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Actualités - OPINION

Bkerké a apporté un concours discret Rapprochement en vue avec Baabda

Toutes les apparences, mais seulement les apparences, d’un paradoxe : selon des sources opposantes et néanmoins fiables, Bkerké s’efforce aujourd’hui de rapprocher la Rencontre de Baabda, les deux étant plus ou moins brouillés à cause de la MTV. Pourquoi un paradoxe ? demandera-t-on. Parce qu’il est généralement admis que Kornet Chehwane et le patriarcat maronite, c’est tout un ou presque. Qu’ils sont consubstantiels. Ou, si l’on préfère les références théologiques, et avec tout le respect dû au sacré, représentent une même nature en deux personnes (morales). Cette définition est cependant fondamentalement erronée. Car il s’agit bien de deux natures essentiellement différentes, qui ne doivent du reste pas se mélanger : le spirituel et le politique. Le cardinal Sfeir n’a jamais cessé de mettre l’accent sur ce nécessaire distinguo. Le prélat éclaire peut-être la politique, en partant d’une foi qui englobe l’amour de la patrie, mais il n’en fait pas, au sens professionnel du terme. C’est bien pourquoi Kornet Chehwane, instrument conçu pour traduire dans le concret détaillé une vision générale, a pris corps. Il n’est donc pas étonnant que dans les actes, comme dans la réflexion, l’identité ne soit pas totale. D’autant que, par définition, un club politique peut se livrer à des exercices tactiques, c’est même recommandé, alors qu’un siège patriarcal s’interdit par vocation de sortir d’un cadre purement stratégique. Pour en revenir aux faits, certains éléments influents de Kornet Chehwane ont prêté le flanc ces derniers temps à d’innombrables critiques fusant de tous les horizons. Et provenant même parfois de leurs propres collègues. On leur reproche d’avoir lancé le bouchon trop loin, d’avoir fait monter la pression politique au sujet des libertés comme des relations avec le pouvoir. Ce qui a eu pour effet de provoquer des tensions sur divers fronts et de vives réactions flirtant dangereusement avec le confessionnalisme. Bref, ils sont accusés d’être à l’origine d’une escalade dont le pays, économiquement fragilisé, se serait volontiers passé. Bien entendu, c’est surtout la petite phrase assassine du communiqué de KC relative à « l’inutilité du dialogue » qui hérisse le plus fortement les loyalistes du dessus du panier. Ils la ressentent d’abord comme l’expression d’un mépris offensant. Puis comme un coup, indirect mais sévère, porté aux importants acquis que le Liban compte tirer du sommet de la francophonie. Dans ce sens que les invités vont se retrouver dans un climat intérieur tendu, qui risque de les mettre mal à l’aise. Ou, pire, de les faire ricaner sous cap, le prestige de l’État libanais en sortant écorné. Volontiers manichéens, les loyalistes se dépeignent comme de preux chevaliers blancs en réservant aux opposants le rôle de vilains moutons noirs. Ils soutiennent en effet, et en substance, qu’au moment où les responsables tentent de promouvoir les intérêts bien compris des Libanais, en préparant la réussite du sommet, l’opposition cherche au contraire à en provoquer l’échec. En ne se souciant que de marquer des points, d’accroître ses capacités de nuisance par rapport au pouvoir, sans tenir compte des retombées préjudiciables au pays. Allant plus loin dans le procès d’intention ou le jugement de valeur, les loyalistes soutiennent que leurs adversaires n’hésiteraient pas à faire bouger la rue, à porter l’escalade à son maximum, lors du sommet, pour discréditer l’État aux yeux de ses hôtes étrangers, dont certains sont de potentiels donateurs. Ils en veulent comme preuve les menaces opposantes de démissions de députés et de directeurs généraux, d’insubordination civique et autres mesures d’une contestation agitatrice. En oubliant de préciser que cet assortiment de douces promesses accompagne un « si » capital : si la MTV reste fermée et si les libertés ne sont pas mieux garanties. En pratique, il est peu probable que le dossier ne soit pas clos, d’une façon ou d’une autre, avant le 18 octobre, date du sommet. Quoi qu’il en soit, il convient de souligner que beaucoup de modérés, de neutres ou d’indépendants, sans être aussi vifs ou hargneux que les loyalistes cités, pensent que les éléments de Kornet Chehwane en question ont fait montre d’un peu trop de mordant. Il y a le rejet du dialogue, il y a les menaces d’escalade évoquées plus haut et il y a la lettre ouverte de Gabriel Murr au président. Cela fait beaucoup pour un pays qui craint les débordements. Et préfère ces accommodements dits de compromis qui permettent à tout un chacun, sinon d’obtenir tout ce qu’il veut, du moins de sauver la face. Ces sources ajoutent que le moment leur paraît mal choisi, inopportun, dans l’optique de défense où à leur avis Kornet Chehwane devrait se placer. C’est-à-dire que le groupe, selon ces personnalités, ne s’est pas encore dégagé tout à fait, malgré sa campagne d’explications à l’Ouest, des séquelles du manifeste brûlot de Los Angeles, qui l’ont fait taxer de boutefeu sectaire. Et ne s’est pas non plus tout à fait dépatouillé de ses liens avec les radicaux aounistes, les « exaltés » qui n’hésitent pas à soutenir le Syria Accountability Act. Et de rappeler ensuite que pour beaucoup d’observateurs, la grande visite de Kornet Chehwane à Baabda avait notamment pour but de remercier le chef de l’État pour sa défense contre ceux qui traitaient le groupe de traître. Ces mêmes modérés observent ensuite que la soudaine attitude réfractaire de Kornet Chehwane est étonnante dans la mesure où, durant le même entretien, la Rencontre avait beaucoup pressé le chef de l’État de parrainer un dialogue national. Sur ce point, on le sait, les opposants ont commencé à virer de cap. En expliquant, laborieusement, qu’en qualifiant le dialogue d’inutile, ils voulaient dire pour le moment seulement. Et que les coups reçus à travers la MTV les ont amenés à penser qu’en fait c’est l’autre partie qui ne voulait plus dialoguer. Quant à eux, concluent-ils, ils sont prêts à reprendre les échanges, pour peu que les intentions soient bonnes en face et qu’on fasse un geste au sujet de la MTV. Pour tout dire, on attend maintenant de voir qui va faire le premier pas. En effet, du côté des loyalistes, on indique que le chef de l’État n’est pas disposé à s’engager dans la supervision d’un dialogue qui serait refusé par des parties déterminées. Il faut donc trouver un scénario de dégagement. Dans l’esprit de compromis évoqué plus haut, certains proposent que les députés de Kornet Chehwane, qui ont parlé de rendre leur tablier, mettent leur démission entre les mains du patriarche Sfeir. Ce qui serait une façon élégante d’y renoncer. Le cardinal entrerait alors en ligne avec Baabda, un nouveau rendez-vous serait accordé à la Rencontre. Qui proclamerait ensuite son entière confiance dans l’arbitrage impartial du chef de l’État, guide du dialogue national. En reconnaissant pour conclure que le dossier de la MTV doit rester uniquement judiciaire. Après quoi la chaîne serait rouverte. Philippe ABI-AKL
Toutes les apparences, mais seulement les apparences, d’un paradoxe : selon des sources opposantes et néanmoins fiables, Bkerké s’efforce aujourd’hui de rapprocher la Rencontre de Baabda, les deux étant plus ou moins brouillés à cause de la MTV. Pourquoi un paradoxe ? demandera-t-on. Parce qu’il est généralement admis que Kornet Chehwane et le patriarcat maronite,...