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Actualités - OPINION

Un courant pro-dialogue au sein de la Rencontre de KC

Sublime abnégation, ou suprême habileté, des piliers de la Rencontre de Kornet Chehwane (KC) veulent répondre aux provocations des loyalistes par un surcroît d’ouverture. Et proposent même que le patriarche Sfeir, ou à défaut Mgr Béchara, aille rendre visite à Baabda. Pour un entretien de franches explications redémarrant le dialogue. Ces personnalités se hâtent cependant de souligner qu’elles ne veulent pas vraiment tendre l’autre joue. Qu’elles ne sont ni aveugles ni défaitistes. Dans ce sens que s’il faut parler de nouveau au régime, ce serait pour lui répéter l’attachement indéfectible de la Rencontre aux constantes nationales. Et aux positions qui lui ont été communiquées lors de la réunion précédant la fermeture de la MTV. Un premier coup d’une série mouvementée, couronnée comme on sait par la triple menace anti-Est de rouvrir le dossier des Puma pour impliquer le président Gemayel, d’intenter un procès en intelligence avec l’ennemi au général Aoun, et d’engager des poursuites contre les délégués (laïcs, car les sept évêques ne seraient quand même pas inquiétés) qui ont participé au congrès maronite de Los Angeles. Cela sans préjudice des mesures qui seraient prises à l’encontre de groupes comme les FL (classiques), à la faveur de rumeurs savamment distillées sur la réapparition à Chypre d’une cellule active commandée par un revenant, Ghassan Touma. Ces membres de la Rencontre indiquent qu’ils sont parfaitement conscients du fait que les loyalistes mettent en place actuellement tout un plan visant à museler l’opposition. Pour qu’elle perde toute emprise sur la rue, ce redoutable levier. À leur avis cependant, ces machinations sont vouées à l’échec. Et ne servent qu’à envenimer le climat politique local, aux dépens des intérêts économiques du pays comme d’une stabilité intérieure dont il a plus que jamais besoin. C’est bien pourquoi, du reste, expliquent ces personnalités, la Rencontre est contre toute escalade. Elle souhaite au contraire l’apaisement, le traitement du contentieux à tête reposée, comme disait Louis XVI, le chef sur le billot. Selon ces témoins, la Rencontre de Kornet Chehwane répond de la sorte aux vœux (pieux, forcément pieux) de Bkerké. Qui reste, malgré toutes les avanies, partisan du dialogue, seule voie raisonnable de normalisation interne. Et d’ajouter qu’il est absurde autant qu’improductif d’exercer des pressions sur l’opposition pour la porter prétendument à dialoguer, comme le fait le pouvoir. Les rencontrants (ce serait triste de les appeler rencontristes) tiennent à confirmer par ailleurs que leur groupe ne dévie pas de la ligne tracée par le patriarche, qui lui fixe ses orientations, en base des constantes nationales. Ils répètent que Bkerké est un recours purement national, absolument éloigné du sectarisme que certains de ses adversaires lui attribuent. Pour le fond, mise à part la revendication fondamentale relative à la souveraineté, le club opposant lutte pour les libertés démocratiques, également essentielles pour le pays qui se distinguait jusque-là sur ce plan des autres États de la région. Car ces principes sont générateurs, bien évidemment, d’une saine coexistence nationale, elle-même gage de paix civile. Ce sont ces vérités premières qui, indiquent les mêmes sources, ont illuminé de leurs rayons dimanche, lors de l’audience accordée à la Rencontre par le patriarche, à la veille de l’assemblée des évêques maronites qu’il devait présider. De son côté, le groupe politique doit faire le point jeudi. Pour passer en revue diverses suggestions concernant l’action à mener pour parer, ou amortir, les coups des loyalistes. Selon les mêmes sources, la tendance reste à l’adoption d’une solution moyenne, faisant la part des choses. C’est-à-dire ménageant les possibilités de dialogue, ou autrement dit de négociations, tout en s’accrochant à la défense opiniâtre des libertés. Pratiquement, cela signifie que la Rencontre entend garder la tête froide face aux provocations de ses contempteurs, en évitant de polémiquer sur les dossiers, pour prôner un langage de raison. Il est encore moins question, dès lors, de mobiliser la rue, d’organiser des manifestations ou des sit-in. Mais, indirectement, ou à mi-voix, ces éléments avouent ensuite que la Rencontre n’a pas encore fait officiellement ses choix. Et qu’elle n’est peut-être pas tout entière sur la même longueur d’onde. En effet, ils précisent assez honnêtement qu’au sein du groupe, ils représentent un courant, dit positif. Ce qui laisse entendre que d’autres ne voient pas les choses tout à fait sous le même angle (d’ouverture). D’ailleurs, d’autres membres de la Rencontre ne cachent pas, pour leur part, qu’ils sont certes pour le dialogue, mais pas dans l’actuel climat d’oppression. Toujours est-il que les « positifs », comme ils se nomment, répètent enfin que, malgré l’attitude pour le moins inamicale du pouvoir, la Rencontre doit prouver qu’elle reste attachée au dialogue. Et même, qu’elle ne doit pas poser des conditions préalables, comme la réouverture de la MTV ou l’arrêt du harcèlement. Il reste cependant à savoir si le camp loyaliste sait vraiment ce qu’il veut et où il va. Sur ce point précis, presque tous les opposants sont d’accord pour estimer qu’il y a beaucoup de confusion en face, comme le prouvent diverses contradictions, comme l’éloge rendu à Mgr Béchara au moment même où l’on relançait l’affaire des Puma. ` Philippe ABI-AKL
Sublime abnégation, ou suprême habileté, des piliers de la Rencontre de Kornet Chehwane (KC) veulent répondre aux provocations des loyalistes par un surcroît d’ouverture. Et proposent même que le patriarche Sfeir, ou à défaut Mgr Béchara, aille rendre visite à Baabda. Pour un entretien de franches explications redémarrant le dialogue. Ces personnalités se hâtent...