ARCHÉOLOGIE - 2000 ans d’histoire au cœur d’un village antique Les trésors de Chéhim exposés au palais de Beiteddine jusqu’au 14 octobre(photos)

Depuis 1996, les fouilles intensifiées du site archéologique de Chéhim, Iklim al-Kharroub, ont permis d’étaler au grand jour les splendides secrets de Rome ou de Byzance. Un temple de style corinthien érigé au IIe siècle, une basilique à trois nefs datant de 498, au sol entièrement pavé de mosaïques polychromes à motifs figurés, géométriques et floraux; un quartier d’habitation avec ses ruelles et ses huileries à double pressoir dont deux complètes ont été dégagés. Quelques fragments de ces images de beauté et d’abondance sont exposés au musée du palais de Beiteddine, et plus précisément dans la salle Rachid Karamé où défilent « 2000 ans d’histoire d’un village antique du Liban ». Des panneaux de mosaïques byzantines (une lionne en mouvement, deux gazelles avec le calice et deux oiseaux) ; une « balance romaine », en bronze, du VIe siècle ; des éléments de pressoir comme les deux orbes du broyeur en calcaire local (période romaine) ; le fragment d’un pithos, en terre cuite (période byzantine) ; des monnaies en bronze de Ptolémée II (271-246 avant J-C), de Théodose (383 après J-C), et celles de Phocas (602-610 après J-C) découvertes dans le tombeau du narthex de la basilique ; une statuette d’un dieu trônant, en bronze, datant de l’âge du fer ; des clous ; des anneaux de fixation ; des couvre-joints en terre cuite ; des tuiles régulaires de la période byzantine ; quatre fragments de polykandelon, en bronze ; des lampes à huile ; des fragments architecturaux du temple romain; de la poterie hellénistique récemment mise au jour ; et trônant au milieu de ces objets archéologiques, la maquette de la basilique byzantine. Au menu également, un CD-Rom stockant toutes les données du parc archéologique de Chéhim, du projet de sa conservation et de sa mise en valeur. En effet, si, à l’intérieur du site, se dessine déjà un chemin naturel qui mènera le visiteur vers la basilique, le temple ou le village qui renferme des habitations et une huilerie en parfait état de conservation, comme l’ indique Mme Renata Tarazi, chef de la section Mont-Liban de la Direction générale des antiquités (DGA), « l’effort doit être mis dans la consolidation des structures et la protection des vestiges exposés aux intempéries », dit-elle. Aussi, la DGA prévoit-elle, côté basilique, la construction d’une toiture (métal ou verre) protégeant les structures de l’édifice ainsi que l’installation d’une passerelle permettant de visiter l’église sans marcher sur les mosaïques. Chapitre huilerie, on envisage la construction d’une toiture totale ou périphérique ainsi que la reconstitution des principales installations du pressoir où seuls les éléments en bois manquent. Au programme également, une plate-forme métallique servant de belvédère qui offrirait une vue sur la basilique et sur l’ensemble du site. Un circuit touristique accompagné d’une signalétique. Une salle d’exposition où seront présentés les objets trouvés au cours des fouilles. Une structure d’accueil à l’entrée du site, une billetterie et une boutique. Un bâtiment, situé à l’est du site, abritera les bureaux administratifs. Rappelons que les recherches menées à Chéhim, premier site rural exploité de façon systématique par les archéologues, « ont permis de mieux comprendre certains aspects de l’histoire du Liban dans une région jusque-là méconnue des archéologues ». Signalons enfin que sous l’impulsion tripartite de la Direction générale des antiquités, de l’Université de Varsovie et de l’Institut français d’archéologie pour le Proche-Orient, les excavations se poursuivent. Des traces d’occupation de l’époque hellénistique ont été récemment repérées sous les fondations du temple romain. Chéhim n’a pas fini de dévoiler la mémoire des dieux. May MAKAREM