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Actualités - CHRONOLOGIE

Liban-Sud - Beyrouth insiste sur le caractère « technique » de la mission US Les experts américains à pied d’œuvre sur le Wazzani(photo)

Les États-Unis ont entamé hier, avec l’accord de Beyrouth et de Tel-Aviv, une mission d’« établissement des faits » destinée à désamorcer la crise suscitée par les menaces israéliennes de guerre au sujet des travaux effectués par le Liban pour accroître le volume de pompage des eaux de la rivière Wazzani. Une délégation américaine a commencé sur place une enquête technique sur le projet libanais visant à capter une partie des eaux du Wazzani pour alimenter en eau potable une vingtaine de villages du Liban-Sud qui en sont dépourvus. La mission est arrivée en milieu de matinée près de la source du Wazzani, où sont plantés des drapeaux du Liban et du Hezbollah, dans des véhicules de l’ambassade des États-Unis escortés par une unité de l’armée libanaise. De source officielle libanaise, on précise que la délégation est venue de l’ambassade des États-Unis à Amman. Comprenant un expert en hydraulique, Jim Frenkovitch, elle a inspecté pendant près d’une heure et demie les nouvelles canalisations installées par les autorités libanaises, qui ne sont pas encore opérationnelles, ainsi que celles, plus anciennes, utilisées par les habitants du village frontalier de Ghajar, sous contrôle israélien. La délégation était accompagnée notamment du directeur général de l’Eau au ministère de l’Énergie et de l’Eau, Fady Comair, du directeur général du Litani, Nasser Nasrallah, de celui du Conseil du Sud, Hachem Haïdar, du conseiller du Premier ministre pour la reconstruction, Fady Fawaz, ainsi que des ingénieurs du Conseil du développement et de la reconstruction. Aucune déclaration n’a été faire par les membres de la mission américaine. Quant à M. Haïdar, il a indiqué à la presse à l’issue de la tournée que la partie libanaise a expliqué aux Américains que, « contrairement aux allégations israéliennes, le Liban ne se livre pas à un détournement des eaux de la rivière et que, d’autre part, le volume d’eau concerné est nettement inférieur à la quantité à laquelle il a naturellement et légalement droit ». « Nous sommes prêts à présenter à la partie américaine tous les documents écrits nécessaires », a, en outre, déclaré M. Haïdar. De son côté, le service d’information de l’ambassade des États-Unis à Beyrouth a indiqué que le Liban et Israël avaient accepté l’envoi d’une mission américaine d’« établissement des faits » sur place. L’ambassade a ajouté que les États-Unis « travaillent sur ce dossier en coopération avec les deux gouvernements » et qu’« une (deuxième) mission technique américaine doit se rendre sur place au cours de la semaine ». Un membre de la délégation libanaise actuellement à New York pour les travaux de l’Assemblée générale de l’Onu a confirmé qu’un expert dans le domaine des eaux au département d’État américain, Richard Larsen, était attendu mercredi au Liban. L’envoi d’une mission américaine au Liban fait suite à des entretiens sur ce dossier entre le ministre des Affaires étrangères, Mahmoud Hammoud, et le secrétaire d’État américain, Colin Powell, et avec le secrétaire général des Nations unies, Kofi Annan, à New York. Selon une source officielle libanaise, le Liban refuse cependant que la mission américaine revête l’aspect d’une « médiation ». « S’il y a conflit, il devrait être réglé dans le cadre des Nations unies en conformité avec les conventions internationales », a-t-on ajouté de même source. « Le Parlement a ratifié le 13 mars 1999 la convention de l’Onu sur le partage des eaux, contrairement à Israël », a rappelé un haut fonctionnaire du ministère de l’Énergie et de l’Eau, sous couvert d’anonymat. Ce responsable a expliqué que cette « convention sur le droit relatif aux utilisations des cours d’eau internationaux à des fins autres que la navigation », qui date de 1997, stipule « non pas des pourcentages, mais des paramètres pour un partage équitable ». L’équité consiste donc à calculer les quotas en fonction des terrains irrigables le long du cours d’eau. Toutefois, l’article 3 du document précise qu’« à moins que les États se partageant un cours d’eau en aient convenu autrement, la présente convention ne modifie en rien les droits ou les obligations résultant d’accords en vigueur ». Or, si aucun accord n’a été passé entre Israël et le Liban, il existe un texte avec une répartition chiffrée, l’accord Johnston (du nom d’un ambassadeur extraordinaire américain, Eric Johnston) de 1955, portant sur le bassin du Jourdain, dont font partie le Hasbani et son affluent le Wazzani. Les États arabes ne l’ont pas ratifié pour ne pas reconnaître ainsi de facto Israël mais en connaissent bien les quotes-parts : 400 millions de m3/an pour Israël, 720 millions de m3/an pour la Jordanie, 132 millions de m3/an pour la Syrie et enfin 35 millions de m3/an pour le Liban. Selon le même haut fonctionnaire, le nouveau prélèvement opéré par le Liban dans la source du Wazzani mettrait le total « à moins de 10 millions de m3/an », alors que le débit du Hasbani est de 150 millions de m3, dont un tiers provient du Wazzani. Les travaux menés actuellement par le Liban sont destinés à installer un réseau d’adduction de 16 km de long. Le Premier ministre israélien, Ariel Sharon, a affirmé le 10 septembre qu’un détournement des eaux par le Liban constituerait un casus belli pour Israël. Il a indiqué que son pays avait alerté les États-Unis à ce sujet, menaçant le Liban d’une opération militaire si ce dernier mettait à exécution un projet de pompage du Wazzani. Le président Émile Lahoud a répliqué samedi que la décision d’exploiter les eaux du Wazzani était « définitive et irréversible » en dépit des avertissements israéliens. Quant au Hezbollah, il a menacé l’État hébreu de rétorsion immédiate en cas d’attaque.
Les États-Unis ont entamé hier, avec l’accord de Beyrouth et de Tel-Aviv, une mission d’« établissement des faits » destinée à désamorcer la crise suscitée par les menaces israéliennes de guerre au sujet des travaux effectués par le Liban pour accroître le volume de pompage des eaux de la rivière Wazzani. Une délégation américaine a commencé sur place une enquête...