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Sud - Israël doute de l’intention du Liban de se contenter d’un volume de pompage de 9 millions de mètres cubes Les États-Unis s’activent pour éviter une crise sur le Wazzani(photo)

À la veille de l’arrivée au Liban d’un responsable du département d’État américain, Richard Larsen, spécialiste des affaires de l’eau, pour inspecter les travaux effectués par le Liban sur la rivière Wazzani, les États-Unis affirment vouloir jeter leur poids dans la balance pour éviter que le litige libano-israélien sur les eaux de cette rivière ne se développe en crise. Beyrouth, de son côté, continue de soutenir que le volume d’eau impliqué reste en deçà des quantités qui lui reviennent de droit, alors qu’Israël affirme douter des intentions libanaises. S’exprimant en marge des travaux de l’Assemblée générale des Nations unies, à New York, le secrétaire d’État américain, Colin Powell, a indiqué avoir eu un entretien, hier en matinée, avec son homologue israélien, Shimon Peres, sur la question du Wazzani. « Nous avons envoyé des experts américains sur place pour examiner la situation et la nature du détournement effectué sur les eaux de la rivière », a déclaré M. Powell, en référence à la mission américaine conduite par l’hydrologue Jim Frenkovitch, venue lundi de Jordanie et qui a inspecté le même jour les lieux en présence de plusieurs responsables libanais. « Nous allons envoyer d’autres experts qui auront pour tâche d’établir si les travaux effectués sont conformes aux règles et accords internationaux en vigueur », a-t-il ajouté, précisant qu’il s’attendait à des conclusions « dans un proche avenir ». Ces experts, conduits par M. Larsen, sont attendus aujourd’hui au Liban. « Nous comprenons les inquiétudes soulevées par cette affaire et nous ne voulons pas voir une crise se développer autour d’un détournement des eaux » du Wazzani, a conclu le secrétaire d’État. Le Liban et Israël avaient accepté de confier aux États-Unis une mission d’« établissement des faits » sur ce dossier à la suite des menaces de guerre lancées la semaine dernière par le Premier ministre israélien Ariel Sharon. Ce dernier avait souligné que le détournement par le Liban des eaux du Wazzani, affluent du Hasbani qui se jette lui-même dans le lac de Tibériade, serait considéré par l’État hébreu comme un casus belli. Toutefois, Beyrouth, qui affirme que les travaux en cours, destinés à alimenter en eau potable une vingtaine de villages assoiffés de la région, ne constituent nullement un détournement des eaux de cette rivière, refuse d’assimiler la mission américaine à une médiation et estime que seules les Nations unies sont habilitées à trancher en dernier ressort le litige. Le Liban n’est cependant pas opposé à ce que les conclusions auxquelles parviendront les experts américains soient prises en compte, en cas de litige persistant, par l’Onu. 50 millions de mètres cubes En tout état de cause, tant des experts que des responsables israéliens affirment ne pas croire à l’intention du Liban de se contenter de 9 millions de mètres cubes d’eau par an si le projet est mené à bien. « C’est un acte grave, car ils envisagent de pomper bien plus d’eau que celle qui est nécessaire pour les villages de la région du Wazzani », a déclaré hier le ministre israélien de la Défense, Binyamin Ben Eliezer. Selon Beyrouth, le Liban consomme actuellement 7 millions de m3 d’eau par an du Hasbani et de son affluent et entend, grâce aux travaux entamés, élever cette part à 9 millions de m3 par an. Un expert libanais avait évoqué lundi un maximum de 10 millions de mètres cubes. « Les Libanais mentent quand ils disent qu’ils vont se contenter de 9 millions de mètres cubes. Rien qu’à voir la taille des canalisations qu’ils utilisent, il est évident qu’ils vont pomper de quatre à cinq fois plus d’eau, pour arriver à 50 millions de m3 par an », affirme Dan Zaslavsky, professeur en hydrologie à l’Institut de technologie de Haïfa, dont les propos sont rapportés par l’AFP. Le directeur de la compagnie israélienne des eaux Mekorot, Uri Saguy, estime lui aussi que le Liban entend, au bout du compte, pomper 50 millions de m3. « C’est une action unilatérale, une dialectique de crise », a-t-il déclaré à la radio publique israélienne. Pour les Israéliens, la décision libanaise constitue une « violation » du droit international, qui établit qu’un État « dans lequel se trouvent les sources d’un fleuve ne peut pas priver un autre État, qui se trouve en aval, de recevoir cette eau », selon les termes de M. Saguy. Mais selon l’analyste militaire du quotidien israélien Haaretz, Zeev Schiff, la réaction d’Israël ne sera pas dictée par les seules considérations hydrauliques. « L’élément fondamental dans la réaction israélienne sera la volonté de ne pas enflammer la région à la veille d’une possible campagne militaire américaine contre l’Irak, et plusieurs responsables estiment qu’Israël doit s’empêcher de prendre des mesures à la frontière nord qui pourraient entraîner un conflit militaire », écrit-il. Toujours est-il que la question de l’eau est extrêmement sensible en Israël, qui a déjà, par le passé, eu recours à l’armée pour régler ce genre de problèmes. Le lac de Tibériade est le principal réservoir d’eau douce de l’État hébreu, qui pompe également de l’eau dans deux nappes phréatiques, dont l’une se trouve en Cisjordanie. Dans le même temps, Israël consomme 150 millions de m3 de ses rivières, dont 50 millions du seul Hasbani, soit environ 10 % de sa consommation totale annuelle d’eau. Il y a un an, le niveau du lac de Tibériade se trouvait au-dessous de la limite inférieure de la cote d’alerte. « Aujourd’hui, nous avons atteint une situation tout à fait critique, en raison de l’absence de pluies », explique le porte-parole de l’office des eaux israélien, Uri Shor. En 1964, les pays arabes avaient décidé de détourner les sources du Jourdain, qui coule en Israël. Des travaux de détournement avaient alors été entamés au Liban, sur le Hasbani, en Syrie et en Jordanie. Considérant une telle diversion comme un casus belli, Israël avait lancé une offensive militaire, impliquant l’artillerie et l’aviation, contre ces chantiers. En 2001, Israël s’était déjà alarmé des intentions libanaises, mais le Liban avait obtenu le soutien de l’Onu.
À la veille de l’arrivée au Liban d’un responsable du département d’État américain, Richard Larsen, spécialiste des affaires de l’eau, pour inspecter les travaux effectués par le Liban sur la rivière Wazzani, les États-Unis affirment vouloir jeter leur poids dans la balance pour éviter que le litige libano-israélien sur les eaux de cette rivière ne se développe en crise....