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Actualités - OPINION

Vie politique - Le siège patriarcal, alpha et oméga des lignes de défense de l’entité libanaise Déjà de l’eau dans le gaz entre le RPC et Bkerké

Au-delà de tout signe extérieur de déférence, certains éléments du Rassemblement parlementaire de concertation ne gobent vraiment pas le discours de Bkerké. Ils l’ont avoué à des journaux. En précisant avoir sursauté quand le patriarche a donné lecture d’un petit mémo, lors de l’audience accordée récemment à une délégation du RPC. Pour résumer, et répéter, les positions de l’assemblée des évêques maronites au sujet de la souveraineté, comme des relations avec la Syrie qui doivent être fraternelles, dans le respect mutuel de l’indépendance. Ou encore au sujet des multiples griefs que l’on peut avoir à l’encontre du pouvoir en ce qui concerne les affaires intérieures. Cette surprise des parlementaires étonne les proches de Bkerké. Car le patriarche ne peut évidemment pas taire son attachement à ces constantes nationales qui ne varient jamais au gré des vents comme certaines prises de position politiques. Sa ligne de fond n’est en rien négociable, ne peut faire l’objet d’aucun compromis et encore moins d’une quelconque compromission. Cependant, il peut arriver qu’en raison de la gravité de situations déterminées, le patriarcat évite de caresser quiconque à rebrousse-poil, de s’appesantir sur des thèmes litigieux, pour ne pas provoquer de divisions marquées. Cette retenue occasionnelle ne signifie en aucun cas que le prélat renonce aux principes premiers, qui sont d’ordre national et valent donc pour tout le Liban comme pour tous les Libanais. Dans les temps difficiles, comme c’est le cas présentement, le siège patriarcal constitue l’alpha et l’oméga des lignes de défense de l’entité libanaise, avec des têtes de chapitre qui ont pour noms souveraineté et liberté. Ces sources précisent ensuite que Bkerké n’a rien à voir avec le plafond politique que peut se fixer telle ou telle formation politique locale. Et si la Rencontre de Kornet Chehwane, par exemple, rejoint les options de base des évêques, c’est par son propre choix, sans qu’elle y soit sollicitée. Le groupe reste libre, de toute évidence, de dévier à tout moment de cette voie. Il est en tout cas normal, et courant, que les positions politiques obéissent à des considérations d’actualité, d’opportunité ou de tactique, ce qui les rend éminemment variables ou changeantes. Par contre, Bkerké ne peut jamais modifier sa trajectoire, uniquement commandée par l’intérêt supérieur de la patrie. Il en découle toutefois un certain esprit pratique. C’est-à-dire, expliquent ces sources, que tout naturellement Bkerké encourage le dialogue, comme moyen de rapprocher sinon d’unir les Libanais afin que leur pays devienne fort. Ce dont il a particulièrement besoin en ces temps d’épreuves et de dangers. Et d’ajouter que, cependant, on ne peut pas scinder les opinions en modérées et radicales quand la souveraineté, l’indépendance, le pouvoir de décision national et les libertés sont en jeu. Car la défense de ces concepts doit être aussi intransigeante qu’unanime. Sans être altérée par l’interférence des développements régionaux ou internationaux. De même, on ne peut prendre la situation extérieure pour prétexte afin d’éluder le traitement des problèmes du pays et refuser d’en débattre. Selon Bkerké, cité par ses proches, la stabilité authentique ne peut être que le fruit d’une saine coexistence impliquant la participation de toutes les familles spirituelles, de tous les courants politiques aux décisions cruciales concernant le pays. Le monopole, l’hégémonie d’un seul camp doivent être répudiés. Chacun a le droit d’être reconnu, et non rejeté, par le vis-à-vis. La mentalité fondée sur le thème un vainqueur, un vaincu est totalement condamnable. Pour la bonne raison qu’un jour les rôles peuvent s’inverser et qu’on n’en finirait plus d’aller de cycle de confrontation en période de joute, au préjudice final de tous et de tout un chacun. Pour ne pas risquer d’en être lui-même victime tôt ou tard, nul ne doit opprimer autrui. La loi électorale Sur un plan parallèle, ces personnalités traitent d’épouvantail dérisoire le projet de fondre le pays en une seule circonscription et de créer un Sénat. Bkerké proclamera son avis, dont les grandes lignes sont connues, lorsque le débat sur la loi électorale s’ouvrira vraiment. Sans s’arrêter aux intimidations préparatoires. À ce propos, des politiciens estiment de leur côté que le Liban circonscription unique signifierait, plus encore qu’aujourd’hui, un système monochrome commandé par une pensée unique. L’opposition serait abolie. Ou, au mieux, elle n’aurait que le volume et les marges que le pouvoir lui fixerait. Une marginalisation qui serait opérée sous le fallacieux prétexte d’installer à la Chambre une confortable majorité de modérés. Qui seraient en fait presque tous parachutés, pour ne pas dire désignés, sur la liste du pouvoir, évidemment promise à la victoire. Il n’y aurait pratiquement plus de représentation parlementaire. Et le contre-effet, mettent en garde ces professionnels, serait que la politique transposerait ses clivages dans la rue. Avec le danger de heurts brutaux que cela implique. Ces mêmes sources soutiennent par ailleurs que le projet de faire du Liban une circonscription unique enfreint plusieurs dispositions de Taëf, dont : – Le paragraphe qui prévoit des élections sur base du mohafazat. – Le passage qui confirme que les sièges sont répartis à égalité entre chrétiens et musulmans. Avec les configurations adoptées jusque-là, on trouve plus d’une vingtaine de députés chrétiens qui sont en réalité les ombres fidèles de chefs de file musulmans et ne représentent pas vraiment leurs communautés propres. L’inverse ne comporte qu’un ou deux cas, et encore, puisque les têtes de liste du côté chrétien n’ont pas autant d’ascendant sur leurs troupes que les grands pontes musulmans. Or, si l’on fait du Liban une circonscription unique, ce phénomène d’assimilation, de détournement de représentation serait gravement démultiplié. Et il y aurait beaucoup d’histoires semblables à celle de Nadim Salem. Qui a perdu son siège à Jezzine parce qu’il a défié son chef de file pour défendre les intérêts de sa collectivité en participant à des réunions à cet effet. Ce qui n’aurait pas eu lieu si le découpage avait été au niveau du caza et non du mohafazat. On peut donc se demander quelle sorte de députés les Libanais auraient si la menace d’une macrocirconscription venait à être exécutée. – C’est une Chambre élue à parité égale qui doit prendre une série de dispositions en vue de parvenir à l’abolition du confessionnalisme politique. Et partant, en vue d’un code électoral civique, sans quotas confessionnels. Sans cette procédure parlementaire, qu’une Assemblée totalement dominée par une seule partie ne voudrait jamais engager, il faudrait recourir à une révision de la Constitution. Et cela provoquerait des conflits sans fin, parce qu’à partir de ce précédent, chaque partie exigerait la refonte ou la suppression de divers articles de la loi fondamentale. Par ailleurs, la mise en place d’un Sénat sur des bases confessionnelles serait en parfaite contradiction avec cet objectif national majeur qu’est l’abolition du confessionnalisme politique. Autre contradiction : le Sénat serait forcément élu sur base de petites circonscriptions, alors qu’on voudrait au nom du brassage élargir le découpage pour ce qui est des députés de la Chambre, ou de la Chambre des députés. Sans compter que des conflits de compétence peuvent facilement surgir entre les deux instances. Et que nombre de projets seraient retardés par un examen devenu en deux temps, à deux leviers. Enfin, concluent ces sources, si Taëf est enfreint par une partie, l’autre voudra en faire autant. Et adieu le pacte national. Émile KHOURY
Au-delà de tout signe extérieur de déférence, certains éléments du Rassemblement parlementaire de concertation ne gobent vraiment pas le discours de Bkerké. Ils l’ont avoué à des journaux. En précisant avoir sursauté quand le patriarche a donné lecture d’un petit mémo, lors de l’audience accordée récemment à une délégation du RPC. Pour résumer, et répéter,...