé. Heureusement, les baigneurs ont eu la présence d’esprit de ne pas ouvrir les tonneaux qui semblaient vides parce qu’ils étaient légers. La porte-parole de Greenpeace devait intervenir pour empêcher des volontaires qui, encouragés par la présence d’une représentante de l’association écologique, se proposaient de les ouvrir afin qu’elle en examine le contenu. Elle les a mis en garde contre une telle mesure. Selon Mme Hajj, les inscriptions donnent peu d’informations sur le contenu : elles peuvent vouloir dire que les barils renferment du styrène pur, appelé aussi styrolène, ou indiquer qu’ils recèlent un produit dont le styrène fait partie. Il est possible de supposer que ces barils avaient été jetés à la mer par un cargo. Mais Mme Hajj en doute, partant du principe que la présence du nom du Liban à côté de celui de la société allemande montre sans équivoque que ces produits étaient destinés au Liban. Selon elle, ces inscriptions, et surtout le code-barres affiché sur le métal, vont faciliter l’ouverture d’une enquête, au cas bien sûr où une enquête serait menée, et permettre de remonter jusqu’à l’importateur libanais. Il s’agit assurément, pour elle, d’une usine de fabrication de matières plastiques qui doit, a-t-elle dit, assumer à ses frais la responsabilité de leur retrait. La présence de ces barils en mer n’est en définitive qu’un nouvel épisode de l’interminable chronique des déchets toxiques industriels au Liban. Ce problème ne semble pas prêt d’être réglé. Preuve en est que les barils contenant de l’isocyanate, un produit hautement toxique, découverts il y a plusieurs mois à Blat, à Jbeil, y sont toujours, relève Mme Hajj. Comme quoi le problème ne se pose pas seulement au niveau des industries polluantes, mais au niveau de l’État aussi, qui ne se résout pas à le prendre au sérieux.
Même l’insouciance peut avoir des limites, surtout lorsqu’elle met en danger des vies. Mais apparemment, ce n’est pas le cas au Liban où l’on continue sans états d’âme de balancer les déchets industriels dans la nature, sans se soucier des effets des matières toxiques qu’ils peuvent contenir sur la population. Cinq barils métalliques, de couleur bleue, contenant du...