Des instances spirituelles appellent Baabda à promouvoir l’entente

Un vœu, naturellement pieux mais pressant, d’un dignitaire religieux : que le président Émile Lahoud arbitre, en père de famille, les différends entre les protagonistes locaux. Pour les réconcilier, sans parti pris. Ce pôle spirituel fustige ensuite les clivages intérieurs de toutes sortes, qu’il trouve suicidaires à un moment où la région tout entière risque d’imploser. Il précise dans ce cadre qu’il est absurde de voir les Libanais se diviser, se quereller autour de la fermeture de la MTV. Ou même au sujet du congrès de Los Angeles ainsi que du Syria Accountability Act, le débat s’articulant autour de la souveraineté, de l’indépendance, de la tutelle. Et la polémique portant même sur le dialogue, s’il doit être conditionnel ou non. Bref, tout est bon aux Libanais pour pinailler, pour s’affronter sur des choses relativement petites ou qui risquent d’être vite dépassées. Au lieu de s’unir pour faire face aux redoutables échéances du proche avenir. Pour cette personnalité, il est clair que l’État a aujourd’hui le devoir, tout à fait impératif, de promouvoir une vraie solidarité nationale. En commençant lui-même par se montrer solidaire de tous, c’est-à-dire en renonçant aux politiques de discrimination. Pour rassembler sous son aile tout le monde. Même ceux qui lui paraissent dévier de la juste ligne et qu’animent sans doute de forts ressentiments, dus aux injustices, voire aux oppressions, subies ces dernières années. Le dignitaire religieux répète ensuite son appel à l’unité intérieure, pour parer aux retombées d’une frappe américaine contre l’Irak. Pour lui, l’heure n’est même plus à la discussion sur la présence militaire syrienne, au moyen de récupérer Chebaa, au rôle de la Résistance, ou à la situation dans les camps palestiniens. Et encore moins à un bras de fer au sujet de la MTV découlant d’une vindicte électorale. Car pendant que les Libanais se focalisent sur de telles vétilles, d’autres peuvent en profiter pour qu’en fin de compte ce pays paie les pots cassés dans la région, et qu’il reste indéfiniment sous tutelle, tandis qu’Israël y assouvirait ses visées territoriales ou hydrauliques. La personnalité religieuse citée redit ensuite que l’État doit fermement assumer ses responsabilités à l’égard de la réunification des rangs intérieurs. Pour être en mesure de faire face aux périls qui pointent à l’horizon ainsi qu’à leurs conséquences sécuritaires, politiques ou économiques. Le pôle souligne, dans le même esprit, qu’il ne suffit pas que les dirigeants soient enfin sur une même longueur d’onde et qu’ils doivent étendre cette harmonie retrouvée à l’ensemble du paysage local, depuis la base populaire jusqu’au sommet des leaderships. En précisant ensuite que, du reste, l’entente n’est pas absolument parfaite dans les allées du pouvoir, où les luttes de rapports de force et d’influence se poursuivent dans les coulisses. Ce qui se répercute sur le climat général, qui manque de stabilité. Le dignitaire religieux relève encore qu’une guerre en Irak peut produire localement plusieurs effets pervers, dont la marginalisation accentuée des minorités. Il réitère son appel au chef de l’État afin qu’il se tienne au-dessus des litiges pour arbitrer. Et pour promouvoir un dialogue général. En vue d’une entente nationale véritable, en base d’une réconciliation authentique de tous avec tous, à l’intérieur comme en dehors du pouvoir. Avec le concours du pont établi avec Bkerké. Et de conclure en estimant que Baabda doit savoir dépasser les rancœurs, ouvrir une page de tolérance sinon de pardon, de compréhension et d’ouverture sur tous. Émile KHOURY