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Actualités - CHRONOLOGIE

« Dès que l’être humain comprend que la démocratie est possible, elle lui devient aussitôt indispensable, comme la liberté »

Le premier à avoir pris la parole au cours de la séance inaugurale, à laquelle assistaient entre autres les ambassadeurs français, Philippe Lecourtier, et américain, Vincent Battle, a été le chef de la délégation de la Commission européenne au Liban, Patrick Renauld. Qui a d’abord remercié Ghassan Salamé d’avoir organisé ce colloque « qui prend, en quelque sorte, le relais de l’initiative lancée par le président (de la Commission européenne, Romano) Prodi, en mars dernier à Bruxelles, de réunir de nombreuses personnalités intellectuelles venues de tout le pourtour de la Méditerranée pour discuter d’un enjeu majeur pour nous tous : la recherche de la paix et du dialogue entre nos sociétés ». Le diplomate européen n’est ensuite pas avare de conseils. « Je vous convie à être sincères pour reconnaître que vous n’êtes pas meilleurs que votre voisin mais son égal. Seul cet exercice de sincérité, et, de surcroît, d’humilité, pourra nous emmener, nous tous, vers un chemin commun où mon voisin ne sera pas mon ennemi, où il aura le droit, tout comme moi, d’être différent », dit-il. Et le respect de cette différence sera, selon lui, l’outil d’un enrichissement mutuel. Tout naturellement, Patrick Renauld s’appuie sur l’esprit, la lettre, le « patrimoine génétique » du partenariat Euromed auquel, d’ailleurs, Ghassan Salamé fera souvent allusion. « C’est précisément cette idée du respect d’autrui et du dialogue permanent entre nos sociétés qui est ancrée dans le plus profond de notre » partenariat en question. Partenariat entre « États souverains qui se parlent d’égal à égal et qui a pour but final d’ouvrir les frontières entre nos pays et nos sociétés », souligne-t-il. Concluant par un emprunt aux Mémoires de Jean Monnet : « Convaincre les hommes de parler entre eux, c’est le plus que l’on puisse faire pour la paix. Mais il faut plusieurs conditions, toutes aussi nécessaires. L’une est que l’esprit d’égalité préside aux conversations et qu’aucune ne vienne à la table avec la volonté d’emporter un avantage sur l’autre. Une autre condition est que l’on parle du même objet. Une autre, enfin, que tous s’attachent à rechercher l’intérêt qui leur est commun ». Pierre Sané, le sous-directeur général de l’Unesco (un des partenaires tout aussi actifs du ministère de la Culture dans l’organisation de ce colloque), est ensuite monté à la tribune. De prime abord, et s’attirant les bravos de nombreuses personnes présentes dans la salle, il s’associera (et l’Unesco avec lui) à la commémoration du 20e anniversaire « du terrible massacre de Sabra et Chatila, dont l’intensité dramatique et les conséquences sont inoubliables ». Et au-delà, « notre sympathie qui va à toutes les familles des victimes du conflit qui continue d’ensanglanter Israël et la Palestine ». Il rappellera ensuite le credo de son organisation : susciter et encourager le renouvellement des valeurs dans la perspective d’une authentique compréhension entre les peuples. « Le grand défi pour nous sera de créer les conditions favorisant la transition dans la région d’une culture de violence vers une culture de paix, et d’élever comme l’ambitionne la Constitution de l’Unesco les défenses de la paix dans l’esprit des hommes », dit Pierre Sané. Sauf que pour cela, ce dernier a ses conditions : « L’objectif de la paix suppose l’établissement d’un lien étroit entre la recherche de la paix, la justice et la démocratie. Comment ne pas voir qu’une telle dynamique est impossible sans la promotion et la protection des droits humains, et sans la fin de l’impunité pour ceux qui violent ces mêmes droits ? » Avec en point d’orgue de son intervention, ce constat imparable que devrait méditer l’ensemble ou presque des dirigeants de la planète : « Dès que l’être humain comprend que la démocratie est possible, elle lui devient aussitôt indispensable, comme la liberté. À partir de là, nul dictateur ne peut plus rien contre elle, quand bien même il en serait contraint à réduire son peuple tout entier. Car dès qu’il ne meurt pas de faim, l’être humain doit déjà s’occuper de bâtir la démocratie, sans attendre d’avoir le ventre plein, quand bien même il ne saurait pas très bien lire : car il n’est nul besoin de savoir lire pour comprendre en quoi consistent la liberté, la dignité et la justice ».
Le premier à avoir pris la parole au cours de la séance inaugurale, à laquelle assistaient entre autres les ambassadeurs français, Philippe Lecourtier, et américain, Vincent Battle, a été le chef de la délégation de la Commission européenne au Liban, Patrick Renauld. Qui a d’abord remercié Ghassan Salamé d’avoir organisé ce colloque « qui prend, en quelque sorte, le...