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Actualités - OPINION

Beyrouth, mi-figue mi-raisin vis-à-vis de Washington

Drôle de similitude, ou de vase communicante, entre le pétrole de Saoud (désormais tête nue, et en complet-veston occidental !) et le Wazzani de Hammoud. Deux diplomaties, arabes, qui se rapprochent subrepticement de Washington, tout en gardant apparemment leurs distances. Par rapport, évidemment, au big bang qui s’annonce du côté de Babel (à la tour polyglotte), avec le concours de Big Ben, autre tour à coups sonnants. L’heure H, comme la bombe, se rapproche en effet à grands pas. Et si les uns et les autres critiquent encore, du bout des lèvres, le bellicisme, l’unilatéralisme US, ils commencent tous par se retourner contre Saddam. En le pressant, comme Amr Moussa, de se soumettre enfin aux arrêtés de l’Onu. Ryad va plus loin, puisque son ministre des Affaires étrangères indique qu’en cas de nouvelle résolution onusienne fixant une échéance à partir de laquelle la guerre serait permise, son gouvernement s’y rallierait de suite. Ce qui laisse entendre que, contrairement aux déclarations antérieures du régent Abdallah, une fois de plus les Américains pourraient se servir de leurs bases dans le Golfe contre un régime arabe (le même, d’ailleurs). Du côté du Liban, comme l’a fait Hariri à Paris, on se dit plus éloigné de ce dossier brûlant. Mais, toujours comme Hariri, on avoue son inquiétude quant aux retombées régionales ou locales d’une frappe US en Irak. Et, cette fois sans le dire, on pense que ce n’est pas le moment du tout de titiller, d’indisposer les Américains. C’est ce qui explique que l’on a accepté leur arbitrage dans l’affaire du Wazzani, tout en répétant, pour la bonne règle, que seules les Nations unies peuvent trancher juridiquement sur le fond. Tout à fait à l’image, répétons-le, de la position arabe concernant l’Irak, la Ligue répétant que toute action doit se faire, ou non, sous couverture de la légalité internationale. Quoi qu’il en soit, c’est en pratique aujourd’hui que démarre l’initiative US concernant le Wazzani. Washington dépêche en effet à Beyrouth le chef expert hydraulicien de son département d’État, Richard Larsen. Il doit, comme ses collègues déjà sur place, inspecter les travaux sur le fleuve, affluent du Jourdain. Et conférer avec les spécialistes de son pays arrivés avant lui, venant de Jordanie. L’équipe rédigera en bout de course un rapport technique circonstancié, destiné à Colin Powell. Qui en fera un résumé pour Bush, le président devant lui-même signifier en principe aux autorités israéliennes son jugement (de Salomon). Toujours en principe, les Américains vont donc fixer dans les prochains jours les quotas, en millions de mètres cubes, que le Liban est autorisé à prélever sur le Wazzani pour alimenter en eau potable une vingtaine de villages du secteur de Marjeyoun. Cependant, les officiels à Beyrouth, qui tiennent à leur version onusienne, soutiennent que les visites des Américains ne sont qu’exploratoires, visant à l’apaisement de la tension. Ajoutant qu’il n’est question ni de renoncer aux droits du Liban en pompage, ni de se soumettre aux chiffres US, sauf s’ils sont repris par l’Onu. En tout cas, l’intervention US survient, rappelons-le, après de sévères menaces du gouvernement israélien qui a été jusqu’à voir dans les ponctions libanaises un casus belli. Bien évidemment, les États-Unis ne veulent pas qu’au moment où ils fourbissent leurs armes contre Saddam un front s’ouvre soudain au bas de la carte régionale et les détourne de leur objectif. Ils se sont donc précipités pour jouer les pompiers. Tout comme ils pressent le mouvement de règlement du côté des Territoires, avec le concours de ce que l’on appelle le quartette qui englobe à leurs côtés la Russie, l’Onu et l’Europe. Ce groupe devrait, selon des sources diplomatiques libanaises, mettre au point un arrangement d’ici à quelques petites semaines. Pendant le même court délai, à la fois vague et précis, que Bush et Condoleeza Rice laissent à l’Onu pour se ranger derrière leur bannière (étoilée), au sujet de Saddam. Philippe ABI-AKL
Drôle de similitude, ou de vase communicante, entre le pétrole de Saoud (désormais tête nue, et en complet-veston occidental !) et le Wazzani de Hammoud. Deux diplomaties, arabes, qui se rapprochent subrepticement de Washington, tout en gardant apparemment leurs distances. Par rapport, évidemment, au big bang qui s’annonce du côté de Babel (à la tour polyglotte), avec le concours de Big...